Aleïster, lui, n’avait pas vraiment peur du froid. Protégé par son épaisse armure faite de divers cuirs et fourrures il ne craignait pas la fraicheur du soir. Quand bien même aurait il été victime d’un frisson il comptait sur la pipe qui rougeoyait au coin de ses lèvres barbues pour le réchauffer un peu.
L’homme était de taille respectable, bâtit par quelques probables années de labeur au sein d’une ferme quelconque. Son épaisse barbe noire et sa longue tignasse ramenée en queue de cheval lui donnait l’aspect d’un homme plus âgé qu’il ne l’était en réalité ce qui lui convenait parfaitement.
Il jeta un œil distrait au parchemin qu’il tenait dans sa main…
Un blason fort détaillé ornait un papier jauni et froissé. Sous la cloche dorée se trouvait quelques mots :
D’un hochement de tête il décida qu’il était sur la bonne route et fourra le papier dans sa poche.
Il ne tarda pas à se retrouver sur le chemin menant au bastion. Quelques pas le séparaient des portes. Il tira une dernière fois sur sa pipe et laissa échapper un nuage dense de fumée blanche. Il huma l’air autour de lui, la fumée dégageait une légère odeur de whisky ou de rhum, il ne savait jamais vraiment lequel dominait l’autre. Il apprécia ce dernier instant de calme et rabattit le fermoir de sa pipe qu’il fit aussitôt disparaitre dans sa bourse.
Les quelques bières qu’il avait partagées avec des étrangers à l’auberge de Comté-de-l’Or faisaient encore un petit effet et il profita de sa très légère ivresse pour rassembler le courage qu’il lui fallait pour faire les prochains pas.
Il approcha des portes les mains en avant, montrant qu’il ne portait pas d’arme sur lui.