["Alieno Tempore"] Ch III :"In fine"

De l'Abbaye de Comté du Nord au Camp des bûcherons, de la Lisière à la Tour d'Azora, la Forêt d'Elwynn est propice aux balades et aux rencontres.
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Freckles
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["Alieno Tempore"] Ch III :"In fine"

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Cycle "Alieno Tempore"

Chapitre I : "Mon nom est Freckles"
Chapitre II : "Correspondances"

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Extraits du journal de Freckles

On m'appelle Freckles.
Mais ce n'est pas mon vrai nom.

Mon véritable patronyme se perd et n'a plus vraiment de signification. Je ne suis plus cette jeune fille et je ne le deviendrais plus désormais. Les miens sont morts. Ont-ils seulement jamais existé ? Le temps peut-être réécrit. Il le peut et il l'a été. Dans sa sa grande cruauté ou son ironie, il m'a laissé comme seule souvenir de ce que mon monde fut, ou risqua d'être, selon le point de vue. Je suis jeune, j'ai 18 ans. Et pourtant je suis une antiquité.

Le Temps m'a transformée.

Le Temps.

Autrefois, pour moi, il fut court, d'une intensité tel que peu le comprenne : chaque minute, chaque seconde était à savourer. Nous pouvions mourir à tout instant. Mourir et se relever.
Il fut l'espoir, l'espoir de changement, de salut.
Il fut également dépit et tristesse.
Le temps est et fut mystère.

Et à présent je le trouve si long, si routinier qu'il m'a laissé croire au confort de ma position. Il m'a laissé croire que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, que je pouvais oublier la raison de mon voyage.
Voilà presque un an que je suis le valet de pied de la Connétable Aurys de Nor laedro. Cette dernière est toujours en vie. Elle ressemble assez peu aux souvenir que j'en avais, cependant les images résiduelles de l’enfance sont toujours sujettes à caution. Je me suis montrée discrète et prudente, au cas où la Dame de Sangre ferait une enquête de routine sur ma personne. Mon inquiétude s’est avérée infondée où du moins n'ai-je jamais eu à subir les conséquence de la méfiance naturelle du Dragon Roux. Je fus amenée à comprendre par la suite que pour une raison obscure, le Chambellan se méfiait d'avantage de la Connétable que du reste de ses hommes. Elle l'avait fait mettre sous surveillance constante, ce qui m'incluait par défaut - et me laissait croire à ma parfaite insignifiance. Néanmoins, Aurys était maligne et savait parfaitement se ménager des instants d'intimité secrète qui devaient faire rager l'auguste Baronne.

La Baronne de Sangre, le Dragon Roux, Lomah.
J'ai un esprit cartésien. Mes raisonnements sont logiques, fondés sur l'observation. Mais je ne peux pas évoquer cette femme sans laisser une poignée de sentiments confus me troubler. Je ne peux même pas les confier au papier sans devoir bruler ensuite les quelques lignes que j'aurais écrite.
Elle souffre.
Elle souffre sans discontinuer et de manière croissante depuis un an. L'Anomalie puise en elle jusqu’à sa dernière goutte d'énergie, elle se nourrit de la probabilité que la Baronne soit enceinte et accouche, du fils de Kothran Merath, Gabriel. Je dirais pour un néophyte que les entrailles du Chambellan abrite un vortex temporel instable qui alimente comme une pile électrique gnome l'Anomalie qui jusque là n'avait fait que picorer les résidus temporels qui accompagnent chaque Voyageur du temps, même ponctuel. Malgré tout, malgré l'épuisement, cette femme parvient à jouer son rôle avec constance celui d'une femme détestable, hautaine, à la langue cuisante comme la morsure du fouet, usant et abusant de son post haut placé et de ses charmes. Ses sauts d'humeurs, devenus légendaires, n'ont éveillé les soupçons de personnes, outre son compagnon : Kothran Merath.

Le Lieutenant Merath est actuellement, avec la Connétable, le seul à connaitre mon identité. Ce n'est pas le meilleur allié qui soit, mais c'est le seul que j'ai. C’est un homme simple, pour ne pas dire limité, au tempérament soupe-au-lait. Ce qu'il en comprends pas, il l'affronte avec violence. Pourtant les sentiments qu'il éprouve pour la Baronne sont réels et profonds. Comme ceux qu'il démontre envers sa fille unique : Karin, qu'il a adoptée.
Lors de notre dernier entretien, il m'a fait valoir que Lomah était malade, qu’elle avait tous les symptômes d’une grossesse sans les attributs physiques allant avec. J'ai eu grand peine à lui expliquer les causes du mal. C'était il y'a près de deux mois et nous étions approximativement au termes de la grossesse de la Baronne. Si actuellement elle continue de vivre, et la potentialité de voir naitre Gabriel avec, c'est sans doute -et ce n'est qu'un hypothèse- à cause de la structure particulière de son anatomie : posséder un noyaux d'élémentaire à la place du cœur vous offre une plus grande résistance et un pouvoir de régénération bien plus efficace. Mais pas illimité, hélas. Et la mort lente du Dragon Roux est toujours d'actualité, du moins tant que nous n'aurons pas solutionné le problème de "l’Anomalie".

J'ai pu repérer l'Anomalie assez rapidement. Étant moi même une anomalie temporelle, il m'a été facile de la "ressentir". Cependant en scientifique je ne me base pas sur de simple "ressentis". Il me fallait des preuves. J'ai mis cette année à profit pour tenir un cahier d'observations. Et a ma grande surprise, je suis étonnée que personne n'ait remarqué cette évidence :
Samaëlle Edenholme et Saewelune Edenholme partagent plus que le même patronyme : elles sont physiquement identiques et occupent le même point temporel mais leur occurrence est absolument impossible. On ne les verra jamais ensemble dans la même pièce : l'incongruité de leur présence côte à côte dégage une énergie répulsive qui les font s'éloigner l'une de l'autre à l'image de deux têtes d’aimant mises face à face.
Cependant ma présence ayant chamboulé le temps en créant deux trames de futurs coexistants, plongeant notre temporalité dans une sorte de bulle où plusieurs probabilités se développent en même temps, la force de cette énergie répulsive a tendance à s’amoindrir jusqu’à , selon mes calculs, disparaitre.
Le résultat de la prise de conscience physique l'une de l'autre des deux Edenholme aboutirait à un trou noir temporel qui aspirerait tout ce qui se trouve dans la zone de cette bulle. Bulle dont je suis manifestement l'épicentre.

Le Lieutenant Merath souhaite supprimer l'une, voir les deux femmes. Mais je ne suis pas certaine que cela ne déclenchera pas la création de ce trou noir. Et je ne vois pas de solutions transversale.
Entre autre, se pose la question de ma propre présence. Alors que j'ai jusqu’ici été toujours prête à mourir pour ma mission, cette année a fait fleurir une langueur, une envie de vivre paisiblement que je ne croyais plus jamais voir bourgeonner. Les grands desseins auxquels m'associe actuellement la Connétable m'ont offert un but constructif à atteindre auquel j'ai du mal à présent à renoncer.
Dois-je mourir pour le Temps ?
Je n'ai plus d'existence plausible, mais pourtant mon cœur bat, mon sang pulse dans mes veines, mes poumons se gorgent d’oxygène comme tous ces badauds, ces soldats, ces paysans, ces âmes multiples qui peuplent cet Azeroth.

Dois-je mourir pour le Temps après tout ce que j'ai sacrifié pour lui ?

Lomah de Sangre quand à elle est toujours maintenue dans l'ignorance et se consume tout doucement...
Une vie contre une vie.
Avec Gabriel.

Je ne fais pas le poids.

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Freckles
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Re: ["Alieno Tempore"] Ch III :"In fine"

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Dernière pensée de Freckles

+musique+

Mon monde.
Mon Temps.
Ma mort.

Avide de chair fraiche, les charognards se ruent sur moi. Ils s'attachent au concret : le sang qui coule sur mon menton, la bonne odeur de viande fraiche, la seule à des kilomètres alentours. Ils mordent, pétrissent, mâchent... Ils gavent leurs boyaux absents.

Les idiots !

Ils ne comprennent pas encore tout à fait que leur réalité n'existe déjà plus et s’effrite.
J'ai échoué. La potentialité de mon futur et du leur n'existe déjà plus. Le ciel s'obscurcit, les étoiles disparaissent. Le vent nous soulèvent et nous ballottent. Mes agresseurs son arrachés à mon corps comme des fétus de pailles. La terre grise se fend et se découpe, les eaux se tarissent. Nous ne somme plus matière, nous ne sommes plus rien. Nos corps régressent, évoluent, s'évaporent comme des bulles de savons en millions de particules improbables.

Mais mon esprit s'accroche.

Il s'accroche à cette idée terrible.
Il s'accroche à l'échec.
J'ai échoué car l'Anamolie a filé entre mes doigts comme ce sable rêche et infertile. Elle est repassée de l'autre coté du portail. Elle est partie. Et mon temps, lui a pris fin. Ma mission, mon père, nos espoirs, mes compagnon, ma mère, mon frère... Je n'ai servi à rien, à rien du tout. Je les ai tous condamné. La colère et la frustration m'anime et me retient d'imploser.
Alors que le néant m'entoure, vidé de tout sentiment et de tout substance, que mon corps n’est plus qu'un souvenir intangible...

Mon esprit s'accroche.

Mon esprit s'accroche.

Mon esprit s'accroche à des écailles.
Des écailles d'ambres.
Les dragons, les dragons sont là :Ils emplissent le ciel de leur ailes diaphanes, il migrent à travers le temps charriant avec eux tous les égarés, les âmes perdues, les insoumis.
Les Voyageurs du Temps renégats.
Ceux qui ont enfreint les lois.
Antique, antique dragons qui n'avaient plus rien à garder, vous perpétuer votre devoir malgré la défection de Nozdormu, malgré l'envol des Aspects. Et je vais affronter votre jugement.

Mon esprit s'accroche.
Il s'accroche à une nouvelle idée.
Oui.. OUI ! Jugez-moi ! Emportez-moi avec vous fier Vol de Bronze ! Faites de moi votre prisonnière, votre obligée ! J'accepterais toutes vos sentences, toutes vos peines ! Mais promettez moi une chose...

Que jamais mon esprit ne meurt.
Qu'à jamais, il demeure.

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Dans un autre temps.
Quelque part dans Azeroth et ses mondes.

Un chevalier valeureux revient seul et le cœur lourd d'un voyage nécessaire.
Une mère enfante, porte et accouche d'un fils en une poignée de minutes.
Une âme jumelle retrouve sa moitié et s'approprie son corps.



Une jeune femme se réveille d'un sommeil que ses proches croyaient éternel...

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Kothran
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Re: ["Alieno Tempore"] Ch III :"In fine"

Message par Kothran »

Parcourir la route, ça c'est quelque chose. Voir les kilomètres défiler les uns après les autres jusqu'à ne plus les compter. Tout semble monocorde une fois que vous avez atteint une certaine vitesse. Les silhouettes que vous apercevez vous apparaissent comme n'étant que de simple morceaux de cartons que vous pouvez balayer d'un coup de guidon. Arbres, piétons, animaux, les autres montures, bref...

En général ce genre de ballade rassurait le Lieutenant, lui vidait la tête et lui assurait un repos généralement bien mérité. Mais cette fois-ci, il était tracassé par ce qu'il venait de se passer : il venait d'abandonner à son sort l'avatar de sa fille. Il avait tout fait pour l’empêcher de passer ce fichu portail, tout, mais cette gamine avait tout de l'entêtement de sa mère. Elle n'avait pas prévu d'autre issue.

La dernière fois qu'il l'avait vu, c'était juste après avoir plongé sur Saewelune Edenholme pour la faire passer de l'autre côté. Le monde d'où cette gamine venait. Il se souvient d'un désert de mort, littéralement, des tas de cadavres qui errent sans but à la recherche infructueuse de quelque morceau de viande fraîche à se mettre sous la dent. Enfin, infructueuse jusqu'à aujourd'hui.

C'est à ce moment là que Kothran l'avait laissée. Karin lui hurlait de rentrer d'où il venait, que sinon, tout ça n'aurait servi à rien. Tandis que cette dernière retenait Rorschach aussi bien qu'elle le pouvait, le jeune homme décida qu'elle avait raison : tout ça, il l'avait fait pour Lomah. Tant pis si le futur de sa fille devait mourir, la sienne l'attendait déjà chez lui.

Toujours était-il que Merath n'était pas bien dans sa peau sur le chemin du retour, ce n'était pas son genre de jouer les lâches. Et puis il cherchait déjà des trucs à sortir à la Connétable et à sa femme quand on se rendra compte que deux personnes avaient mystérieusement disparues. En vain.

Le sable du désert de Tanaris encrassait les rouages de sa bécane, le forçant à s'arrêter toutes les heures, démonter son engin, et tout remonter à la main, sous un soleil de plomb. Cette journée était loin d'être finie et le voyage en bateau durerait au moins une bonne semaine, en attendant, il devra prendre son mal en patience. Heureusement pour lui, il n'était pas au courant des derniers événements qui venaient de se dérouler à la garnison du ruisseau de l'ouest. . .
"Hum... va pour 6...
Disons plutôt 7 !"
Ragthar et Kothran, en plein débat philosophique

Sama
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Re: ["Alieno Tempore"] Ch III :"In fine"

Message par Sama »

Samaelle écarta d'un geste rageur les fioles diverses étalées sur la paillasse d'alchimie. Leur contenu se répandit sur le sol en un liquide marron dont s'échappait une fumée nauséabonde. La paladine se dirigea rapidement vers un autre établi, saisissant une impressionnante seringue. La peau des mains et des bras commençait à se nécroser à une vitesse ahurissante alors qu'elle enfonça l'aiguille au creux de son coude.

-Ca tE fAit riRe, j'iMagiNe, sTupiDe créatUre!

La silhouette ailée qui luisait doucement non loin répondit aux invectives par un silence impassible. Au même titre que les goules qui à défaut de poursuivre leur travail avaient au moins le bon goût de ne pas montrer d'agressivité.
Les effets de la peste commençaient déjà à s'estomper. Elle n'avait rien vu venir. Comment s'attendre à une telle étincelle d'intelligence chez le Lieutenant Merath? C'était évident, chaque geste, chaque rouage de ce plan avait été consciencieusement élaboré par la Rousse. Et impliquer la gamine la dedans? Les choses ne collaient pas. Tout cela n'avait aucun sens.
Une seule certitude demeurait, il en fallait plus pour vaincre la volonté du Roi-Liche. Malgré les conséquences saugrenues, Rorschach avait survécu, et il allait lui falloir retrouver des membres du culte des damnés rapidement! Cette enveloppe mortelle lui pesait déjà.

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Lomah de Sangre
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Re: ["Alieno Tempore"] Ch III :"In fine"

Message par Lomah de Sangre »

La douleur fut subite.
Elle irradia du fond de mes entrailles frémissantes. La lumière éclata. Aveuglante. Mon épiderme fut parcouru d'une grêle électrique qui hérissa tous mes poils jusqu'au sommet de mon crâne. Mon corps fut soulevé tel un fétu de paille. En lévitation, je réalisais que tous mes membres étaientt paralysés. Le souffle vint alors à manquer. Mon noyaux ralentit peu à peu la cadence jusqu’à l'arrêt complet de ses pulsations. Il eut une déflagration et ma carcasse sembla imploser sur elle même. Haletante, mes poumons se comprimèrent sous l'effet de la panique et se pulvérisèrent en milliers de paillettes de chair. Mon sang, mes muscles, mes os... tout mon être s'éparpilla en poussière avant se recomposer sur ses propres cendres.

L'espace d'un instant je ne fus rien.
Puis tout à la fois.

Une terreur indescriptible s’infiltra par tous les pores de ma conscience à mesure que mon abdomen enflait. Ce fut comme si tous mes organes avaient été balayés pour faire une place imprévue à quelque chose d'énorme, de lourd et de douloureux. Je sentais cette chose improbable croître et batailler en mon sein. L'intrus me dévorait de l'intérieur. Il voulait vivre et s'arracher à moi.
Je crus mourir une fois encore.

Le cri inarticulé qui fit vibrer la pierre froide de la Garnison, je ne pus le contrôler.

Je ne me rappelle pas mon incompréhension.
Je ne me rappelle pas ma colère.
Je ne me rappelle pas le sang et la sueur.
Je ne me rappelle pas le sel de mes larmes et la force de mes cris.

Je me souviens seulement d'une petite boule de vie chaude et gigotante contre ma poitrine.
La quiétude d'un repos mérité.
Et de rien d'autre.
"The show must go on, I'll face it with a grin, I'm never giving in
On with the show
I'll top the bill, I'll overkill, I have to find the will to carry on
On with the show..."
[QUEEN]

+Fiche personnage+

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