Où l'art de s'attirer des ennuis

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Alrunee
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Où l'art de s'attirer des ennuis

Message par Alrunee »

Si j'avais sû dire non, je n'en serais pas là en ce moment présent, à baisser le bord de mon chapeau mangé par trop d'années de bons et loyaux services sur d'autres têtes que la miennes. Je le porte fortement enfoncé sur le crâne depuis que je l'ai trouvé au fond de la caravane de Ruuna, mais je crois qu'aujourd'hui je pourrais toucher le tissu du bout de ma langue.

Je m'étais promis de ne jamais revenir vers l'Ost, en vérité. De ne plus l'approcher, d'en éviter chacun des déplacements comme la peste. Cela pouvait sembler assez suspect si l'ont considèrait le poste que j'y avais occupé mais c'était ainsi : ma nouvelle vie n'autorisait pas le Pourpre brodé d'or. Plus pour eux que pour moi en fait, ne m'y sentant plus à ma place au vu de trop nombreux écarts et de quelques aventures personelles chaotiques qui avait entraîné dans ma vie un "je-ne-sais-quoi" d'incertain et de détestable. J'étais pourtant bien en face de l'imposant bâtiment de la Garnison du ruisseau de l'Ouest et je venais de faire en sorte d'être la plus discrète possible alors que je passais tout à côté de Rainer, trop occupé à parler avec Léonard et Lucie de la vie dans les rues d'Hurlevent. Léonard m'avait présentée vaguement comme une aide à la boutique et l'adjoint trop prit dans la discussion ne fît qu'un bref "hm hm" affirmatif avant de s'étendre sur les merveilles gobelines concernant les tailles de moustaches au barbier.
Je passais donc les portes en baissant la tête, concentrée sur mes pas et le chapeau que je ne cessais de tirer vers le bas. Tâtonnant de mon bâton sur le sol, je repérais ma route tout en guidant la mule qui portait la livraison hebdomaire de céréales destinée à l'Ost. Alors que nous passions la cour et que les enfants saluaient quelques soldats, je me maudissais de ne pas avoir sû refusé à Herbert un service. Je n'ai jamais vraiment sû dire non.


Herbert était l'agriculteur qui fournissait avoine, son et autres denrées du même acabit à l'armée enclochée et était aussi un ami que j'avais rencontré quelques mois auparavant dans les Grisonnes où il négociait quelques ventes. J'avais sympathisé avec ce gaillard à la voix puissante et à la barbe fournie - enfin, d'aprés Ruuna - qui tenait une sorte de succursale à Hurlevent et qui m'avait proposé de passer dans la capitale rencontrer femme et enfants. Invitation retenue certes mais honorée trés tard, lorsque je fûs enfin assez courageuse pour revenir en ville. Herbert m'avait hébergée, fourni un travail assez aisé même pour une aveugle et m'avait laissé en paix. J'avais donc fait la connaissance de ses enfants Léonard (un gamin roux de 15 ans qui ne cessait de s'entraîner avec une épée de bois qu'il avait toujours de passée à sa ceinture) et lucie, une pétillante petite aussi rousse que son frère alors qu'elle était agée de cinq ans de moins. Je m'entendais bien avec les gosses, qui me prenaient pour une gentille chasseresse-bûcheronne du Norfendre. D'aprés eux, j'étais venue à Hurlevent chercher l'aventure et Léonard s'était même mit en tête de "m'apprendre quelques passes à l'épée". Je m'étais prêtée au jeu de bonne grâce et était devenue son élève attitrée. Il en était content et quelque part, ces échanges bon enfant me maintenaient en forme.
Et puis ce matin était arrivé, où Herbert m'avait demandé d'escorter les enfants de la ville jusqu'au bastion. En effet, l'homme qui se chargeait habituellement de cette tâche était tombé malade et l'agriculteur barbu craignait (quelque part à raison) pour la sécurité de ses enfants lors du trajet. D'aprés Herbert, personne ne serait assez salopard pour s'en prendre à une foutue aveugle - ce qui dans son vocabulaire était un compliment. Il me savait surtout assez débrouillarde pour chasser et me défendre au coeur des Grisonnes et estimait que je pouvais mettre cela à profit (non sans sous-entendre parfois que je n'étais sûrement pas aveugle et que je mentais superbement sur mon état, chose qu'il savait impossible pour une raison bien précise). J'avais rechigné à accepté au départ, mais le bonhomme avait sû me convaincre de son ton mielleux... Avant de me préciser que notre destination était le bastion. Traître. Herbert savait que je ne voulais rien avoir à faire avec les institutions militaires, prétendument parce que j'avais l'armée en horreur. Il m'avait eue, et je ne pouvais me résoudre à laisser les enfants seuls. Grommellante, j'avais donc saisi mon bâton et avait emboîté le pas aux mômes pour me retrouver là, devant la petite entrée qui menait aux arrières.


Des soldats aidaient Léonard à décharger alors que je papotais avec Lucie sans trop élever la voix de peur qu'on ne la reconnaisse. Ca semblait passer parfaitement et je caressais de plus en plus l'espoir de n'avoir fait qu'une visite incognito lorsque la petite se mit en tête d'aller courir dans l'étendue terreuse qui servait à l'entraînement des recrues. Là, elle se mit à taper avec un bâton sur les mannequins et je fûs bien obligée d'aller la chercher, non sans simuler plus que d'habitude le handicap réel qui découlait de ma cécité.

- Tu sais quoi, Rune ? Ben Léonard y veut s'faire engager dedans chez l'Ost ! Y m'la dit ! Y t'apprends à épétiser les méchants z'aussi, tu pourra p'têt te faire entrer dedans tout pareil, nan ?

Tapant toujours pour mimer maladroitement des tailles d'épée, Lucie parlait fort pour couvrir le son des impacts qu'elle produisait. Moi, je me contentais de me hâter vers elle pour m'agenouiller afin de me mettre à son niveau pour chercher à canaliser un peu ses ardeurs qui commençaient à agcer quelques soldats. Si un ostien débarquait ici, je doutais de pouvoir limiter la casse.

- Je ne suis pas faîte pour ça, tu le sais bien. L'armée, les batailles... Tu as de drôles d'idées, Lucie. Comment une aveugle pourrait se battre, voyons ? Allez viens, retournons voir Léonard pour...

Je n'eu que le temps de baisser la tête pour éviter le coup circulaire manqué qui avait entraîné Lucie dans son propre mouvement. Mon chapeau en fît les frais et bougea assez pour libérer de longues mêches couleur de lait (certes, lait un peu grisâtre vu que j'apportais peu de soin à mon apparence comme en témoignaient mes vêtements usés et fatigués, rapiécés ça et là) et dévoiler un peu plus mes longues oreilles.

- Oh, pardon Rune ! J'ai pas tapé ta tête, dis ? Ca va, Rune ?

- Ca va, ne t'en fais pas. Aide moi à remettre mes cheveux en place, tu veux ?

La mine sûrement un peu coupable, elle obtempéra et passa derrière moi pour réajuster maladroitement ma tignasse dans sa prison de cuir élimé. De mon côté, je m'inquiétais. Si quelqu'un avait fait un quelconque rapprochement ? Si quelqu'un avait eu une illumination ? Si quelqu'un...
Me concentrant sur mon souffle pour me reprendre, je me calmais du mieux que je le pouvais. J'étais sensé être morte, sûrement entérrée et peut-être même incinérée et dispersée aux quatre vents. "Alrunee" n'était plus qu'un souvenir alors que "Rune" la paysanne était mon présent.


Mais mon frère le disait souvent : "un loup déguisé en poule reste un loup et tout le monde fini par le savoir, p'tite tête !"

En même temps, ça valait ce que ça valait, mon frère m'ayant aussi dit une fois que je finirais étripée, par lui de préférence.

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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

Journée difficile.
Mes élèves sont soit stupides, soit machiavéliques. Je dirais un peu des deux, même si poser un regard sur la moustache rose de Kibby fait fondre en moi toute colère. Ce petit homme a un pouvoir...
Le fait est que leur apprendre le commun écrit et parlé, le calcul et un semblant de bonnes manières relève malgré tout de la prouesse. Et de l'abnégation.

Et depuis quand le Dragon roux est-il réputé pour sa patience ? Je vous le demande. Si un jour ma fille s'emploie à de telles diarrhées verbales, je lui coupe la langue.
Idée à creuser. Je la note pour plus tard.

La torture trouve finalement sa conclusion, bien heureusement pour mon début de migraine. Prendre l'air me ferait le plus grand bien. Asticoter Rainer, serait sans doute le remède idéal.

- Louis -c'est mon petit secrétaire, celui qui a tenu le plus longtemps à ce poste en tout cas- Préparez-moi les dossiers de recrutement en cours. J'ai une audience avec l'Administration militaire d'Hurlevent à 15h, préparer une lettre de doléances pour l'occasion, et passez chez le teinturier retirer ma robe turquoise.

- Dois-je également ouvrir votre courrier ?

- Non... Mais ne vous encombrez pas des avis de créances.

- Bien Madame.

Je l'aime bien ce Louis. Silencieux, efficace et la tignasse soigneusement peignée. On fera quelque chose de ce petit. Et ce pour pas cher....

Je m'avance donc d'un pas décidé dans la cours, faisant bruisser ma robe de taffetas mauve et noire à broderies d'or, celle qui fait loucher les gardes à chaque frou-frou. Évidemment l'effet est immédiat, et les coups de buttoir sur les mannequins en bois se font soudain moins "enthousiastes".

Aaah qu'il est bon d'être Lomah de Sangre !

Tiens ? Que vois-je ? Une petite rouquine et un mendiant dans nos rangs ? La fillette joue au chevalier de manière désordonnée- Les enfants sont toujours désordonnés et imprévisibles, c'est ce qui les rend à la fois fascinants et parfaitement agaçants.- et envoie tout d'un coup valdinguer le chapeau de son compagnon. Une compagne en fait. Une elfe. Avec des cheveux blanc.

Alors qu'elle tâtonne le sol à la recherche de son couvre-chef et que la gamine l'aide tant bien que mal à se recoiffer, je m'aperçois de ses yeux éteints. Elle est visiblement aveugle.

Les handicapés m'indiffèrent au plus au point, mais la vue de celle-ci provoque en moi un vide inhabituel.
Plus que du vide.
Du rien.
Comme si la mémoire de ma chair s'était soudain figée dans la paraffine. Une bougie éteinte dans un trou noir. C'est si étrange que j'en éprouve finalement un certain malaise. Il faudra que je parle à père de ce léger "dysfonctionnement".

Évidemment l'autorité naturelle de la Baronne, reprend vite le dessus.


- Puis-je savoir ce vous faites ici ?
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Alrunee
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Message par Alrunee »

Lucie s'affaire rapidement à la tâche alors que mon calme est parfaitement revenu. On dira ce qu'on voudra, affronter des cr"atures difformes et malsaines est une excellente école pour ce qui est de canaliser ses accès divers. Face à certaines engeances l'excitation ne sert à rien sinon à se faire trancher un membre où deux et il vaut mieux rapidement apprendre à garder la tête froide pour ne pas finir éclopé. Ce que j'ai fais dès mon jeune temps dans l'espoir -futile mais moteur- de devenir la plus grande guerrière au monde. Ce qui ne m'a pas apporté que du bon c'est vrai mais aujourd'hui, cela s'avère pratique. Les petites mains de ma compagne font ce qu'elles peuvent pour réparer leur bêtise et y parviennent presque correctement. Estimant mentalement que le camouflage est assez convaincant pour ne pas être inquiétée, je demande à Lucie d'arrêter avant de me relever doucement.
Et alors que je lui saisi la main afin qu'elle me ramène à la mule qui depuis le temps doit être prête à faire le chemin inverse à celui qui nous a amené ici, une voix retenti. Sèche, autoritaire. Connue, aussi. C'est surtout ça qui me fait me raidir, mes doigts enserrant trop fort ceux de Lucie. De toutes celles qui auraient pû assister à la scène, c'est elle qui s'approche. Je ne l'ai pas sentie arriver, je ne l'ai pas "vue". Si elle avait été armée, je serais maintenant morte.
Toutefois, je connais assez bien l'héritière des Arcanes de Sangre pour savoir qu'elle manie sa langue avec une dextérité d'assassin. Je n'ai pas de quoi l'affronter sur ce terrain, je n'ai rien pour lui faire face de façon convaincante. Mais je ne peux éviter la confrontation qui s'annonce : autour de nous, quelques gardes ont cessé l'entraînement pour regarder la scène, trés certainement sur la défensive aprés l'injonction de leur supérieure
.

Je vais donc affronter Lomah sans arme et avec un sévère handicap. Charmante perspective.
Contre toute attente et alors que je forçais sur ma gorge dans l'espoir de rendre ma voix plus rauque, Lucie pousse un petit cri de douleur en se détachant de ma poigne d'un geste sec.


- Rune, tu fais maaaal ! Ca va pas bien de serrer tout fort comme ça ?

Elle maugréé et je suppose que son regard croise celui de Lomah car je ressens le trouble de la petite qui répond à sa question toute penaude alors que moi, j'en suis toujours à chercher mes mots.

- Euh.... On est les livrateurs de céréales, m'dame... On faisait rien de mal... Pardon...

Je vais devoir la sortir de là. Depuis quand je refuserais d'aider quelqu'un dans le besoin ? Mon chapeau n'a fait que bouger, je suis persuadée que Lomah n'a rien vu. Mes yeux sont à présent plus que mort, je suis persuadée qu'elle n'a rien vu. Et puis tant pis.
Je pose ma main sur l'épaule de Lucie qui saisi instantanément un de mes doigts pour se rassurer tandis que je me mets face à la Baronne. Le chapeau vissé sur le haut de mon visage l'empêche de discerner mes traits, sauf peut-être le bout de mon nez. Je me lance.


- Désolée, dame. Mon amie est un peu remuante mais elle ne dérangera plus l'entraînement de vos gens. Nous accompagnons effectivement le livreur de céréales et nous allons par ailleurs aller le retrouver. Salutations, dame.

Je m'écarte avant que Lomah ne réponde, espérant que ça suffira. Pour mon changement de voix, c'est raté mais tant pis. Je suis morte, non ? Ca ne peut pas être moi face à elle et je compte beaucoup sur cet état de fait.

- Ruuuuune ? Si la femme avait été vilaine avec moi, tu l'aurais tapée avec une épée, dis ?

- Une épée de bois marche mal contre une flamme vorace, Lucie.

Ca m'a échappé. Je sais, évoquer la magie de Lomah alors que je ne suis sensée être qu'une paysanne plus où moins illétrée risque de faire sauter le vernis fragile de ma couverture, mais je n'ai pas pû m'en empêcher, c'est quelque chose de naturel chez moi lorsque mes pensée viennent parfois vers la rousse : je la vois danser dans des flammes, je la vois naître des braises incandescentes.
Et là, ces feux risquent de consumer ce que j'ai mis tant de temps à construire : moi-même.

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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

- Euh.... On est les livrateurs de céréales, m'dame... On faisait rien de mal... Pardon...

- Même pour livrer des céréales tu me parais un peu petite...


Ces paysans !
Certains offusquerait du travail forcené qu'ils confient à leurs rejetons dès leur plus jeune âge. Pour ma part je n'ai que faire des droits des chiards et je trouve l'idée lumineuse. Occuper ces sales bêtes par l'effort et la sueur les empêche de crier et de remuer.
Qu'on ne se méprenne pas sur ma réponse, je trouve juste que le choix d'une frêle gamine pour une telle charge manque un tantinet d'esprit de gestion des ressources humaines.


- Désolée, dame. Mon amie est un peu remuante mais elle ne dérangera plus l'entraînement de vos gens. Nous accompagnons effectivement le livreur de céréales et nous allons par ailleurs aller le retrouver. Salutations, dame.

Je me tourne vers l'aveugle, vouté sur elle même. Diantre, pourquoi tous les gens diminués se complaisent à alimenter leur allure de souffreteux victimes de la fatalité ?! Regardez-moi ces guenilles,...
Les gens qui ploie devant moi en croyant résister à la tempête me donne envie de les piétiner d'avantage.
Note pour plus tard : éradiquer les faibles. Il sont ennuyeux et disgracieux.


- Les enfants sont toujours remuants. Dressez-là mieux pour la prochaine fois. Et évacuez cette cour. Nos soldats n'ont pas besoin d'être déconcentrés lors de leur entrainement.


La petite me regarde offusquée et se tourne en chuchotant vers son accompagnatrice. Vous savez ces chuchotements de gosses qui ne savent absolument pas baisser la voix malgré tout le souffle qu'ils y mettent.


- Ruuuuune ? Si la femme avait été vilaine avec moi, tu l'aurais tapée avec une épée, dis ?

J'allais répondre un cinglant : " Je peux toujours essayer de l'être ma chérie...",mais la diatribe de l'elfe m'en empêche soudain.

- Une épée de bois marche mal contre une flamme vorace, Lucie.

Encore cette étrange sensation d'absence. Comme si malgré le classement impeccable d'Hadjirah, je n'arrivais plus à trouver mes fichiers...

Bah, je commence à être connue comme le loup blanc dans les environs. Surtout depuis l'altercation entre Isis et Jonas à la taverne. Il faudra que je m'occupe du cas de cette "apprentie" tombée du ciel d'ailleurs.
Note pour plus tard : Je dois me faire aux affres de la célébrité. C'est l'apanage de tous les grands. Ma modestie n'est pas de bon ton.

J'offre un sourire parfaitement éclatant à l'aveugle qui pourrait presque le distinguer dans l'obscurité de sa condition. Il faut bien récompenser les petites gens qui vous gratifient de leur admiration ! Ah Lomah, ta mansuétude est si admirable !


- Je vois que vous savez à qui vous avez à faire. C'est une bonne chose. Mais veillez à ne plus déranger les gens qui ont la responsabilité de veiller sur vous et votre avenir. Nous sommes des gens très occupés.


Je les chasse gentiment d'une décharge de battements de cils orchestré avec maestria.
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Alrunee
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Message par Alrunee »

Je n'ai jamais réellement pensé du mal de Lomah, que ce fûsse aux débuts agités de notre relation où dans les pires moments que nous avions toutes deux traversé chacune de notre côté, rarement ensemble. J'ai même toujours entretenu pour elle un respect muet qui avait longtemps nourri l'intêret que je lui portais avant que notre relation ne joue les équilibristes entre quelques sentiments que j'estimais jusque là comme étant interdits. J'aimais Lomah autant que je la haïssais, mais je n'aurais jamais permis à mon coeur de l'insulter où de la rabaisser. Et si j'avais dû affronter les minions d'Arthas à moi seule pour laver son honneur, croyez bien que même Deuillegivre aurait eu à craindre le chant de mes lames. J'avais plus d'estime pour elle que pour moi, c'était certain. Lomah m'avait ôté le fardeau de Dunys, Lomah qui avait été autrement plus esquintée par la vie que moi-même. "Ma" Lomah, n'en déplaise à Hadjirah où tout autre.

Pourtant, cette Lomah çi était mauvaise. Celle qui venait d'évoquer un dressage comme un moyen d'éducation, celle dont le ton était plus acide que la morsure d'une rampante. Je t'ai connue, Lomah. Dans tes meilleurs jours comme dans les pires. Je t'ai connue et mon coeur me souffle que tu n'es pas exactement elle, ce que mes yeux confirme. Je te vois teintée de couleurs sombres, drapée dans un pastel terne. Cette sensation est inexplicable et pendant quelques instants je me dis que la situation influence sur mes facultés et mon jugement.
Je ne réponds pas, préférant mettre rapidement de la distance entre le bastion et moi. C'est aprés quelques pas que Lucie me souffle peu discrètement quelques mots auxquels je réponds sans chercher à cacher mes propos. Bien entendu, la Baronne n'est pas sourde et s'empresse de rebondir.
Effectivement, si ce n'est pas exactement Lomah (curieuse impression en vérité), c'est quand même un peu elle. La réponse lui correspond, bien que le fiel que j'y sente ne m'évoque pas la satané humaine.


Je stoppe net, ce qui surprend Lucie qui manque de tomber. La petite râle et me lâche la main, préférant rejoindre son frère toujours à travailler. De mon côté, je serre davantage ma prise sur le bâton d'aveugle que je n'ai à aucun moment lâché. Les soldats se sont tous stoppés maintenant, attendant peut-être l'ordre de me mettre à la porte où celui de me rosser proprement pour avoir osé adresser la parole à la rousse. Son pouvoir sur les hommes a toujours été puissant, c'est vrai.

A cet instant, je suis consciente que le silence et la soumission me permettraient de repartir vers Hurlevent sans même qu'on sache que j'ai un jour accompagné l'attelage de Léonard et Lucie. A cet instant également, je réalise que je regretterais amèrement de ne pas avoir répondu à Lomah. Raison où fierté, mon choix s'impose de lui-même.

- ...Et depuis quand est-ce que tu veille sur quelqu'un d'autre que toi, Rouquine ?

Tout en parlant, j'avais tourné un peu la tête pour offrir à sa vue le profil de mon visage, sur lequel avait fini par retomber une mêche de cheveux.
Pour le coup, c'était peu discret de ma part et sans aucune finesse. D'ailleurs les soldats n'avaient pas apprécié cette familiarité et certains - les plus zêlés sûrement - s'étaient déjà avancés vers moi pour me barrer la route, attendant l'ordre d'agir. Je n'avais envie de me battre avec personne mais je m'estimais assez en forme pour remettre quelques gamins en armure à leur place si il l'avait fallu.


- Sur ce, je vous laisse à vos occupations.

Je recommence à avancer. Nous verrons bien.

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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

Les elfes sont vraiment une sale engeance.
Même réduit à rien, aveugle et souffreteux, leur égo centenaire ne peux pas s'empêcher de venir mépriser les petits humains que nous sommes pour nos brèves gesticulations qu'ils jugent puériles. Nous sommes des punaises hystériques face à la longévité de leur vie.
Mais nous au moins, nous savons vivre.

Deux fois !

Je me contente de hausser les épaule face à l'insignifiance de cet être en face de moi dont je découvre soudain le visage. Un visage qui ne fait appelle à aucun des souvenirs qui ont longtemps pétri cette chair. Je lui souris donc à cette pauvre chose que l'aigreur égare.
On devrait me décerner une médaille, bon sang ! Je ferais valoir cela au prochain Concile des Officiers.

Forte de cette idée, je tourne les talons, mon esprit accaparé par quelques nobles tâches. Les petit céréaliers, eux, sont déjà oubliés...
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Alrunee
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Message par Alrunee »

C'est tout ? Je veux dire... Tout ça pour ça ? La conclusion me laisse dubitative et perplexe. Lomah qui ne creuse pas davantage le sujet, Lomah qui ne tente pas de se mettre davantage en avant -si on écarte sa superbe façon de rompre toute discussion, qui a quelque chose de magnifique et de franchement vexant... Je m'arrête à nouveau, pour m'assurer que je n'ai rien manqué. Mais non, l'échange se termine là. Brutalement, sommairement.
Douloureusement, aussi. Un peu. Soit la Rouquine ne sait pas qui je suis, soit elle s'en contrefiche parce que je fais partie d'un passé enterré sous les fondations du bastion. A la reflexion, je penche pour un mélange de tout ça. A parler franchement, ça me laisse un goût amer dans la bouche. Je n'attendais rien, pourtant je ressens un léger malaise, un sentiment de vexation. Devrais-je la rattraper pour lui crier mon nom ? Devrais-je tenter de mettre en avant ce qui nous avait uni par le passé ? Devrais-je jetter à terre mon chapeau pour lui révéler mon visage aux yeux lardés d'une cicatrice qui zèbre également l'arête de mon nez ? Non, bien sûr que non. Je suis partie et personne n'avait pensé que je reviendrais. C'est là un juste et douloureux retour des choses. On paie ses erreurs tôt où tard et généralement pas au meilleur moment. Héhé... Tout ça manque tout de même un peu de gloire.


Aprés un instant, je reprends ma marche pour rejoindre Léonard et sa soeur sous les yeux des gardes qui décident que nous n'avons rien de bien inquiétant. La mule repart dans l'autre sens délestée de quelques kilos de céréales et nous traversons la cour en silence alors que je rumine. Drôle de situation, non ? Je ne voulais pas revenir, mais je regrette presque d'en repartir aussi anonyme. Finalement, je ne suis peut-être pas aussi humble que je l'avais estimé. Voilà qui me donnera matière à méditer les jours prochains.

Nous sortons tranquillement du bastion et je vois Rainer en grande discussion. Une recrue potentielle, sans doute. M'écartant un peu de l'attelage, je m'approche à tâtons du muret sur lequel ce bon vieil adjoint est accoudé. Il me remarque à peine, comme il n'a pas dû voir la petite plaque de métal que je pose sur la pierre.
L'emblème de l'Ost, gravé à mon nom. Un souvenir, un porte-bonheur. Avant.
Ceci fait, je rejoins les gamins qui m'attendent et m'appellent à grands renforts de gestes amples et de "Ruuuuuuuune !" lancés sur un ton joyeux. Nous irons sûrement jouer avant de rentrer en ville.


Et alors que nous entamons le chemin, je tourne la tête vers la direction du bastion, lâchant quelques mots plus pour moi qu'autre chose.

- Ce qui est mort doit vraiment le rester, je crois....

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