["Alieno Tempore"] Ch II :"Correspondances"

De l'Abbaye de Comté du Nord au Camp des bûcherons, de la Lisière à la Tour d'Azora, la Forêt d'Elwynn est propice aux balades et aux rencontres.
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Freckles
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["Alieno Tempore"] Ch II :"Correspondances"

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Cycle "Alieno Tempore"

Chapitre I : "Mon nom est Freckles"
Chapitre II : "Correspondances"

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Forgefer
Auberge de Kumrha


Voilà plusieurs semaines qu’elle avait élu domicile à Forgefer. La vieille Kumrha était une naine charmante et chaleureuse à l'instinct maternel très développé et au sens pratique inégalable. Il avait suffit de prononcer le nom d'"Archibald Demes" pour abattre toute méfiance de sa part et les quelques jours passés en sa compagnie avait achevé tout travail de résistance. Freckles faisait désormais partie de la famille et des meubles poussiéreux de la vieille enseigne qui n'accueillait que de rares habitués. Elle donnait quelques coups de main louables au service ou pour faire le ménage, afin de tromper l'ennui.
La jeune fille attendait désespérément des nouvelles de son seul allié mais aucun courrier, et encore moins de visite, ne lui permettait d'étancher sa soif de renseignements. Son angoisse allait grandissante et la perspective d'avoir pu se fourvoyer dans ses calculs l'empêchait de convenablement trouver le sommeil.
Par ailleurs une curiosité dévorante pour le personnage de sa mère lui grignotait les boyaux. Elle refrénait de plus en plus difficilement l'envie de provoquer le destin : une rencontre anodine dans les rue d'Hurlevent, un courrier anonyme dans sa boite aux lettre... Quel mal cela pouvait-il faire à la trame du temps ? Parfois, il lui prenait l'audace d'emprunter le tramway et de se rendre là où la Baronne de Sangre avait coutume d'avoir ses ardoises. Mais elle rebroussait presque aussitôt chemin, effrayée par sa propre inconscience.

Une fois même, le bruit avait couru que la Caravane des Contes se déplaçait à Gnomeragan. Elle avait bravé la neige et sa propre inquiétude pour observer le cortège au loin. Elle avait pu entrapercevoir la tête rousse et le port altier de sa mère emmitouflée de fourrures dont elle n'avait visiblement pas besoin. Elle semblait houspiller un jeune homme brun et mal attifé, son cadet de quelques années, et ce avec une brusquerie affectueuse qui fit naitre une sentiment diffus de jalousie dans le cœur de la petite Voyageuse du Temps.
En revenant de sa coupable escapade, Kumrha lui avait fait savoir qu'un paquet était arrivé pour elle. Le cœur battant et plein d'espoirs, elle avait gravit les escaliers quatre à quatre jusqu'à la pièce mansardée qui lui servait de chambrette.

+Musique+
Là sur le lit, trônait un colis, empaqueté avec un soins méticuleux. Pas d'expéditeur. Pas de mention écrite autre que "Freckles" étalée avec maladresse sur le papier chiffonné. Intriguée, elle l'ouvrit, d'abord avec lenteur, ensuite avec une certaine fébrilité, à mesure que se dessinaient les arrêtes de l'objet. Elle lâcha brusquement la chose sur le lit, effrayée par ce qui venait d'immergé des feuillets et retombait mollement au milieu des draps.
C'était un coffret de facture naine, très ancien. La patine du bois, laissait pourtant voir la finesses des arabesques et des oriflammes finement gravés. La serrure était d'or, un or martelé par les sombres-fers à l'évidence et au vue des reflets particuliers du métal à la lueur des bougies.

Karin connaissait cette cassette.
Oh oui, elle la connaissait bien.
Mais sa présence était incongrue, impossible, improbable !

Elle toucha par réflexe sa poitrine, pour sentir la forme du pendentif caché sous son lainage. La peur s'instilla dans son esprit comme un poison violent. Comment ? Pourquoi ?
Elle s'approcha de l'objet en frissonnant sans pour autant oser le toucher. Puis extirpa vivement de son corsage ce qui pendait au bout de sa chaine. La clé était là, héritée de mère en fille, de tante à nièce, de Baronne en Baronne. Un vestige d'un temps passé et perdu.
Avec beaucoup de réticence, elle glissa la clé dans sa serrure qui épousa ses formes avec une perfection absolue. Elle la fit pivoter par trois fois, lentement, chaque déclic vers l'ouverture accentuant sa peur. Le couvercle s’ouvrit avec une mécanique usée, sur une abîme sombre et noire, un puits sans fond, une porte sur le néant.
Car ainsi avait été conçu ce coffret pour feu Eucharistie de Sangre, un artefact unique et particulier permettant de dissimuler dans une autre dimension les secrets familiaux les plus sombres et parfois même de les faire transiter.

Karin déglutit puis ferma les yeux.
Prenant son courage à deux mains elle plongea le bras dans la gueule opaque. Au départ elle n'éprouve que du dégout, un froid mordant et le picotement typique de la transposition arcanique. Et puis ses doigts effleurèrent quelque chose, un morceaux de papier plié. Elle l'attrapa et se retira de la bouche avec un empressement angoissé. Lentement, le cerveau ankylosé par une multitude de questions dont les réponses la plongeaient un peu plus dans la confusion, elle déplia la mystérieuse missive.
La calligraphie était malhabile, difficile, parfois effacée laissant à penser que le rédacteur n'était pas un habitué de la plume ou qu'il avait du se précipiter.

" Le temps peut être réécrit. Il se réécr[...]ables mouvants . N'ai aucune certitude, Karin, et observe. L'anomalie n'est p[...].

[initiale illisible] M de S"
Qui ?! QUI ?!
Karin trembla de tous ses membres et le regard éperdu pivota sur elle même, comme si un démon se tapissait dans les ombres pour lui fondre dessus. La terreur indicible de l'inconnu venait soudain de lui agripper les entrailles pour la paralyser.

Le message était clair : Rien ne se passerait comme prévu.
Modifié en dernier par Freckles le jeu. 18 juil., 2013 9:37 am, modifié 1 fois.

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Freckles
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Les investigations de Karin avaient pris quelques mois accentuant jours après jours son sentiment d'urgence. Elle était comme une bête traquée, une bête traquée à travers le temps et l'espace.
Et elle était seule.
Archibald ne répondait à aucun de ses courriers et elle se rendit péniblement à la conclusion qu'il l'avait probablement abandonnée.

Le mur que lui opposait la Ligue des Explorateurs, refoulant la plupart de ses courriers ou demande d'entretien se fissura pourtant un jour et elle s'engouffra dans la brèche sans retenue. Elle possédait désormais un nom : Orlian Barbe-D'Orge, Superviseur en chef de la Boussole Aux Chimères. Et elle s'y accrocha avec ténacité.
A la froideur de la Ligue se succéda une bonhommie et une gentillesse inconnue d'elle jusqu’alors. On l'a crut, on l'aida même. Orlian était un nain sympathique, plein d'entrain et qui n'hésita pas une seule seconde à répondre à sa requête, dépassant même les espérances de la jeune fille.

Oui, ils avaient effectivement été mandaté par un certain "Graves", commissaire priseur et antiquaire de Baie-du-Butin, pour effectuer une fouille en Tanaris, près des grottes du temps. Le commanditaire était inconnu, du moins refusait-il de se révéler mais ses consignes avaient été limpides : "poster l'objet à Freckles, auberge de Kumrah"
Orlian lui offrit l'escorte de deux de ses "aventurières" : Une certaine Dame Oluuri, une draeneï très calme, et une elfe au tempérament plus explosif , Hanata. Le voyage ne fut pas sans encombre jusqu’à la cité gobeline portuaire. Mais une fois sur place la chance leur sourit !

Elle tombèrent ainsi presque par hasard sur Graves et son assistant, Villeme Sandin, qui malgré sa vénalité affichée su se montrer d'un grand secours. Un secours favorisé par les pots de vin d'Olurii et les menaces d'Hanata, certes, mais riche en révélations.
Le commanditaire de l'expédition, celui qui avait voulu garder l'anonymat, se faisait appeler "Calice" et avait donné rendez-vous au sous-fifre de Graves à Gadgetzan. C'était un "fou", un illuminé portant continuellement un scaphandre et à la peau tannée par le soleil dont les divagations laissaient à penser que l'astre n'avait pas frappé que sa chair. Cependant il avait eu l’extrême bon gout de payer rubis sur l'ongle ce qui, aux yeux de Sandin, excusait toutes formes de démence. Le nom n'évoqua strictement rien à Freckles, cependant à travers le flot ininterrompu de paroles de Sandin tentant de rapporter les propos incohérents du mystérieux bonhomme, elle fut frappée par une phrase, sans queue, ni tête, qui évoquait le temps.

Les Navigateurs du Temps.

Troublée, elle tenta de rassembler tous ces éléments pour en tirer un tableau d'ensemble, comme le lui avait appris son Oncle.
Logique et organisation.
Des fouilles archéologiques près des Grottes du temps, un fou avec un scaphandre à Gadgetzan, portant un pendentif figurant un Tol'vir,...Tout la ramenait à Tanaris, là où près d'une année plus tôt elle s'était elle même échue, sauvée par un de ces marchands à tête de chat du Ramkahen. Mais rien n'indiquait encore clairement le rôle du coffret, cette relique familiale manipulable uniquement par la descendance de Sangre, pas plus que l'identité du fameux "... M. de S.".

Forte de cette découverte, néanmoins, et réconforté par la présence des deux exploratrices de la Boussole aux Chimères, elle se dit que le mystère n'était plus si opaque et que peut-être allait-elle enfin pouvoir incurver cette fameuse ligne de fatalité. Elles les suivit à l'auberge de Baie-du-Butin puis rentra avec elles à Forgefer, exposant de concert leurs découvertes à Orlian. Elle espérait que le nain accepte de monter une expédition de recherches pour débusquer le fameux Calice. Elle donnerait de sa personne si il le fallait, de l'argent, des vivres, ses propres bras.... Mais il lui fallait des réponses !

"Le Temps peut être réécrit".

Restait à savoir comment...

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Freckles
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Résumé :

L'expédition à Gadgetzan pour retrouver le mystérieux Calice s'est couronné de succès. Pour la première fois Karin alias Freckles était entourée et solidement épaulée par ces nouveaux amis de la Boussole au Chimère. Pour autant elle était réticente à leur expliquer qui elle était vraiment. Quand on vit isolée de tout, en bête solitaire, on a tendance à se défier de tout et de tout le monde. La défection de celui qu'elle appelait "Père" dans un autre temps l'avait laissée amère et d'avantage apeurée. Archibald Demes l'avait abandonnée et elle se croyait définitivement sans alliés pendant que le temps continuait sa course.
Mais Orlian et ses troupes s'étaient montrés efficaces, prévenants et... fiables.
Calice en revanche fut beaucoup plus délicat à interroger et lorsqu'il emmena Freckles avec lui pour la jeter dans les Grotte du Temps il ne fit qu'accroitre l'inquiétude des nouveaux compagnons de la jeune fille.
Elle reparut pourtant dix minutes plus tard, visiblement choquée et en pleurs, balbutiant à tout bout de champ qu'elle était une "anomalie", qu'elle était "impuissante".

Le récit qui suit et celui de sa rencontre avec le fameux "...M. de S."
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+Musique+

Elle pénétra dans le froid humide de la grotte. L'issue avait été condamnée derrière elle. Sa seule option était d'avancer droit devant elle, dans une obscurité imprégnée de magie crasse et intemporelle. A chaque pas elle se sentait rajeunir et vieillir à la fois. Sa peau frémissait sous les effluves du temps qui commençait à s'infiltrer dans sa chair pâle. Elle aurait pu être nue, ici rien ne pouvait la protéger, aucun rempart, aucune dignité, elle n'était que poussière et terreau. Mort et renouveaux. Infinies particules de matière et de vide.

Une voix pourtant s'éleva au fond des boyaux obscurs, de ces bouches infernales et opaques aux ramifications multiples : "Karin... Karin....."
Une voix d'homme, au timbre doux, rassurant. Oui, à chaque pas elle subissait la pression des années, elle mourrait et renaissait un peu, mais cette présence chaleureuse et étrange l'enveloppa d'une apaisante couverture, guidant la petite voyageuse du temps vers cet interlocuteur invisible. Bientôt elle n'eut plus aucun repère : ni sol, si parois, ni plafond. Mais elle eut la sensation très nette d'être à un carrefour.

- Karin...
- Qui.. Qui êtes vous ?
- Je suis celui qui est et qui deviendra par ta simple présence. Je peux aussi ne jamais devenir. Je suis une probabilité... Une potentialité. Je vois au delà du temps. Je jouxte plusieurs époques, plusieurs objets. Comme le coffret que tu avais perdu dans le futur et que tu as retrouvé dans ta boite aux lettres.
- Une potentialité de quoi !? C'est vous "... M. de S." ?


Elle fut persuadée que la présence souriait dans le noir. Quelque chose lui effleura la joue, quelque chose de familier,...une main ?
L'air lourd s'embrasa soudain autour d'elle en cliquetis d'étoiles multiples, en nébuleuses interstellaires, en voute nocturne et filante. Une main , puis un bras, puis un corps tout entier se dessina dans les ténèbres.

- Je suis la création de ta propre incursion dans le passé, je suis le produit de l'anomalie intemporelle que tu es... Je suis ton frère.

Karin eut un mouvement de recul, le cœur gagné par une terreur indicible. Sous ses yeux se modélisa un visage, un visage qu'elle avait déjà entrevu ailleurs et qui gratta le fond de sa mémoire, à la différence que le jeune homme qui lui faisait face avait les cheveux d'un auburn profond et la peau glabre.

- Je n'ai pas de frère !
- Pas dans ton temps, pas dans ton embranchement. Mais en en retournant dans le passé, dans ton passé, tu as chamboulé l'ordre des choix possibles, tu as ouvert une voie nouvelle... Regarde...

L'apparition pris délicatement le visage de Karin entre ses doigts phosphorescents et colla son front intangible sur le sien.

"Une maison dans Hurlevent. Dans le jardinet de la cours intérieure s'amusent trois enfants d'âges presque égales: il y'a deux fillette plus âgées et un petit garçon haut comme trois pommes. L'ainée a la peau blanche et le visage constellé de tâches de sons. Ses yeux d'un bleu uniforme lorgnent sur ses deux compagnons avec un sourire malicieux, elle bricole le moteur d'un engin à deux roues en se mettant du cambouis partout.

- Viteuh ! 'Pa va débarquer ! On va pas avoir le temps de jouer avec sa bécane !

La brunette juchée sur le siège du conducteur est impatiente, elle, apparait plus carrée et athlétique, ses genoux comportent quelques pansements, des "blessures de guerre", visiblement.

- Je finis juste de fixer le propulseur que je viens d'inventer. Laisse moi deux secondes, 'Lena.
- Et môa ? Fait le petit garçon.
- Toi t'es trop p'tit ! Tu va nous gêner !
- Même pas vrai ! J'ai juste deux ans d'moins que toi ! J'peux au moins monter dans le side-car !
- C'est la place de Karin !
- Mais ..!
Le gamin s'insurge, agitant ses cheveux auburn et déjà longs dans le vent.
- Gabriel, Elena, bouclez là, c’est moi la plus grande c'est moi qui déciderait qui montera ou pas ! lâche la mécanicienne au regard étrange.

Les deux autres obtempèrent miraculeusement devant la demoiselle à la tignasse rousse et bouclée qui semble détenir l'autorité. Trop tard cependant pour éviter que leur dispute ne soit entendue.

- VOUS AVEZ RECOMMENCE ! ESPECE DE PETITS....

Une voix d'homme tonitruante s'élève de la maison, suivi par un homme de haute stature et à la musculature imposante, tout de cuir noir vêtu. Sa chevelure d'ébène grisonne à peine aux tempes..."


- Cet homme, je l'ai déjà vu...
- C'est notre père.
- Mon père était un draeneï et il est mort.
- Kothran Merath t'a adoptée en devenant le compagnon de Maman. Elena est notre demi-soeur, fruit d'une précédente union de papa.
- Mère est en vie.... ?
- Regarde par toi même...

La scène se poursuit. Tandis que le père sermonne les enfants une femme rousse et enceinte sort à son tours dans la court. Elle semble radieuse et rit sous cape ce qui semble décontenancer l'autorité paternel. Leur conversation est inaudibles mais teintée de rires. Qui est cette Baronne au visage heureux, ce portrait d'une mère jusqu’alors inconnue ?

- Men.. mensonge ! ce n'est pas ma mère !
- Cette femme est bien notre mère, aussi vrai que je suis Gabriel Merath de Sangre. Tu as permis une rencontre heureuse, tu as permis de sauver son âme. Tu as en quelque sorte dérouté son destin...


D'autre bribes de cette autre vie atteignirent le cerveau de Freckles.

Elle se voit plus âgée, étudiant avec des gobelins la mécanique magique.
Plus petite sur les genoux de ce père qu'elle ne connait pas, la bouche couverte de pâtisserie à la compotée de pommes et au chocolat.
En compagnie de sa mère qu'il l'aide à se coiffer.
Sous le sermon d'une draeneï à peau noire en compagnie de ses frères et soeurs.
Applaudissant Elena, joutant en plein tournois dans une armure cabossée.
Supervisant la dictée de son petit frère Gabriel.
Tenant un bébé dans ses bras qui semble être une autre petite soeur ...


Les larmes s'écoulèrent sur le visage pâle de Freckles, vaincue par l'émotion d'une vérité qui fait vibrer ses os et ses muscles.

- Mais l'anomalie, le futur...
- Non pour le moment il n'a pas changé. Tout ceci n’est que potentialité.
- Mais je croyais...
- Tu as bel est bien réécrit le temps. Tu as ouvert une voie. Mais quelque chose de plus fort que toi ou moi se nourrit de cette potentialité et empêche le temps de s'écouler comme il le devrait. Je suis coincé ici à l'état de supposition alors que mère devrait en être presque à son deuxième mois. Parfois, elle me ressent en elle, mais je ne suis rien d'autre que le fruit d'une réalité qui n'a pas encore totalement prise sur ce nouvel embranchement temporel.
- Je .. je ne comprends pas.
- Il y'a une force, une force qui se nourrit du temps probable, quelque chose de plus fort que les anomalies que représentent les voyageurs du temps et qui se goinfre de leur essence.
-Qu'est-ce que c'est !?
- Il s'agit d'un paradoxe, une image miroir qui a tout moment peut rencontrer son reflet, Elle absorbe les probables autours d'elle... comme un ...trou noir ...

La forme du jeune homme se fit plus immatérielle, plus transparente.

- Attends Gabriel !
- Je.. je me suis épuisée sous .. cette forme.. je.. partir.. revenir...
- Ne me laisse pas ! Dis moi ce que c'est ?! GABRIEL !!!
- Qui...Qui...C'est....


Explosion de lumières et de sensations.
Freckles fut transpercée par cet éclair aveuglant et multiple.
Son interlocuteur n'était plus qu'un milliard de lucioles égrainées dans le noir qui s'éteignirent une à une, alors que, tremblante, à genoux, Karin tendait le bras vers ce frère qu'elle aurait aimé connaitre d'avantage.
Lorsque ses sens reprirent le dessus, elle était dehors, cajolée par Orlian et Mayaal...

Perdue.
Éperdue.
Il lui faudrait longtemps pour digérer cette expérience.

Mais la clé de l'énigme qu'elle était venue résoudre était dans les paroles de Gabriel Merath de Sangre. Et elle en était désormais l'instrument.

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Kothran
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Re: ["Alieno Tempore"] Ch II :"Correspondances"

Message par Kothran »

Quelques temps plus tard,
Hurlevent : Quartier de la vieille ville,
Tôt le matin.


Kothran Merath ouvrit en grand la porte de chez lui, la nuit avait été courte mais plaisante. Dormir aux côtés de sa belle plutôt que tout seul dans une chambre - de Chevalier quand même - qui lui paraissait vide, ça c'était le pied. Tout souriant il s'apprêtait à refermer la porte quand il entendit des petits pas feutrés mais très reconnaissables néanmoins.

Il fit demi-tour et ouvrit en grand les bras, suite à quoi une petite frimousse rousse se mit à courir vers lui pour se jeter dedans à toute vitesse. Le jeune homme fronça les yeux, elle devrait dormir à cette heure mais il avait appris à connaitre sa fille. Curieuse, attachante et attachée, elle n'allait pas le laisser s'en aller sans essayer quelque chose.

- J'veux pas que tu parte Pôpa ! Reste... s'iiillll to plllaaiiit !

Elle souriait de toutes ses dents, comme si ça ajoutait un poid colossal à l'argumentaire. Kothran soupira un peu peiné de la laisser comme ça, il en oublia même de la punir.

- Je dois aller travailler ma petite chérie, je serai de retour ce soir. Et puis il y a tonton pour s'occuper de toi. D'accord?

Il la gratifia d'un baiser sur le front avant de la relâcher, tandis que la gamine affichait une moue tristounette.

- C'pô juste...

- Oui mais en attendant retourne vite au lit avant de te faire gronder. Allez, file !

Il referma la porte avec un petit poids sur le cœur. Sacrée gamine... Enfilant son casque à la va-vite et mettant machinalement ses clefs dans la bécane garée devant la battisse, d'un mouvement habile de poignet il tenta de démarrer son engin. Mais voilà, la clef tourna à vide. Il réessaya une autre fois sans plus de succès avant de comprendre ce qu'il s'était passé. Kothran soupira excédé et après un rapide coup d’œil aux alentours il se mit à parler bien distinctement sur un ton légèrement agacé.

- Tu sais que je déteste quand tu m'fais ça ! Montre ta face et rend moi mon démarreur !

Un rire sortit de nulle part, tout comme cet homme aux cheveux grisonnant. Il n'avait pas l'air très frais et pourtant il lança le bidule mécanique - dans une trajectoire plus que correcte - au guerrier face à lui. Ce dernier l'attrapa sans soucis et ôta son casque pour commencer les réparations.

- Je t'ai déjà dis de prévoir plus de sécurité, tu vas finir par retrouver ta moto complètement désossée.
- Qu'est ce que tu veux?
- J'ai besoin d'un coup de main. J'me souvient plus de rien... Enfin si mais pas exactement : c'est troublant.
- Putain... T'as encore passé la nuit à boire? J't'ai déjà dis qu'à ton âge ça finirai par te tuer.

L'aîné avança doucement vers son cadet et lui envoya un magnifique revers en pleine face.

- J'suis p't'être plus vieux que toi gamin, mais j'suis encore assez en forme pour te botter le cul alors surveille ton langage.
- Je vais pas me répéter deux fois : qu'est-ce que tu veux? dis le jeune homme complètement énervé à cause de la situation.
- J'veux que tu m'écoute et que tu me dise que t'en pense. On va à l’endroit habituel.
- Ok. Monte dans le side-car et on décolle.

Kothran referma le compartiment moteur et instaura le contact : le véhicule démarra au quart de tour. Prenant soin que son ami était bien en place, il mit les gaz en direction d'une petite ruelle du quartier commerçant. C'était un coin tranquille même s'il arrivait que quelques loubards -qui se prenaient pour de vrai caïds - se pointent et essayent de faire la loi. Bien entendu le Sergent Merath savait les calmer en dégainant sa claymore.

Arrivés à destination, le type qui accompagnait Kothran se posa sur une vieille caisse qui ne tenait en un seul morceau par je ne sais quel miracle. Il commença à dévoiler ce qu'il savait.

- Ouvre grand les oreilles, c'est important. Tout ce dont je me souvient c'est qu'hier on m'a filé un bon plan pour du boulot. C'était à Forgefer chez Khumra, l'aubergiste juste en face des griffons. Ensuite, c'est le trou noir, j'me suis réveillé chez les nains nu comme un ver et avec un immonde mal de crâne. J'ai juste eu le temps de passer à la planque pour me changer avant de venir te voir au plus vite.
- T'es en train de me dire que tu t'es fais avoir? Ca te ressem..
- J'ai pas fini ! Il y a aussi cette gamine, j'ai son visage gravé dans la tête c'est horrible. Plutôt grande, mignonne, cheveux roux et des taches de rousseur sur les pommettes qui vont bien avec son teint très pale. Ah oui aussi...
- Ses yeux. Ses yeux sont bleus et sans pupilles.

Aucun des deux gars ne semblaient en revenir, la situation n'était pas banale, pour ne pas dire carrément flippante. Il se regardèrent médusés et après une longue minute de silence, le plus vieux repris la parole.

- Tu la connais?
- Évidemment, c'est ma fille.
- Comment? Tu dois te tromper mon gars, elle avait facilement ton âge.
- J'l'explique pas mais... y'a pas deux personnes comme elle. Tu dis que t'es allé écouter aux portes chez Khumra?
- Oui, c'était pour avoir des infos sur la boussole aux chimère. Ça t'évoque quelque chose?

Kothran secouait la tête, tout échappais à son contrôle et il n'aimait pas ça.

- C'est possible. Bon, voilà le plan : tu va venir avec moi. Je connais un bon médecin qui pourra s'occuper de tes soucis de mémoire ou au moins en trouver la cause. Avec un peu de chance ça nous éclairera assez pour comprendre ce qu'il se passe. Faut pas t'en cause à qui que ce soit et surtout pas à Lomah de Sangre, c'est clair?
- Tu te fais tu soucis pour ta bonne femme hein? Bon, ça roule, on fait ça comme ça.

Les deux hommes s'installèrent rapidement avant de démarrer en trombe en direction du cabinet médical du Dr.Vandfried.
"Hum... va pour 6...
Disons plutôt 7 !"
Ragthar et Kothran, en plein débat philosophique

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Freckles
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Re: ["Alieno Tempore"] Ch II :"Correspondances"

Message par Freckles »

Les choses avaient évolué à grande vitesse après une longue période de stagnation.
Et de manière plutôt inattendue.

Freckles n'était pas spécialement à l'aise d'impliquer à ce point les membres de la Boussole aux Chimères dans ses tentatives désespérées de réparer le temps. Elle leur était grée de toute cette confiance prodiguée sans retenue, mais elle se savait elle même démunie de toute preuves tangibles en avançant ses dires. Des fêlures commencèrent à apparaitre au sein de la troupe, Mayaal, l'un des bras droit d'Orlian, qualifiant Freckles d’intrigante aux méthodes douteuses. Aussitôt rabrouée par le nain, force était de constater que Freckles avait peu d'arguments à opposer à la draeneï.

Qui était-elle ?

Elle n'était pas à sa place, pas dans son temps.
Elle n'était personne.
Juste une anomalie à la poursuite d'une autre.

Mais là n'était pas le seul soucis.

Lors de cette discutions houleuse dans le quartier général de la Boussole, Il était apparu qu'un espion avait écouté la confession de Freckles à propos de son identité véritable et que , étrange coïncidence, le sergent Kothran Merath avait par la suite contacté Orlian pour lui dire qu'il savait qui était sa protégée.
Autrement dit : "elle".
Le sieur Merath était-il un allié ou un ennemi ? Cela était difficile à dire. Dans le temps actuel il semblait effectivement avoir bénéficié des largesses du destin : En ménage avec la Baronne, Père de substitution pour Karin, et remplaçant préposé d'Archibald Demes qui lui avait complétement disparu de la circulation. Orlian était persuadé que si anomalie il y avait, ce ne pouvait être que celui pour qui les bouleversements temporels s'étaient avérés de juteux avantages.
Plus circonspecte -et surtout parce qu'elle gardait en mémoire la vision projetée de son frère-, Freckles affirma qu'il fallait qu'elle se rende compte directement en sa présence avant d'affirmer quoi que ce soit.

Orlian et ses fidèles comparses mirent alors au point un plan absolument rocambolesque visant à détourner l'attention de l'Ost Pourpre. Freckles, maintenue à l'écart des préparatifs, n'en sut absolument rien et découvrit sur place -et avec effarement- les dispositions qui avaient été prises pour "faciliter" sa quête. Un simple rendez-vous discret aurait suffit, mais on n'avait pas jugé bon de la consulter à ce sujet et elle préféra ne pas trop imposer son point de vue, étant donné les friction que généraient déjà sa présence.
Le fait est que Kothran Merath se présenta et que la jeune fille ne perçut aucune trace résiduelle qui marque les voyageurs du temps de manière prégnante.

Pourtant, Orlian et ses "femmes" ne purent uniquement se satisfaire de son diagnostique. Elle eut beau hurler qu'elle n'était pas en danger, les tempérament s’échauffèrent, le ton monta, et elle put découvrir avec toute sa splendeur, le manque de patience de ce père adoptif qu'elle ne connaissait pas. Il finit à l'eau alors que les membres de l'Ost arrivaient pour s'enquérirent de la situation.

Le mal était fait.
La suspicion s'était installée.

Mais ce ne fut pas ce qui rendit la jeune fille nerveuse : Là... parmi la poignet de soldats pourpres, qui invectivaient les membres de la Boussole de kidnappeurs, se trouvait la personne qu'elle cherchait désespérément depuis des semaines. Impossible de discerner avec précision de qui il s'agissait, mais , elle grava chaque visage en mémoire tout comme la sensation fiévreuse et désagréable de percevoir une nuée de fourmis rouges ronger sa colonne vertébrale de haut en bas.

Elle devait agir, saisir sa chance et tenter de ne pas aggraver le cas d'Orlian et les relations sur le point d'exploser entre l'Ost et la Boussole. Freckles se dénonça comme seule responsable des événements de la soirée. Elle exprima ensuite son désir d’expliquer sa démarche à La Connétable. Ce qui lui fut accordé.

Là, elle expliqua tout ou presque.
La Dame du Nord n'était pas aussi facile à convaincre qu'Orlian, mais optant pour une prudence extrême elle préféra garder la jeune rouquine auprès d'elle en l’obligeant à lui rendre compte de ses recherches à propos de l'anomalie temporelle. Freckles serait désormais son valet de pieds.
Mais le sieur Merath ne semblait pas décolérer et aveuglé par sa fureur ne fit que réclamer une vendetta à l'encontre de la Boussole, ce que sa supérieur piétina dans l'oeuf en lui intimant silence et discrétion. Il vengea donc bassement ses nerfs sur la jeune fille qu'il tenait désormais comme responsable de ses tracas.
Mais une de Sangre reste une de Sangre. Aussi ébranlée et malmenée que pouvait l'être Freckles, elle lui répondit de manière cinglante, à la hauteur de la déception que suscitait cet homme colérique et désagréable qui avait pourtant empêché sa génitrice de disparaitre de la surface d'Azeroth.

L'image de la Baronne des Arcanes de Sangre devait la hanter longuement cette nuit là. A présent qu'elle se trouvait au sein de la Garnison du Ruisseau de l'Ouest, elle ne pourrait pas échapper à une rencontre fortuite qui lui vrillait déjà le cœur d'angoisse.

Et l'Anomalie rôdait toujours.

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