[Candidature abandonnée] Vaddar Christophers

[Vaddar]

{A la Forêt d'Elwynn, Comté-de-l'or. Un après-midi ensoleillé de Février.}

Vaddar se décide à partir, après son flocon de porto. Direction la Garnison du Ruisseau de l’Ouest. Il l'a décidé qu'il irait suite à la discussion qu'il a eu récemment avec Sir Von Lutgarnis.

"Je me demande si j'ai bien fait de laisser Klaus. D'un côté il pourrait être une gène..
Mais d'un autre il pourrait prouver certains talents. Quoi que.. Il n'est pas indispensable, J'ai bien fait.

Je pourrai enfin accomplir l'un de mes rêves: libérer de Gilnéas.. J'ai hâte.
Uhm.. S'ils ne m'acceptent pas. Je devrai m'orienter ailleurs.. Instituteur ? Professeur Christophers.
Oui.. Non. Magicien Christophers... de l'armée de Hurlevent ? Non plus.
Bref, je pense trop. Je pense trop à tout et à n'importe quoi.

Ils me demanderont obligatoirement pourquoi je ne suis quasiment jamais en forme Worgen..
La vérité coûtera peut-être le refus.. Uhm. Il me faut être plus optimiste.
S'ils m'acceptent.. Ils ne seront pas déçus.."

Vaddar, en chuchotant, chante une vieille chanson qu'il a écrite. Il s'arrête de chanter lorsqu'il aperçoit l'adjoint Rainer.
Christophers est vêtu d'une robe blanche et rouge qui tombe sur ses bottes blanches comme neige. Ses épaulières sont de la même couleur que sa robe et cachent son visage de profil. Il se sert de son bâton 'vivant' pour marcher. Au bout de celui-ci nous pouvons voir un oeil nous observer.
Il enlève sa capuche, son masque et dévoile son visage. Il a les cheveux mi-longs, un bouc, des rouflaquettes ainsi que le visage bronzé.

- Bonjour Sir. En s'inclinant Je me nomme Vaddar Christophers, magicien spécialisé par le feu. Je viens pour une candidature.

[Adjoint Rainer]

Le temps était à la fête pour Rainer : un froid sec et mordant, pas un nuage dans le ciel, et un pâle soleil qui illuminait la Forêt d'Elwynn. Le climat idéal, à son sens, ce qui le rendait de fort bonne humeur, au point de ne pas manifester son habituelle désapprobation à la vue du quidam qui approchait de la Garnison, avec une allure qui donnait une idée de son statut avant même qu'il ne le confirme.

Magicien, hein ?

Rainer n'aimait pas la magie. Il la rangeait volontiers dans le grand sac des choses qu'on ne comprenait jamais vraiment et qui avait tout de même un impact non-négligeable sur le cours de votre vie - avec l'administration et le bouillon d'ailerons de murloc servi à la Fierté du Lion. Ceci étant, tous les magiciens ne se valaient pas, et il n'était pas de son ressort d'en choisir un plutôt que d'autres.

Messire Christophers, donc. Je vais voir si on peut vous recevoir. Le déjeuner doit être en train de se finir, veuillez patienter je vous prie.

[Joakhim]

Joakhim prenait une pause bien méritée. Il avait travaillé toute la matinée à la forge et, après le repas, se prélassait sur un banc dans la cour, le temps de digérer.

Alors qu'il contemplait le ciel, son regard accrocha un oiseau qui passa dans le porche d'entrée de la garnison. Quelque chose d'inhabituel l'interpela. Rainer quittait son poste. Il était pourtant trop tôt pour la relève, mais aussi trop tard pour l'accès aux cuisines.

Se redressant légèrement et faisant un signe de main, il l'appela :
"Adjoint Rainer, ce n'est pas dans vos habitudes de quitter votre poste à cette heure. Vous avez besoin quelque chose ? Je peux me rendre utile ?"

[Adjoint Rainer]

Rainer n'était pas entré dans la Garnison qu'il était déjà interpelé. Il reconnut Joakhim, le sympathique et discret forgeron. Partant du principe que toute personne qui travaillait de ses dix doigts ne pouvait pas être foncièrement mauvaise - les worgens compris, pour les draeneïs l'Adjoint se tâtait toujours - il avait noué une relation cordiale avec ce dernier, et c'est donc sans façon qu'il s'arrêta pour lui répondre.

J'ai là un visiteur qui cherche à se faire recruter. Vous voulez bien le prendre en charge le temps que je trouver un chevalier ou un officier ?

[Joakhim]

"Mais, bien sûr ! Cela me fera un peu de distraction."

Le travail à la forge est harassant. Certes, le travail effectué est apprécié et reconnu par les supérieurs et la compagnie d'Hudson et d'Hicks est agréable, mais Joakhim regrette de ne pas avoir plus de visite. Peut-être était-il temps qu'il s'investisse un peu plus dans la vie sociale de la garnison. Accueillir un postulant lui semblait un bon début.

Joakhim se leva, retira son tablier qu'il alla rapidement suspendre dans la forge, et en ressortit en enfilant une ample chemise beige qu'il ajusta dans son pantalon. Un regard vers l'Adjoint : "À tout de suite Rainer !", et il sortit de la cour par l'imposant porche d'entrée.

Il se dirigea machinalement vers l'homme vêtu d'une robe, le seul semblait-il à ne pas faire partie de la maison, à moins qu'il s'agisse du nouvel uniforme des gardes. L'idée fit sourire Joakhim. Arrivé à sa hauteur, il lui tendit la main et se présenta :

"Bonjour messire, je suis le page Joakhim. L'Adjoint Rainer m'a demandé de vous accueillir, le temps pour lui de trouver une personne plus à même de recevoir votre candidature. Ainsi donc, vous désirez rejoindre l'Ost ? Et vous venez de loin comme ça ?

[Vaddar]

En patientant il regardait le paysage ainsi que l'imposante Garnison à chaque détails. Il sourit à la vue de l'inconnu qui approchait.

- Monsieur. Incline la tête en serrant la main de son interlocuteur Je suis Vaddar Christophers. Bien sûr, je désire servir l'Ost Pourpre. Je viens de Gilnéas.

"Gilnéas..."

- Beau temps n'est-ce pas ? Vous êtes aux services de l'Ost Pourpre depuis combien de temps ?

[Joakhim]

"Gilnéas…"

Cet homme avait reformulé le nom de sa patrie, comme pour se la rappeler à lui-même et continuer à la faire exister. Joakhim ne connaissait que trop bien ce sentiment. Arraché à sa terre. Une terre où presque plus personne ne peut y vivre. La tentative de l'extermination d'un royaume entier. Ce royaume qui maintenant, n'existe plus que dans la bouche de ses enfants. "Gilnéas…" Joakhim se le remémora à son tour.

"Un compatriote, quelle belle surprise! Il est vrai que c'est une belle journée, mais venez, asseyons-nous pour discuter. Nous serons mieux!"

Joakhim emmena Vaddar dans la cour, sous l'oeil inquisiteur des deux gardes restés de faction, l'un deux se positionnant sous le porche pour garder un oeil sur le nouveau venu. Il se dirigea vers un banc, celui-là même où il était assis quelques minutes auparavant et invita le Gilnéen à s'assoire. Il retira un cruchon et un gobelet de dessous du banc et proposa à Vaddar de se désaltérer.

"Personnellement, cela fait presque 10 mois que je suis entré dans l'Ost Pourpre et que je propose mes services en tant que forgeron. Mais parlons plutôt de vous. Qu'est-ce qui vous amène à demander une affectation à l'Ost?"

[Vaddar]

Vaddar suit l'homme sans poser de question. Il accepta le vin également en secouant la tête et remercia le forgeron. Il acquiesce et répond après une gorgée de son breuvage.

- Eh bien, comme vous le savez déjà, récupérer Gilnéas et les terres du Nord est vraiment intéressant.
Je préfère me battre, être utile à quelque chose, pour sauver nos terres que de rester dans une auberge à boire et penser à Gilnéas et ma famille toute la journée.

On ne peut décrire l'honneur que je peux avoir de rejoindre vos rangs et combattre à vos côtés pour le bien de Lordearon. Passer toute une vie à être utile, servir, c'est beaucoup mieux que de pleurer sur son sort en attendant la fin.

"Entre Gilneen, c'est plus facile de parler de ces choses là, de comprendre."

[Joakhim]

Joakhim, écoutant les motivations de son interlocuteur, ne pouvait que se remémorer les siennes. Il s'était assis à côté de Vaddar et l'écoutait attentivement tout en se servant un godet. Il se pencha légèrement en avant, les coudes sur les genoux.

"Il est vrai que je ne vous comprends que trop bien."

Joakhim décida de ne pas passer par quatre chemins.
"Vous parlez de votre famille…"
Avant de poursuivre, il se redressa et fixa son interlocuteur dans les yeux.
"…que lui est-il arrivé ?"

[Vaddar]

Vaddar plonge son regard dans le vide, son sourire a disparu. Il revoit certaines scènes, des cries, des pleures. Tout s'arrête d'un coup. Il revient à lui. Mais à chaque pensé il revoyait un cri et une image.

"Christophers..."

- C'était.. A.. A Gilnéas..

"Lisa."

- Ma soeur est morte avec son mari par la main des réprouvés.

"Vens..

Auralyn.. Ray.."

- J'ai juré de protéger ma nièce et mon neveu de ma vie à ma soeur avant la fin.

"Raté.."

- J'ai eu des problèmes. Mon neveu s'est tué suite à une morsure de worgen. Il ne voulait pas devenir l'un d'entre eux.

"Boulet.. Inutile.. Mauvais frère."

- Ma nièce fut assassinée par l'un d'entre eux.

"Maman.. Papa.."

- J'ai trouvé qu'une lettre d'adieu chez mes parents.
Ce fut la période la plus difficile de ma vie.
Auralyn.. Ma nièce et Ray mon neveu étaient différents.
Ils n'étaient pas comme les autres citoyens, non.
Ils n'étaient pas très honnêtes. Mais ils étaient intelligents, attachants, sympathiques.

Vaddar entend des rires, des appelles.

- Ils avaient quelque chose de spéciale, quelque chose qui me faisait les aimer plus que quiconque.
Ils étaient mes moitiés de coeur. Ils.. étaient.. Tout. Ils étaient.. Mes neveux.. Les enfants de ma très cher soeur.. Son portrait en deux personnes..

Quelques larmes coulent sur ses joues.

[Joakhim]

Joakhim avait arrêté de regarder Vaddar.
Il s'appuya de nouveau sur le mur de la garnison et leva la tête vers le ciel. Celui-ci était dégagé et seul quelques nuages d'altitude se déplaçaient, lentement.
Il gardait le silence.

Le temps semblait s'être arrêté. Et pourtant, autour d'eux, des signes montraient le contraire. Un garde traversa la cours, tandis que le factionnaire de l'entrée qui les avait suivi continuait de surveiller le duo d'un oeil peu discret. Au loin, on entendit un retentissant vacarme de divers objets métallique. Un commis de cuisine avait du laisser tomber l'ensemble des casseroles qu'il transportait pour la vaisselle. Il s'ensuivi un mélange de cris, d'insultes et de remontrance que les murs n'arrivaient pas à atténuer. Joakhim imagina volontiers Ragthar (parce qu'il est évident que celui-ci se trouve toujours dans les cuisines) sermonner le pauvre garçon dont une casserole avait certainement heurté l'imposant peton ou pire, déversé les restes sur la barbe immaculée du nain. Mais bon, cela restait une supposition sortie tout droit de l'imaginaire du forgeron. Celui-ci avait, sans doute par mécanisme de défense, eu besoin de s'évader pour ne pas laisser ses propres démons ressurgir à l'écoute du récit de Vaddar.

"Je suis désolé. Sincèrement!"
Joakhim s'était voulu le plus réconfortant possible.

Il laissa place à un nouveau silence avant de se retourner vers son interlocuteur.

"Qu'attendez-vous de l'Ost Pourpre. Que peut-il vous apporter et que pensez-vous pouvoir lui apporter?"

La question sortait comme un cheveu dans la soupe, mais cela permit à Joakhim de reprendre la discussion, tant il était mal à l'aise après cette confidence.

[Vaddar]

Le magicien revoyait certaines scènes pendant le moment de silence. Il répétait tout les dialogues dans ses pensées.

"- Vad'.. Mon.. Frère..
- Oui ma soeur. Je te promets sur ma vie que je prendrai soin d'eux.
___
- MAMAN !! Maman ! Où elle est ? Oncle Vaddar, réponds moi tout de suite !
- Auralyn.. Ta mère.. Elle est.. décé--
- NON ! Dis moi la véritée !
- Je suis désolé..
- NON ! C'est pas possible ! Elle est surement avec Vens !
- Je..
___
- Ray ! Tu es là.. NON ! ARRÊTES !!
- Je laisse notre oncle te protèger, mon temps est fini, je ne veux pas faire de mal.
*Boom*
- Noooooooon !"

Dans sa tête il entendait des pleures d'une fille. Sa nièce. Il s'arrêta de penser à cela suite à la question du forgeron.

- Je donne mon corps et mes armes à l'Ost Pourpre. J'aiderai à libérer les terres du nord, pour que toute population puisse retrouver son foyer. Je veux supprimer les réprouvés de la carte.
Moi, je ne pense pas pouvoir refaire ma vie là-bas.
Je suis fichu.. Enfin, mes souvenirs ne peuvent être oublié, ne peuvent être supprimé. Alors, je désire me battre contre la source de se désastre et.. l'éliminer.

[Joakhim]

Joakhim sourit à Vaddar et laissa de nouveau place au silence.
Il reprit le cruchon, remplit les deux godets et se rappuya sur le mur.

Le temps s'écoula de nouveau lentement. Il n'avait plus envie de poser de question.
Juste profiter de ce moment avec un homme dont l'objectif fixé rendait tout plus limpide.
La haine, la colère et le désir de vengeance étaient palpables, mais tellement purs qu'il y avait dans l'air comme un sentiment de sérénité.

Tous les Gilnéens étaient-ils mus par ce désir de vengeance ? N'y avait-il aucun autre chemin pour eux ?

"Vous voulez vous battre !"
Il interrompit de nouveau le silence et se tourna vers Vaddar.
"Connaissez-vous quelque chose à l'art de la guerre ? Que pouvez-vous apporter à l'Ost ?"

[Vaddar]

Vaddar se tourne vers Joakhim aussi en souriant.

- Je connais le minimum, je pense. Mais je connais de bonnes stratégies contre les réprouvés. Il faut juste.. Me laisser parler, m'exprimer et ne pas ignorer mon opinion. J'apporterai à l'Ost mes idées, ma couture, mes armes, mes crocs ainsi que ma vie.

[Joakhim]

"Alors vous êtes, vous aussi, touché par la malédiction ?"

Joakhim demandait cela, mais dans sa voix, on entendait qu'il connaissait déjà la réponse. Il n'en parut pas scandalisé ni effrayé. À la suite de cette guerre, les Gilnées contaminés sont presque les seuls à avoir survécu. Dans leur malheur, la malédiction a peut-être été leur chance. Chance de survie bestiale, mais dangereuse pour l'entourage si mal maitrisée.

"Sachez que la maitrise de notre nature worgen est une exigence pour pouvoir faire partie de l'Ost. Cela concernera votre entretien avec l'officier qui vous recevra. Je suppose qu'il ne devrait plus tarder maintenant. Cela fait déjà un moment que l'Adjoint Rainer est parti en chercher un."

En disant cela, il guettait l'entrée des bâtiments, simplement par curiosité. Il aperçut alors un des commis de cuisine sortir. Comme il le supposait, Ragthar (car il est de notoriété publique que c'est le membre de l'Ost avec le plus gros sang-froid) avait fait comprendre au jeune homme qu'il était très désappointé. Le pauvre était recouvert de la tête au pied par la potée de légumes, comme quoi, la totalité du contenu n'avait pas été gaspillée sur le sol froid des cuisines. Le jeune homme passa rapidement dans la cour vers la sortie, le regard prostré et tourné vers le sol. Joakhim entendit quelques sanglots et perçu l'odeur du poisson, signe que la mesure d'hygiène alimentaire n'avait pas encore été levée. Ou peut-être, le cuissot faisait-il de l'excès de zèle ?

Il regarda Vaddar en souriant.
"Ainsi va la vie !"