[Candidature acceptée] Elisabelle de Lénault

[Elisabelle]

La nuit tombe sur la forêt d'Elwynn, les nuages bas menacent d'un orage violent et une draenei en armure de plaque marche lentement, perdue dans ses pensées. Les cheveux bleus foncé retenus en queue de cheval se balancent au rythme de ses pas, alors que les fins tentacules restent étrangement immobiles. Son armure cliquette doucement dans l'air crépusculaire tandis qu'elle s'avance vers la garnison de Ruisseau de l'Ouest.
Depuis le décès de son chef, Orlian, la draenei a erré de part le monde, essayant de se trouver de l'occupation pour ne pas penser à son nouvel échec.

Et puis un matin, l'idée qu'elle tournait et retournait depuis plusieurs jours a pris enfin substance. C'est alors qu'elle s'est mise en route, à pied pour avoir le temps de réfléchir à son passé et son avenir.
Enfin, arrivée devant les grandes portes de la garnison, elle avise un humain sur le côté, vêtu d'une armure et portant une épée au côté. Après quelques instants d'observation, la draenei fait un salut rigide et d'une voix basse annonce:

-Je suis Elisabelle de Lénault, Capitaine de la Garde et ancienne officier de la Boussole aux Chimères. Je souhaite intégrer les rangs de votre armée, en tant que paladin. J'ai beaucoup voyagé, mais mes pas, guidés par la Lumière, m'ont conduite ici. Pourriez vous m'annoncer?

Après cette déclaration abrupte, elle reste droite, une masse pendant à sa ceinture, son bouclier dans le dos, attendant que l'on décide de son sort.

[Adjoint Rainer]

L'air était électrique ce soir là. Une tension presque palpable qui excitait chevaux, gnolls et vagabonds. S'il était facile d'apaiser les premiers avec un peu d'avoine et beaucoup d'amour, les autres ne recevaient, en approchant de la Garnison, que volée de bois vert et carreaux d'arbalète. Ainsi les sentinelles étaient-elles occupées à dégager du sentier le corps d'un brigand qui avait tenté de s'infiltrer dans le bâtiment pour en voler quelques poules lorsque la draeneï approcha, non sans une certaine raideur dans le pas. Rainer était occupé à orchestrer les opérations, et sa moustache frisait sous l'effet de l'orage approchant quand Elisabelle le salua avant de se présenter.

Coupé dans ce qu'il préférait de son travail, l'Adjoint détailla la nouvelle venue des pieds à la tête. Certes, c'était une paladine, et tout en elle transpirait la discipline militaire, ce que le vétéran ne pouvait qu'apprécier. Mais en même temps, c'était une draeneï, soit ce que Rainer, échaudé par ses relations avec une certaine archiviste, plaçait juste après les elfes dans son vaste registre des populations qui ne devraient pas être autorisées à fouler le sol de la forêt d'Elwynn. Mais il était un soldat avant tout, et c'est ainsi qu'il salua Elisabelle, en lui répondant avec toute la rigueur possible.

Bienvenue à la Garnison du Ruisseau de l'Ouest. Veuillez attendre quelques instants, je vais prévenir une personne qui saura vous accueillir. Il vous faudra nous remettre votre arme, lorsque vous entrerez.

Rainer tourna les talons et entra dans la bâtiment, au moment où le premier éclair déchirait l'air épais d'Elwynn.

[Elisabelle]

Après son court dialogue avec l'adjoint à la porte, Elisabelle attendit patiemment dans l'orage débutant. Peu emballée par le fait de devoir laisser sa masse et de se trouver désarmée au sein d'une assemblée de soldats chevronnés, elle se rassura en songea à son armure en plaques redoutable et à sa connaissance, bien qu'imparfaite de certains membres de l'Ordre.

Une soudaine bourrasque ébouriffa ses cheveux et agita les arbres alentours. Se demandant vaguement si la tempête durerait longtemps, elle se contenta de rentrer un peu la tête dans les épaules, protégeant ses tentacules dans le col de son plastron, et se prépara à attendre autant qu'il le faudrait, rompue à l'art de la patience.

[Lomah de Sangre]

La tempête faisait rage à présent. On n' y voyait pas à trois mètres. Il pleuvait des cordes cinglantes qui ne semblaient nullement émousser la droiture des trois gardes en poste devant la herse de la Garnison du Ruisseau de l'ouest. Cependant, l'Adjoint Rainer n'était toujours pas revenu et le temps commençait à se faire aussi long qu'humide.
Dans cette purée de grisaille difficile de discerner formes et contours, aussi Elisabelle se trouva sans prévenir en présence d'une silhouette encapuchonnée sortie de nulle part. Elle devait avoir déboulée dans son dos. Ceci étant elle n'avait pas à rougir de son manque d'attention : l'inconnu était nimbé d'une aura nuageuse qui se trouvait être de la vapeur. Les gouttes d'eau paraissaient s'évanouir, en se heurtant à une chaleur hautement anormale et diffusée par l'apparition.

- Hé bien ! Où est Charles ? fit une voix qui sembla curieusement familière à Elisabelle, d'autant qu'elle était féminine. Je l'y prends à quitter son poste dès qu'il bruine !

La femme se tourna alors vers la pauvre voyageuse.

- Vous êtes qui vous ?

Malgré la douce température auréolant la demoiselle, Elisabelle avait de quoi lui préférer l'intempérie.

[Elisabelle]

Trempée des cornes aux sabots, Elisabelle attendait dans la tempête, incertaine de voir arriver quelqu'un. Tendue, la main sur sa masse, elle tentait de percer le brouillard et la pluie battante pour apercevoir la grille, sans succès. Frigorifiée, elle restait pourtant là, droite et sur ses gardes.
Soudain, une silhouette encapuchonnée apparut derrière elle et parla d'une voix étrangement connue. La paladine sursauta et prit sa masse en main tout en empoignant son bouclier, prête à se battre si besoin. Surprise par le nuage de vapeur de pluie qui entourait l'apparition, elle baissa sa masse et fronça les sourcils.

-Vous êtes qui vous? demanda la silhouette brumeuse.
- Je...

Elisabelle sembla surprise de la question et hésita avant de répondre. Finalement, jugeant que la femme devait être apparentée à l'Ost Pourpre, elle soupira et rengaina sa masse, gardant la main dessus.

-Je suis Elisabelle de Lénault, j'ai envoyé votre... votre Adjoint prévenir de mon arrivée. Je voudrais rencontrer Dame Aurys de Nor Laedro pour intégrer les rangs de votre ordre.

Incertaine de l'identité de son interlocutrice, elle s'interrompit et attendit une réaction, ou une présentation, la main toujours sur la masse, le bouclier prêt à l'emploi en cas de besoin.

[Lomah de Sangre]

- On ne rencontre pas la Connétable tous les quatres matins ! Surtout quand on est personne... Dis-je d'un ton égal comme une simple évidence.

J'examine la demoiselle, une Cornue, encore...
Charles Rainer et moi même partageons ensemble le rejet crasse de cette race illogique venue s'écraser sur notre belle Azeroth parce qu'un de leur congénère demeuré avait trouvé son permis de conduire sous le pas d'un Eredar. Ne trouvaient grâce à mes yeux que MA Cornue, l'Archiviste Hadjirah Lahidi, et éventuellement le chevalier medecin-chef, Kaïsa Panteleï, qui par sa rigueur rustre mais efficace avait su s'illustrer.

En tous les cas, une foutue chèvre restait une foutue chèvre, et je ne dis pas ça parce que j'en ai épousé un.

- Hé bien ne restez pas plantée là, l'air bêlant sur vos verts pâturages. Entrez ! On candidate mieux quand on a pas la morve au nez !

Et d'un pas leste et gracieux, j'ouvre la marche.
Une fois la herse et la cours franchies, nous pénétrons de concert dans le hall. C'est là que je retire ma capuche avec superbe, ma magnifique chevelure rousse reflétant la lumière des flambeaux.

- Vos armes au râtelier, chérie. Toutes vos armes... fais-je avec un sourire matois.

[Elisabelle]

Elisabelle suivit la forme encapuchonnée qui lui ouvrit les portes de la Garnison. Une fois au sec, son guide découvrit son visage et sa chevelure rousse. Vaguement familière, la draenei ne réussit pas à se souvenir de son nom. Satisfaite d'avoir franchit la herse, elle regarda autour d'elle, découvrant les lieux pour la première fois.
- Vos armes au râtelier, chérie.
Grommelant à l'idée de se séparer de ses armes, elle dégrafa sa ceinture et la déposa sur le râtelier. Y ajoutant son bouclier et le couteau dépassant de son gantelet, elle se tourna vers sa guide, attendant qu'elle poursuive.
-Toutes vos armes...
Un petit sourire ironique aux lèvres, la paladine hocha la tête et retira de sa botte gauche une dague affutée. De sous son plastron, elle sortit une autre lame et la déposa avec ses autres armes. Haussant légèrement les épaules, elle regarda de nouveau la jeune femme et lui sourit.
-J'ai tout déposé... cette fois. Je ne porte plus d'arme. A moins que vous ne vouliez que je retire mes cornes? Retrouvant son petit sourire ironique, Elisabelle écarta les bras, mains ouvertes, pour appuyer ses dires.
"Une chance que je puisse garder mon armure... Sans arme c'est déjà suffisamment dur. Surtout si je dois me présenter comme ça devant la Connétable ou n'importe quel recruteur..." pensa t elle en observant la jeune femme pratiquement sèche face à elle.

[Lomah de Sangre]

- Charles a du se perdre en route devant un quelconque verre de grog... Il faut dire que par ce temps, je ne peux guère lui en tenir rigueur. Mais je le ferais pour le sport !

Je souris à la cornue.

- Gardez vos cornes et vos sabots, on fera avec...

D'un geste grandiloquent je jette ma cape sur le premier page venu... qui s'en brule les doigts. J'en profite pour lui laisser quelques consignes à base de "service à thé" et autres " boissons chaudes".
Je porte -chose assez rare- une tenue de monte : pantalon moulant mon sculptural fessier, bottes haute claquant sur les dalles de pierre, chemisier de soie rouge à manches-ballon amples et retroussées aux coudes, corset de soie sauvage lie-de-vin brodé d'or, gants de cuir noir que je retire d'un mouvement de dents expert.

- Vous voulez donc poser une candidature ? Mais quelle drôle d'idée !

Je bats des cils.
Et je poursuis tout en me dirigeant vers le cabinet de réception.

- Vous n'avez guère le profil lordaeronnien, je me trompe ?

[Elisabelle]

Jetant un coup d'oeil au page empêtré dans la cape de la rousse, Elisabelle le considéra avec un petit sourire; elle se souvenait d'être passée par là, assurant le service des officiers et les menues taches du quotidien d'une armée. Admirant la facture des vêtements de son guide, la paladine la suivit vers un cabinet. Tout en marchant, elle répondit à la jeune femme qui la précédait.

-Non en effet, je ne suis pas originaire de Lordaeron.Je suis née sur l'Oshu G'un, entre une planète dont j'ignore le nom et Draenor. Je suis entrée à l'Académie de Shattrah lorsque j'ai atteint l'age requis, et depuis je me bats pour servir la Lumière et faire régner Sa Justice, quelque soit la manière et l'endroit.

Elle se tut, observant son interlocutrice, espérant que son armure trempée ne la desserve pas, et osant à peine imaginer l'état de sa chemise protectrice et son pantalon de cuir. Les sabots claquant sur les pavés, elle entra dans le cabinet, observant la décoration et se remémorant sa première affectation en Draenor avec un sourire nostalgique.

[Lomah de Sangre]

Je m'installe confortablement sur un des sofas en présence, ramenant mes jambes sur les coussins moelleux. Je ne prends pas la peine de l'inviter à faire de même, observant ses réaction avec attention.

- La Justice, la Lumière, de bien jolis concepts qui justifie tout et rien, brandis par de nombreux groupements armés tel que le notre... Cela n'explique en rien pourquoi vous leur avez préférer le notre.

Je marque une pause avec un sourire matois.

- Vous me semblez être d'une martialité à toute épreuve! Vous avez pourtant travaillé au sein de la Boussole aux Chimères auparavant. Quelle "Justice" et et quelle "Lumière" avez vous pu trouver au milieu de ses explorateurs patentés ?

Je bats des cils.

[Elisabelle]

Elisabelle regarda les coussins en réprimant un sourire. Restant debout, face à son interlocutrice, elle pinça les lèvres à la question et à la remarque sur la Boussole aux Chimères, mais répondit aussi calmement que précédemment.

-Auprès de la Boussole aux Chimères, je remplissais le rôle de garde du corps de notre chef Orlian, puis celui d'Officier chargé des Ressources. J'ai toujours considéré que la protection des justes et des sages était la première expression de la Lumière. Orlian m'a proposé ce poste dans sa confrérie et j'ai accepté pour découvrir un autre aspect de la vie d'un Paladin. J'ai manifestement échoué dans ma mission de protection...

Se reprenant rapidement, elle redressa la tête et planta son regard dans celui de la recruteuse.

-J'ai beaucoup voyagé depuis notre... arrivée en Azeroth. J'ai parcouru les terres qui furent autrefois le royaume de Lordaeron, et j'ai vu les dégats que le Fléau leur a infligé. C'est révoltant, et je souhaite aider à voir refleurir ces terres, à bouter hors d'Azeroth, et hors de la vie, les créatures impies qui les parcourent. C'est là, je crois, une excellente manière de servir la Lumière et d'appliquer sa Justice. Et un paladin de plus dans un bataillon ne peut pas faire de mal... sauf s'il est dans l'autre camp!

S'autorisant un sourire, elle resta droite, mais moins raide, le regard toujours rivé à celui de la jeune femme.

[Lomah de Sangre]

Je souris en coin.
Nous sommes interrompus par le toc toc discret à la porte d'un page amenant avec lui un plateau de collation sur lequel trône un service à thé, dont une théière fumante diffusant un arôme fin et particulier -les mélanges d'Hadjirah seront toujours les meilleurs- et quelques scones tout chaud sortis du four.

J'attends patiemment qu'il débarrasse le plancher pour poursuivre :

- " Echoué dans votre mission" ? Expliquez-vous ...

[Elisabelle]

Elisabelle regarda entrer puis ressortir le page. Le thé fumant embaumait la pièce, et des gateaux étaient disposés sur une assiette d'une manière bien arrangée. Le page ressorti en laissant plateau, après un bref salut, et referma la porte. Lorsqu'elles furent de nouveau seules, la jeune femme revint à leur conversation et demanda doucement:

- " Echoué dans votre mission" ? Expliquez-vous ...

Prenant une grande inspiration, la paladine répondit d'un ton neutre, presque apathique, refusant d'exprimer un quelconque sentiment:

-Notre chef a trouvé la mort au cours d'une aventure. Il était parti seul sans nous prévenir, mais j'aurai du savoir où il allait, et le suivre pour faire mon devoir. J'ai échoué à le protéger, je le reconnais, et j'en porterai la honte. Je ferai tout ce qu'il faudra pour que ça ne se reproduise pas.

Pinçant les lèvres, elle ne dit rien de plus. Attendant la réaction de son interlocutrice, elle se retint de bouger son bras gauche endolori par sa dernière bataille.

[Lomah de Sangre]

Je me contente d'un haussement de sourcil et d'une compassion de façade.

- Oh, le petit nain est mort ? Il était amusant...

Je change de sujet aussi rapidement que l'évocation de la pluie et du beau temps.

- Vous avez une formation martiale -qu'on testera au besoin-, une certaine loyauté envers la cause que vous choisissez de défendre - c'est un bon point pour vous - bien que vous souffrez d'un certain manque d'implication personnelle. C'est toujours rassurant de savoir que nos hommes sont mues par des motivations... "efficaces". Vous êtes certaines de n'avoir aucun parent proches ou amis ayant souffert du joug de Sylvanas ? Enfin, peu importe, on fera avec. Nous ne sommes pas friand d'âmes vengeresses de toute manière. Ça occasionne toujours un peu de désordre. Tout est affaire de dosage, voyez-vous ?

Je souris, un sourire automatique et dépourvu de chaleur. Je sens que mon interlocutrice n'est pas sur la même longueur d'ondes.

- Vous ne voyez pas , ça n’est pas grave ! Vous connaissez un peu notre mode de fonctionnement ?

[Elisabelle]

Se retenant de hausser un sourcil, Elisabelle répondit au sourire de son interlocutrice.

-A mon sens une trop grande implication personnelle est source de danger. Je m'en abstient autant que possible et quand il le faut.
En ce qui concerne l'organisation de votre Ordre, il me semble y avoir une hiérarchie militaire habituelle. Des soldats du rang, pour servir les supérieurs et défendre la garnison. Des militaires plus gradés, pour les batailles et les missions, des officiers de différents rangs pour diriger. C'est du moins ce que j'ai pu observer de l'extérieur, lors de nos rencontres passées.