Ce pli, au grain épais et gainé d'une enveloppe au papier d'une qualité tout à fait indécente, portait le seau inimitable de la compagnie sus-citée : un extravagant haut-de-forme à cheminée devant un engrenage.
Il indiquera pour tout destinataire la connétable de l'Ost Pourpre, Aurys de Nor Laedro.
Très chère dame,
Cela fait bien trop longtemps que je ne suis plus venu aux nouvelles. Pas depuis, à vrai dire, que je vous rencontrai à votre retour de cette exubérante "Draenor alternative" pour vous remercier de vous être assurés, vous et votre ordre, de la sûreté de ma merveilleuse soeur -bien que celle-ci me soutienne corps et âme qu'elle n'avait besoin de personne. Mais vous savez comme moi comment sont les jeunes.
J'espère sincèrement que vous me pardonnerez ce douloureux mutisme : les affaires sont ce qu'elles sont, comme vous pouvez l'imaginer, et m'ont tenu éloigné du Sud pour une certaine durée.
A cet effet, me voici à vous écrire, curieux de la tenue de votre ordre et de la bonne santé de vos gens. Vous n'êtes pas sans ignorer, je gage, les incursions par trop incessantes des hordes démoniaques ces derniers temps m'ayant porté à nourrir une ardente angoisse à votre égard, vous qui jouxtez une zone sinistrée. La fin du monde est tout à fait regrettable, je vous l'accorde, mais vous n'imaginez pas comme je ne manque plus de cobayes pour peaufiner mes artilleries. Réjouissons-nous dès lors qu'au moins une personne trouve son compte dans la situation actuelle.
Après tout, les guerres sont l'apex de la recherche et du développement. La militaire de renom que vous êtes ne pourra qu'être d'accord avec moi.
Cependant que nous nous occupâmes, mon humble compagnie et moi-même, à délester les Carmines des quelques dissidents démoniaques ayant voulu s'y infiltrer, Hurlevent m'a fait savoir que son Etat-major souhaiterait s'entretenir avec mon auguste. Et, dans mon inexpugnable magnanimité, j'ai décidé de leur accorder cette entrevue. Votre délicieux bastion ayant la chance de se trouver tout juste à un crochet de la route menant depuis ma demeure jusqu'en la capitale sudiste, je me fais fort, avec votre accord, de vous rencontrer en personne.
Je rejoindrai la forêt d'Elwynn dès ce samedi, le vingt-sept août, pour y rester jusqu'au mercredi de la semaine suivante. Je m'engage, naturellement, à libérer un soir à votre intention durant cette période. Soir dont je laisse la date à votre convenance.
J'imagine que vous devez vous languir de ma compagnie autant que je le fais. Nous trouverions là l'occasion d'échanger sur nos patries communes, et quelque menu projet dont il me brûle de vous toucher mot.
Faites-moi savoir votre avis. Et de grâce, épargnez-vous la forme : un simple billet avec réponse, date et lieu me conviendra amplement. Vous savez comme je suis homme de peu de scrupule, après tout.
Avec l'entièreté de mes sentiments,
Votre ami et éternel allié, F. Steelwood.