Survivre

Le fief de l'Ost Pourpre en Draenor, nommé en hommage à un ancien officier de l'ordre
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Grita
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Re: Survivre

Message par Grita »

Grita était revenue dans le camp de fortune, plusieurs jours auparavant, pour récupérer son armure, oubliée au fin fond de ce qui lui avait servi d'abri pour une nuit glaciale. Une fois séchés, les gants, bottes, plastron... étaient de nouveau comme une seconde peau pour la paladine, qui appréciait leur relative sécurité. Mais malheureusement, elle n'avait toujours pas récupéré d'arme. Le peu de soldats qui étaient encore au camp n'avaient au mieux que leur arme de service, et il était hors de question de priver l'un d'entre-eux du seul moyen de se défendre sur ces terres hostiles. Grita partit un matin avec une patrouille sur la plage. A ce qui se disait au camp, on y trouvait souvent des tas de choses rejetées par la mer, pourquoi pas une arme ? La paladine emboîta le pas aux éclaireurs et se rendit sur la grève. Elle y dénicha une grosse mâchoire et une longue branche solide. Avec une lanière de cuir de ses spallières, elle confectionna, sous le regard mi-amusé mi-attendri de la patrouille, une arme de fortune et la pointa bien haut vers le ciel en murmurant une ode à la Lumière. Et puis tout le monde rentra au camp.
Mais sur le chemin du retour, stupeur, Grita reconnut un visage, qu'elle ne pensait plus jamais revoir. Une ancienne connaissance - oserait-elle dire un bon ami - qui marchait l'air un peu absent, comme perdu : Korto. Bonjour un peu gêné, chacun ayant espéré que l'autre soit resté en Azeroth, et puis Korto apprit à Grita qu'un bataillon mené par Aurys en personne venait de passer en trombe juste devant lui, en direction de la forêt. Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour et elle se précipita, l'aventurier collé à ses basques, au camp.
Elle avisa la Connétable qui, au milieu de quelques hommes, gesticulait en indiquant les portes et les palissades. Grita fit un salut impeccable et vint s'enquérir de ce qui se passait de si grave pour que tous soient revenus aussi vite et sans prévenir. La réponse fut brève : des orcs ombrelune, dérangés dans leurs rituels lors de la récupération d'un écuyer perdu, venaient se venger sur le camp. Aussitôt, la paladine rejoignit les forces de défense des portes, auprès de Ser Lutgardis, Dame Edenholme et d'autres qu'elle connaissait moins. Mais les ombrelune balayèrent rapidement les défenses magiques posées sur les portes, à l'aide de projectiles chargés d'Ombre. Des créatures issues du Néant Distordu franchirent les lignes, Grita s'interposa, épaulée par plusieurs défenseurs, repoussant la première vague. Et puis il y eut une explosion, et la porte vola en éclat, projetant tous ceux qui étaient derrière à terre. Le visage ensanglanté, la paladine mordit la poussière. Elle rampa de côté pour tenter d'éviter au mieux la seconde explosion, qui acheva de transformer la porte en allumettes. Puis se releva, essuyant de ses yeux la terre et le sang comme elle pouvait.
La bataille rangée commença, Grita asséna de son arme improvisée des coups sur les têtes, de ci, de là, gênée par la longueur du bâton auquel elle n'était pas habituée. Un orc passa sous sa garde et lui flanqua son bouclier rempli de grosses pointes d'acier en plein visage, l'obligeant à reculer, la sonnant à moitié. C'est le moment que choisit un invocateur ombrelune pour frapper. Il planta la pointe de sa longue et fine épée sous le plastron de la jeune femme et appuya de toutes ses forces. Grita blêmit, se figea, et finit par lâcher son arme. La lame s'enfonça profondément dans son flanc. L'ombrelune souriait de toutes ses mauvaises dents et appuya encore un peu plus. Grita tomba mais dans sa chute elle saisit le cou de son adversaire entre ses mains gantées et, la terreur et la rage aidant, elle serra, serra... elle vit des étoiles danser devant ses yeux, sa vision devenir floue... dans un râle elle sombra dans l'inconscience et lâcha l'orc, qui avait sans doute déjà rendu l'âme.
Une silhouette immense se matérialisa dans son dos, l'appela. C'était Elisabelle. Sans réponse de sa part elle la tira loin du champ de bataille, jusqu'à l'infirmerie de fortune. Telle une poupée de chiffon, la jeune femme fut posée sur une table, la longue épée toujours profondément plantée dans les chairs. Elle ne réagit guère que par des hurlements de douleur lorsque, après l'extraction de la lame par Solyn, ce fut Lomah qui cautérisa la plaie. Et puis elle sombra à nouveau dans l'inconscience. Même après qu'Elisabelle ait tenté de la réveiller avec une gorgée d'alcool. Rien ne pouvait la ramener à cet instant. Alors Korto veilla sur elle... toute la nuit.
Au petit matin, Grita ouvrit un oeil. Korto dormait, la tête posée sur la table. Elle se surprit à éprouver de la compassion pour cet homme qui, au final, la connaissait peu. Elle tenta de se redresser mais la douleur la cloua sur ses coussins. Serrant les dents, elle regarda autour d'elle. Des blessés gisaient sur les lits, certains soldats dormaient à même le sol, leurs traits tirés trahissant leur épuisement. Alors Grita referma les yeux et se concentra sur la Lumière. Elle avait survécu jusque là, il allait falloir survivre encore, et encore, jusqu'à trouver un moyen de rentrer chez soi. Et pour cela, elle aurait vraiment besoin de la Lumière...
"Never send a man to do a woman's job" Vivian Wood (Charlie's Angels)

Elisabelle
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Re: Survivre

Message par Elisabelle »

Dormir.

Les forces lui échappaient. Elle devait dormir. Mais alors même que la pensée se formait dans son esprit, le rassemblement fut crié.

Plus tard. Elle dormirait plus tard.

Elisabelle rejoignit ses compagnons, puisant dans les réserves de plus en plus minces d'énergie pour faire bonne figure. On leur expliqua la situation. Les Orcs allaient se venger de leur expédition. Ils se dirigaient vers le camp de base de l'Alliance. Ils allaient massacrer les rescapés désarmés et sans protection. Il fallait les secourir.

Protéger. Encore et toujours. Jusqu'au bout.

Cette certitude de devoir faire son devoir donna à la draenei la force pour suivre ses frères d'arme jusqu'à un rocher plat. Là, les mages du groupe, ou ceux qui avaient quelques dispositions en la matière, encerclèrent les autres et incantèrent leur sortilège. Une téléportation. Magnifique, encore de la magie…

Vertige. Cette sensation de ne plus exister et, en même temps, de sentir chaque parcelle de son corps. Nausée. Le monde disparaît pour une courte mais infinie éternité. Compter chaque battement de son coeur jusqu'à la fin. Mais il n'y eut qu'un seul battement. Et puis de nouveau, cet air. L'air qui vous fait défaut au point que vous croyez mourir asphyxié, mais qui, en fait, n'a pas disparu plus d'une seconde.

La magie avait toujours produit un effet détonnant sur Elisabelle. Sa fatigue et ses blessures n'arrangeaient rien. Elle tomba au sol au moment même où ses sabots touchèrent à nouveau la terre de Draenor. Mais étaient ils toujours là ? Oui. Les cris des oiseaux étaient ceux de son monde, ou presque.

On la pressait d'aller à l'infirmerie. Akéllios. Anaryos. Elle refusait. Catégoriquement. Elle se battrait ! Nouveau vertige. Une large silhouette en armure, masquée, lui tendit la main. Comment refuser ? Il la tira vers l'infirmerie malgré ses protestations trop faibles pour être efficaces.

Dormir ? Protéger ?

L'insistance de Solyn et de la Chambellan lui firent baisser les armes. Elle resterai à l'infirmerie, et aiderai ses compagnons en soulageant leurs peines et blessures. Les préparatifs furent rapides, hâtifs, mais bien faits. L'humain avait l'habitude des infirmeries de bataille, apparemment.

Et la bataille commença. La furie des orcs contre le désespoir forcené des soldats de l'Alliance. La violence des Ombrelunes, opposée à l'organisation réglée et efficace de l'Ost Pourpre, qui avait pris en charge toute la défense. Mais chaque combat apporte son lot de blessés. Et les premiers ne tardèrent pas à affluer. Le nain, Nalwyn, qui se vidait de son sang. Akéllios, salement touché par une explosion qui avait ébranlé le camps entier mais qui voulait à tout pris retourner au front. Le « bûcheron » sonné un instant mais qui, comme d'habitude, refusait de rendre les armes. Ce dernier repartit d'ailleurs à l'assaut après une maigre concession involontaire : un léger soutien de Lumière.

La Lumière. Elisabelle s'en servait beaucoup. Trop. Elle se soutenait elle même de cette énergie qui courait dans ses veines pour passer entre les rangs, récupérer les blessés, les ramener à l'infirmerie, repartir. Courir, tirer, repartir, courir, tirer, repartir… Encore, et encore, et encore. Jusqu'à Grita.

Elle la vit en plein combat contre un orc immense. Elle s'en sortait bien, mais ne pouvait pas rivaliser contre la maudite magie des Ombrelunes. La draenei vit avec horreur son amie tomber à genou, entraînant dans sa chute son adversaire qu'elle étranglait sauvagement. Puis perdre connaissance, une lame plantée dans le ventre. Vite. Agir vite. Courir, tirer. Elle ramena la jeune femme devant l'infirmerie, criant pour appeler à l'aide. Puis tout était allé très vite, et très lentement.

Une blessure mortelle !

La Chambellan. Solyn qui commençait à opérer. Elisabelle, juchée sur la table, tout son poids appliqué sur les épaules de la paladine, envoyant en continue des ondes de Lumière pour soulager de son mieux l'insoutenable douleur qui allait suivre. Et tant pis pour ses propres forces. Un temps interminable. Et puis le silence. La plaie était cautérisée, réduite, pansée. La draenei, prise de vertige, se laissa glisser le long d'un poteau, exténuée.

Mais l'heure n'était pas au repos. Une gorgée d'eau, encore un peu de Lumière, et repart. La nuit allait être longue.

Quand finalement les hostilités cessèrent, Elisabelle n'avait plus de force. Elle se forçait toutefois à poursuivre son œuvre, n'alignant au maximum que trois mots, essoufflée au moindre pas. Elle était en train d'essayer de recoudre une joue – difficile quand tout est flou autour de vous – quand un hurlement survint. Lomah avait ôté le casque du bûcheron.

Gagné. Il a tout gagné.

Suivit une période de confusion, de larmes, de vociférations. Une crise de nerf comme Elisabelle en avait rarement vue. Et ce fut elle, bien sûr, qui écopa de l'agréable tâche de prévenir la Connétable. Traverser le camp lui fit l'effet d'une traversée en apnée d'un lac glacé. Arrivée devant la tente de sa supérieure, le monde tournait autour de la draenei, mais elle se raffermit et salua.

Connétable. On a un… soucis.

Impossible d'en dire plus. Son Lieutenant venait de la bousculer pour se présenter de lui même, à visage découvert, devant leur chef. Bravo, belle idée Lieutenant.

Voilà.

Et ce fut tout. Avant l'explosion de la Connétable. Colère, stupeur, effarement, fatigue. Le tout mêlé donnait un résultat détonnant. Ils furent tout deux congédiés. Elisabelle retourna à l'infirmerie, faire un dernier tour des blessés.

Dormir ? Non, pas encore. Pas dans cet état. Elle avait besoin de prier. De se remettre. Alors elle prit le premier tour de garde, en doublon, bien sûr. Et elle avait discuté avec Kothran et Akéllios. Le premier avait ensuite été harponné – la paladine ne trouva pas d'autre mot – par sa femme, qui l'entraîna à l'écart. Bonne chance, Lieutenant.

Tout aurait pu être fini. S'il n'y avait pas eu ce mage. Ce worgen. Elle l'aurait reconnu dans n'importe quel monde, en n'importe quelle époque. C'était LUI. Nouvelle crise. La peur reprit le dessus. Elle n'avait plus assez de force pour se contenir, se rassurer elle même. Elle sombrait à nouveau dans le vide de sa terreur, de son incompréhension. Jusqu'à ce qu'il parte, de lui même, totalement désintéressé des vociférations de la paladine.

Exténuée, vidée de toute énergie depuis trop longtemps, effrayée sans parvenir à se reprendre, Elisabelle fondit en larmes.
Fermez les yeux, voyez la Lumière.

Elisabelle de Lénault

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Claryssa
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Re: Survivre

Message par Claryssa »

*Bonk !* (suivie d'un juron gnome) Claryssa, qui s'était assoupie assise contre un montant de bois, venait de basculer dans sa micro-sieste et était tombée de côté, la Chambellan l'ayant plus épuisée qu'elle ne le pensait. Réveillée et regardant sa petite montre à gousset cabossée, elle se joignit prestement au bataillon pour écouter ce qu'il en était.

Visiblement il fallait rejoindre très rapidement le camp de Chutelune, les orcs n'ayant pas apprécié à sa juste valeur l'incursion de l'ost chez eux. Prothéus, le curieux humain torse nu, proposa de créer un portail sur les lignes telluriques présentent en Draenor, et d'envoyer tout le monde par ce biais mais cela nécessitait la puissance combinée de cinq personnes sachant manier les arcanes. Claryssa fut volontaire, et la petite troupe suivit l'humain jusqu'au point indiqué.

La gnome en chemin commença à poser des questions sur les connaissances atypique de Prothéus sur les portails, et se mit mentalement à noter les réponses afin d'alimenter son futur rapport d’enquête. Cet humain la dépassait complétement de par tous les mystères l'entourant.
Mais il était maintenant temps de lancer le portail, et visiblement beaucoup de gens était méfiant, les nains parlaient notamment de ressortir avec huit jambes, et autre joyeuseté. Claryssa ne put s’empêcher de rire à entendre cela, son imagination débordante ayant déja visualisé la scène.

Le portail envoya tout le monde comme prévus au camp, mais beaucoup avaient, semble-t-il, peu apprécié la qualité du voyage, tournis, désorientation, vomissement... A voir cela, Claryssa se dit qu'il ne vaudrait mieux ne jamais proposer ses portails à elle, parce que vu le résultat des voyageurs avec un modèle arcanique, alors avec un de type démoniaque...

Mais déjà les défenses s'organisaient, l'infirmerie était déjà entrain d’être re-fournie en eau et autre fourniture avant l'attaque, les portes furent renforcées, les chemins piégés. La gnome quant à elle cherchait sa place dans toute cette agitation, elle fillat droit vers l'infirmerie, demander si il y avait besoin. La Chambellan l’envoya faire partie des troupes au combat, et Claryssa se retrouva à la porte ouest.

Le siège débuta et l'euphorie de la gnome commençait à monter malgré tout ce qu'elle pouvait faire intérieurement pour se contrôler. La porte renforcée finit par exploser sous les assauts des orcs, et le combat débuta pour de bon. De son côté, Claryssa se mit à rire comme une démente et à jeter tout ce qu'elle pouvait comme sort de feu afin de carboniser toujours plus d'orcs, encore et toujours plus, prise par sa folie de pouvoir enfin relâcher la pression. Elle aimait cette odeur particulière de peau qui cloque et de chair brulée. Elle se sentait bien, détendue, et ce malgré les coups. Cette euphorie, ce bien-être qui s'emparait d'elle, cette plénitude lui permettait enfin pendant ces instants d’être elle même.

Puis le silence tomba. Les orcs avaient abandonné, il était temps de panser les blessures. Pour sa part, elle fut autorisée à brûler les corps morts des orcs, pour éviter toute maladie et éventuellement résurrection. Un nain lui amena pendant sa tâche un livre à brûler aussi. Claryssa se mit rapidement à le feuilleter et quelle surprise ! Un livre parlant d'invocation de créature du vide ! "Jour de chance d'avoir un livre aussi fascinant entre les mains." Se dit elle.

Mais sa joie fut de courte durée, la Connétable les avait rejoint et demandé expressément que le livre soit détruit, et ce malgré les arguments du Chevalier Edenholme. A contre cœur, Claryssa s’exécuta a brûler le livre, dépitée de cette perte, tellement contrariée qu'elle partie une fois que l'ouvrage ne fut plus que cendre, répondant sèchement au nain voulant pourtant lui offrir un verre.
Perdre un tel livre la rendit maussade. Quelle gâchi !

La soirée se passa à côté du bureau de commandement improvisé où s'était enfermées la Chambelan et la Connétable, sans autre événement majeur que la découverte de l'identité du bucheron, visiblement un lieutenant de l'ost pourpre venu discrètement, selon Edenholme.
Puis un cri de la Chambellan alerta ceux qui était aux alentours. Dame Aurys avait été blessée et personne ne l'avait vu. Solyn réclama ses outils, que la gnome courut chercher ainsi qu'un seau d'eau. La blessure était heureusement bénigne. Sous les ordres toujours du soigneur, elle alla chercher des couvertures, peut-être un peu trop d'ailleurs, on ne voyait que ses couettes dépasser de l'empilement qu'elle amenait. Puis elle se mit à envelopper la Connétable du mieux qu'elle pût et sortit.

Claryssa fit une dernier tour du camps, voyant Elisabelle avec un drôle de worgen inconnu, retourna au bureau de commandement, elle se laissa glisser pour s'assoir contre le montant extérieur de la porte pour monter la garde, mais s'assoupit inexorablement dans un sommeil profond, malgré tout vidée d'une telle nuit.
"Tout est une question de point de vue"

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Claryssa
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Re: Survivre

Message par Claryssa »

Dix jours, déja dix jours s'étaient écoulés depuis la bataille de Chutelune. Beaucoup s'étaient remis de leurs blessures et la vie avait reprise dans le campde réfugiés. La gnome continuait de son coté les taches qu'on lui donnait ici et la.

Mais une certaine agitation régnait, en effet l'ost était sur le départ. Le chevalier Lutgardis avait put obtenir des terres non loin, où le bataillon pourrait s'installer et avoir une solide base d'opération.

Elle fut embaucher a aller récupérer des couvertures. Prise comme d'habitude par son entrain, et suite a son passage à l'infirmerie, on la vit déambuler avec un paquet de couvertures plus haut qu'elle, la cachant presque totalement.

Ne voyant pas du tout ou elle allait, zigzaguant a travers le camp, bousculant les gens, qui finirent par l'orienter en direction du chariot où elle devait poser sa cargaison. Prés de celui-ci, elle se guidât a la voix du chevalier gilnéen, qui lui demandât de charger les couvertures en y faisant attention, et s’éloignât.

Riant intérieurement, elle se mit a penser : "Il en a de bonne lui, je fait comment pour charger ça alors que la roue du chariot doit déjà faire une fois ma taille voir plus". Elle se mit tant bien que mal a tâtonner, cherchant au mieux la carriole, quand enfin elle sentit qu'une partie de ces couvertures avait été prise. Lishaasi s'etait porter a l'aide de la gnome et elles chargèrent toute les deux la pile.

Une fois tout les préparatifs finit, le bataillon se mit en route, suivant Lutgardis vers ce qui allait être leur nouveau foyer, ils croisèrent de nouveau ces gros pachydermes d'Elek, dont un les chargeât. Ceci dit, elle commençait à se demander si elle pourrait en cuire un, histoire de voir comme ça brule.

Enfin, la marche s’arrêta. Claryssa vis les gigantesque murailles, et trouvait ce nouveau camp absolument superbe, les dons de marchandage de Lutgardis devait être exceptionnel pour avoir dénicher ceci ! Jusqu’à ce qu'elle se rende compte que le bataillon avait en fait les terres en dessous des murailles.

L'installation commença, la rigueur militaire du bataillon aidant énormément. La connétable fit un discours de motivation, pendant que la Chambellan fit signe à la gnome de venir avec des couvertures pour les blessés. Demandant si il y avait des besoins auxquelles elle pourrait aider, Claryssa eu comme réponse que Lomah ne s'était pas substanter "normalement" depuis longtemps.
La gnome fouillât dans son sac, et lui tendit son sandwich, avalé pratiquement aussitôt.

Plus tard dans la soirée, elle fut désigner pour le dernier quart de garde, mais entretemps, la Chambellan vint la chercher pour leur "séance" habituel. Cette fois elle devait en avoir le cœur net, elle brandit un mètre souple, et l’appliquât par surprise sur le bras de Lomah. Elle n'avait donc pas eu la berlue... Ne portant aucun jugement sur cette découverte autre que d’être rassurer de pas avoir d'illusion d'optique, s'en suivi une petite discussion, pendant que Claryssa maintenait une boule de feu dans laquelle puisait la Chambellan, jusqu’à fatiguer la gnome comme à chaque fois.

Autoriser à prendre un peu de repos après leur rencontre, et en attente de son quart, elle se mit a sortir son carnet, et à gribouiller quelques schémas mécaniques et ésotériques, avant de réellement sombrer dans le sommeil.
"Tout est une question de point de vue"

Protheus
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Re: Survivre

Message par Protheus »

Le lieu était exactement comme prévu, un impressionnant nœud de lignes telluriques. Les magiciens étaient tous aguerris, et se connaissaient désormais plutôt bien, après tous ces combats. Le bâton qui nous servait de focalisateur était parfaitement en place. J'avais rejoué dans ma tête un nombre incalculable de fois l'ensemble du sort : j'étais sûr d'en contrôler tous les éléments.

Et le portail s'était ouvert, comme je l'avais prévu.

L'effort qu'il avait fallu fournir était conséquent, et nous étions tous épuisés, mais il allait falloir faire encore mieux pour stabiliser l'étroite ouverture. Heureusement, nous avions eu de la chance : une gigantesque rune était encore active au sol, tracée par la liche que nous venions de chasser de cet endroit propice au lancement des plus puissants sortilèges. Je pouvais y ponctionner allègrement du mana lorsque le besoin s'en faisait sentir.

Je ne sentais pas encore la liaison avec mon corps se rétablir, mais c'était prévisible. Le bâton avait dû relier notre ligne temporelle en Draenor à l'instant précis en Azeroth où il avait subi la plus grande charge arcanique : le moment de sa création. Il devait dater d'avant ma naissance, ou au moins d'avant que mon âme quitte mon corps. J'avais donc essayé de faire un saut dans le temps pour déplacer l'autre extrémité du portail. Rien d'étonnant à ce que ce soit difficile : c'était la première fois que je tentais une action temporelle d'une telle ampleur. Je me focalisais sur mes compagnons autour du cercle de pouvoir. Ils avaient tous quitté Azeroth au même moment, alors que j'avais disparu moi-même dans le Néant bien avant. Tous groupés, ils devaient être plus faciles à trouver que moi.

Je me concentrais sur mon problème de ciblage, sans plus faire attention à mon environnement. C'est la base de la magie de cercle en environnement hostile : faire plusieurs niveaux de concentricité. Les niveaux extérieurs s'occupent de l'environnement, et les niveaux intérieurs s'occupent plus de diriger le sort lui-même. Je faisais donc abstraction des gémissements de nos compagnons blessés. Après la bataille contre la liche, j'avais dû insister pour qu'on enchaînât immédiatement sur le sortilège. Aucun lanceur de sorts n'avait été touché, et nous étions tous en mission. L'évidence s'était donc imposée à tous : nous ne pouvions pas nous attarder et risquer que la liche revînt, ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs. Un tel nexus de puissance ne pouvait immanquablement qu'attirer les sorciers de tout poil.

Si elle n'avait pas été si obnubilée par les blessures de Solÿn, nul doute que Lomah m'aurait réprimandé de ne pas m'être plus préoccupé des gens autour de moi. Pourtant, mon manque de compassion apparent cache une toute autre vérité : il s'agit d'une technique magique. Dans le Néant Distordu, il a fallu que je développe la meilleure défense possible face aux attaques psychiques des démons : se consacrer sur une unique pensée parfaitement claire. J'avais expliqué cette méthode empirique à la Connétable de l'Ost peu de temps auparavant, lorsqu'elle avait senti une intrusion mentale aux abords d'un village arakkoa. Si Lomah apprend de quel souvenir je me sers, elle changera peut-être d'avis sur mon soit-disant manque d'empathie.

A cet instant, je ne pouvais être plus près de réussir la jonction avec notre cible. Mais l'impensable se produisit : les autres avaient décidé de lancer un message à travers le portail, sans se rendre compte qu'il ne menait pas encore à notre époque. La matrice avait été irrémédiablement déséquilibrée, et je fus projeté au sol lorsque le portail implosa sous mes yeux. Ne voulant pas croire à une telle déveine, je me redressais le plus vite possible, et brandissais mon bâton devant moi, espérant un sursaut. Je l'agitais selon les passes magiques maintes fois répétées. Mais le portail ne se rouvrit pas. La rune au sol semblait aussi avoir cessé de pulser.

Et le bâton s'était brisé, contre toute attente.

Toute l'énergie magique du bâton s'était volatilisée dans le Néant à travers la moitié de portail qui s'ouvrait sur Draenor. Je ne pouvais plus rien en faire, alors je restais là, assis sur le sol, les yeux hagards, les bras ballants. Lomah était écroulée au sol ; Claryssa et Midyle semblaient hébétées par le contre-coup de l'échec du sort. Seule Maneollia restait inébranlable, mais je me doutais qu'elle ne devait pas être au mieux de sa forme non plus. Me voyant sans réaction face à l'échec, Jadie commençait à me hurler dessus. Elle extériorisait sur moi la tension qui s'était accumulée. C'était sa manière de me dire qu'elle m'aimait bien, qu'elle avait confiance en moi comme en peu d'autres gens. Elle ne comprenait pas encore à quel point la défaite était cuisante.

Je m'étais attendu à un possible échec. Comme toujours, j'avais prévu un plan de rechange, un nouvel atout dans ma manche. C'était ce qui me sauvait à chaque fois, depuis toutes ces années.
Ce plan lui-même laissait des ouvertures pour d'autres alternatives. Pourtant, cette fois-ci, j'étais démuni : je n'aurais jamais cru que le bâton magique soit aussi instable et puisse se briser.
Je ne voyais pas d'échappatoire. Une seule et unique voie s'ouvrait devant moi.

Il n'était même pas possible de faire demi-tour, et faire comme si de rien n'était. L'elfe qui nous avait suivi depuis la vallée d'Ombrelune nous avait prouvé que notre fuite s'était ébruité. Sans aucun doute, ceci serait interprété comme une sorte de trahison envers l'Alliance. Avec la présence de Midyle Steelwood à nos côtés, j'imaginais aussi que le Kirin Tor était au courant de notre tentative. Si le bâton avait pu arriver entre mes mains, c'est qu'Ils l'avaient autorisé. Hägnar avait parlé d'une chance, mais je savais ce qu'il en était. C'était un test pour connaître mes nouvelles compétences. J'avais relevé le gant, pensant ne pas avoir à retourner en arrière et me justifier. Avec un tel échec, il était désormais trop tard pour ma rédemption.


Protheus se releva et rumina.
"Je n'ai donc plus d'alternative."
Je suis votre Protecteur.

Elisabelle
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Re: Survivre

Message par Elisabelle »

Un coq chanta. Le matin devait être proche. Tout proche. Elle devrait bientôt se lever pour faire le tour du camp de fortune installé dans les ruines de la base de Taylor. Elle vérifierai que chacun est bien à son poste, que les relèves ont bien été prises, que personne n'est entré sans permission. Et une autre journée commencerait, comme les autres avant elle. Comme les prochaines. Condamnés qu'ils étaient à vivre dans ce monde.

Le coq chanta une nouvelle fois. Elisabelle fronça les sourcils. Il n'y avait pas de coq en Draenor. Elle ouvrit les yeux pour découvrir le plafond de pierre de sa chambre. SA chambre. Celle qu'elle occupait au bastion du Ruisseau de l'Ouest. En Azeroth. Avait elle rêvé ? Elle se souvenait de tellement de détails, et en même temps, tout était si flou. Comme au sortir d'un cauchemar.

Par réflexe, ses yeux se posèrent sur l'armoire qu'elle avait disposé dans un coin de la pièce. La simple vue de ce meuble lui confirma presque sa théorie du rêve. Mais un détail la détrompa définitivement : son bouclier, posé contre le bois, n'était pas celui qu'elle avait habituellement. Et là, à côté, une épée et non une masse.

Et soudain, les souvenirs revinrent. Comme un raz de marée qui la laissa échouée sur son lit, tremblante. Elle porta la main à sa table de nuit, où elle laissait toujours son Libram. S'il n'était pas là, elle était en train de rêver. C'était certain. Sa main tâtonna quelques secondes, faisant flamber une lueur d'espoir qui fut vite noyée par le contact du livre. La paladine tourna la tête pour contempler l'ouvrage, le saisit et le leva au dessus de son visage. Lentement, elle le fit descendre pour finalement l'appuyer contre son front, les yeux clôts. Tout lui revenait, à présent.

Depuis le camp de l'Amiral Taylor, ils avaient ouvert un premier portail. Elisabelle s'en était tenue le plus éloignée possible. Rien de ce qui en émanait de lui plaisait. Pour preuve du bien fondé de ses sentiments à l'égard de ces invocations magiques, plusieurs personnes furent blessées. La faute au portail ou non, peu lui importait.

Quelques jours plus tard, ils avaient remis ça. Avec l'idée totalement stupide de vouloir le traverser ! Et l'idée encore plus folle de vouloir la faire traverser, elle!

Elle se souvenait s'être figée. Refusant de bouger, d'avancer ou de reculer – reculer aurait été son choix le plus logique si elle avait pu réfléchir correctement – ou même de dire un mot. Elisabelle était perdue dans un monde sans perception. Aucun son ne parvenait plus à ses oreilles. Aucune odeur, aucune sensation. Même la forme du portail n'atteignait plus sa rétine. Elle était paralysée. La peur, ou quoi que ce fut, la maîtrisait entièrement.

...is'. ...lis'.

Les sons recommençaient à l'atteindre. Au milieu d'un bourdonnement sourd, une voix perçait. Une voix connue. Encore cette voix. Mais allait il la laisser tranquille à la fin ?! Déjà lorsqu'elle voulait lâcher prise à leur arrivée, il l'avait obligée à rester. Et puis quand elle avait été atteinte de cette fièvre, il l'avait obligée à rester consciente, alors que les ténèbres étaient plus attirantes.

Les souvenirs avaient afflué d'un coup, manquant la renverser.

Elisabelle. Elis !

Ses yeux avaient quitté le portail pour se poser sur le visage barbu et fatigué de son ancien chevalier. Il avait l'air pressé. Pourquoi ? Voulait il donc tant mourir qu'il avait hâte de franchir ce trou de malheur ?

Elis' on doit passer le portail. Maintenant !

Non. Allez y sans moi.

Le rire qu'elle entendit était inattendu. Elle revint à Hadariel qui semblait balancer entre la colère et le désespoir. Les deux étaient ils possibles en même temps ? Elisabelle s'était fugitivement posé la question, avant de sentir une poigne ferme enserrer son bras et la tirer en avant. Par réflexe, pour ne pas tomber, elle avait fait un pas. Erreur. Son propre élan l'avait portée et elle en avait fait un deuxième avant de s'arrêter net.

Fais pas ta tête de mule ! On rentre chez nous ! Aller !

Je ne passerai pas dans ce truc ! Allez y si vous voulez, vous pourrez pas m'y obligerer.

Sans même avoir le temps de comprendre, elle s'était retrouvée face contre terre, le bras tordu dans le dos, un poids la maintenant au sol. La voix du chevalier, où perçait ce qui ressemblait à de l'inquiétude, avait alors murmuré à son oreille.

Tu veux qu'on reparle de Fossoyeuse ? Alors maintenant tu arrêtes de faire ta tête de chèvre bornée et tu vas passer ce portail avec moi. On rentre chez nous, et il est hors de question que je te laisse derrière. Pigé ?

Un dernier soubresaut de révolte, une dernière pression sur le bras qui lui avait rappelé exactement sa situation dans la forêt plusieurs mois plus tôt, et elle avait cessé de se débattre.

Ben on mourra tous les deux ensemble alors.

Ils avaient traversé comme ça, l'humain tenant fermement la draenei. Et ils étaient rentrés.

En soupirant, Elisabelle se leva de son lit, s'étira et secoua la tête en accrochant son Libram à la ceinture. Elle ignorait totalement ce qu'elle allait devoir faire maintenant. Reprendre ses activités d'avant, sans doute. Pour l'heure, elle allait descendre prendre son petit déjeuner.

Elle ouvrit sa porte et sortit en silence dans le couloir.
Fermez les yeux, voyez la Lumière.

Elisabelle de Lénault

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