Retour en Elwynn

De l'Abbaye de Comté du Nord au Camp des bûcherons, de la Lisière à la Tour d'Azora, la Forêt d'Elwynn est propice aux balades et aux rencontres.
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Tarasil
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Retour en Elwynn

Message par Tarasil »

Tarasil était épuisée. Le voyage depuis le bastion des Veilleurs de Teldrassil avait été long et éprouvant. Les épreuves des dernières semaines, les déconvenues et les déceptions l'avait affecté plus qu'elle n'avait voulu l'admettre. Cela faisait longtemps qu'elle n'était plus revenue sur les terres de sa naissance, sur les ruines calcinées de son village natal, sur la tombe de ses parents. Trop de combats, trop de temps passé loin des siens, tant d'énergie dépensée, et pourquoi ...

Si son visage était marqué, son uniforme était impeccable. Elle avait passé du temps pendant la longue traversée à réajuster son armure, polir et aiguiser sa lame. Elle avait reçu l'enseignement des Paladins de Hurlevent. Certaines choses ne s'oublient pas... Après avoir accosté à Hurlevent, elle n'était pas même passé salué ses instructeurs à la cathédrale. Le coeur trop lourd...

Lentement, elle avait parcouru la route menant à Comté de l'Or. Lentement, elle s'était remémoré le passé, la première fois qu'elle avait emprunté cette route il y a tant d'années. L'odeur de mousse fraîche et de chamignons de la forêt, le chant clair des mésanges, le soleil jouant entre les branches de la futaie. Oui, si il y avait un endroit en ce monde qu'elle pouvait appeler "chez elle", c'était bien ici. Enfin, Comté de l'or apparut.

La ville est animée, comme à son habitude, des camelots crient de ci de là, essayant de vendre leur marchandises aux aventuriers dont les montures écrasent le sol dans un bruit de tonnerre. Les patrouilles militaires sont plus nombreuses que dans son souvenir. La menace du Marteau du Crépuscule n'a pas épargné la paisible bourgade. Les reflets du lac scintillent entre les branches. Les feux de cuisine émettent de douces odeurs alors que l'heure du dîner approche.

Néanmoins, Tarasil dédaigne l'auberge et son remue-ménage rassurant. Elle se dirige d'un pas lourd vers le cimetière voisin, un peu à l'écart.

La fosse commune.

Le souvenir revient avec une brutalité inattendue. Le souffle coupé pendant de longues secondes, Tarasil ne parvient qu'à inspirer une bouffée d'air désespérée avant de fondre en larme, à genou sur le sol meuble.

Des heures sans doute plus tard, Tarasil reprend connaissance, revient au monde. elle a surement l'air atroce, qu'importe. Elle reviendra demain. Pour l'heure, c'est d'une démarche titubante qu'elle regagne l'auberge.

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Falstaf
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Message par Falstaf »

Vous êtes en Elwynn, ici, Môssieur. Au royaume d'Hurlevent, Môssieur. Si nos vins ne vous plaisent pas, il faudra aller les chercher vous même dans vot' pays de misère, Môssieur.

Le tavernier Dobbins prit la salle à témoin de l'outrecuidance du client, dont l'impeccable sourire sous sa moustache grisonnante masquait mal la légitime irritation.

Ceci n'est pas un vin, mon ami. Ceci est, au mieux, un résidu de vinaigre tout juste bon à dissoudre la boue séchée nichée au creux d'un fer à cheval. Pensez-vous pouvoir commander quelques bouteilles plus à même de satisfaire un palais averti ?

Falstaf joua avec quelques jolies piécettes d'or qui attirèrent le regard du tavernier. Dans la tête de ce dernier, la cupidité rivalisa un temps avec la colère, avant que cette dernière ne l'emporte à plates coutures.

Si ma taverne n'est pas assez bien pour vous, faut pas y met' les pieds, l'bourgeois. On va vous aider à trouver la sortie, pas vrai ?

Deux solides gaillards, dont les visages grossiers portaient les stigmates d'une vie entière bercée par le travail aux champs et les cuites à l'infâme pinot noir qui était le sujet de la controverse, se levèrent en ricanant pour s'approcher de l'alchimiste estropié, qui regrettait déjà, outre l'absence de l'un de ses bras, d'avoir passé l'une de ses vestes préférées avant de sortir. Sans se départir de son sourire, Falstaf commença à reculer, tout en lançant quelques œillades aux alentours en espérant qu'une bonne âme lui épargnerait la disgrâce de devoir rentrer en clopinant à la Garnison...

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Tarasil
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Message par Tarasil »

La Lune était haut dans le ciel, mais en ce jour de début de l'été, la température était des plus agréables. Un léger vent raffraichissait le viage baigné de larmes de la paladine. La nuit était encore jeune.

A l'approche de la taverne, encore une fois les souvenirs l'assaillirent. Elle se revit, jeune novice à la forge, multipliant les aller-retour de la forge à l'auberge pour aller quérir les boissons les plus alcoolisés pour le maître de forge Argus. Son enseignement avait été dur. Il faudrait qu'elle trouve un peu de temps pour lui dans les prochains jours. Son rude tablier de cuir de l'époque avait fait place à un tabard flamboyant, mais au fond, avait-elle réellement changée ? La jeune fille maladroite et un peu hagarde de ses débuts était-elle si loin ?

Elle fut tirée de sa rêverie en arrivant sur le pas de l'auberge, alors qu'elle avisait un banc désert pour s'y asseoir et méditer un peu. Un personnage étrange sort à reculons du vénérable établissement. Un moyen bien peu commun de sortir de la Fierté du Lion... En général à une telle heure, les pensionnaires de l'établissement sortaient la tête la première ou totalement ivres. A bien y réfléchir, elle ne souvint pas avoir jamais vu qui que ce soit ressortir autrement que dans cet état...

L'homme était habillé de façon très élégante. Trop peut-être pour l'endroit. Il reculait d'un pas prudent, alors que deux individus patibulaires semblant sortis des jungles de Strangleronce le toisaient d'un air à la fois menaçant et supérieur. Tarasil nota que l'individu semblait manquer d'un bras. Son coeur fit un bon dans la poitrine. Le combat n'était pas équitable, et quoi qu'ait fait cet homme, il méritait la protection de la Lumière !

Tarasil se leva de son banc, s'appuyant ostensiblement sur sa masse d'armes.

- Bonsoir Messieurs ! Cette soirée est délicieuse, n'est-ce pas ?

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Falstaf
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Message par Falstaf »

Tant bien que mal, Falstaf était parvenu à rejoindre la sortie sans se cogner plus de deux ou trois fois aux murs, suscitant à chaque fois des éclats de rire des malandrins qui semblaient constituer, en tout bien tout honneur, le plus clair de la clientèle de la taverne. L'air frais de la nuit le cueillit enfin, mais il s'aperçut que les deux armoires à glace qui le suivaient ne semblaient pas déterminées à le laisser s'envoler : sans doute prenaient-elles soin de ne pas inclure un meuble ou un client de l'établissement dans la bagarre, histoire de ne pas être privées de leur infâme grog par le propriétaire. Quoi qu'il en soit, Falstaf devina qu'une tentative de fuite à pied serait sans doute vouée à l'échec - il refusait en effet de tenter de sauter sur son cheval qui se trouvait à quelques enjambées de là, craignant que de telles brutes ne s'en prennent gratuitement à son destrier après lui avoir arrangé le portrait.

En un mot comme en cent, la situation commençait à se compliquer furieusement, et l'alchimiste espérait être estourbi dès le premier coup de poing, ce qui pourrait éventuellement calmer l'ardeur des deux brutes. C'est à ce moment là que sa chance tourna.

- Bonsoir Messieurs ! Cette soirée est délicieuse, n'est-ce pas ?


Les trois hommes tournèrent la tête dans la même direction, apercevant une femme aux traits creusés et volontaires, qui portait armure, tabard et masse d'armes. D'emblée, Falstaf se félicita de sa bonne mine, tant il est vrai qu'un visage aimable attirera plus aisément les bonnes volontés que l'air hirsute des deux anthropoïdes dont le cerveau, encore clapotant dans le rhum bon marché récemment ingurgité, tentait d'analyser la situation qui s'offrait à eux.

Le plus velu des deux s'approcha de l'inconnue.

Délicieuse, pour sûr mam'zelle, comme toutes celles où l'on rosse un étranger comme c'lui-ci. Si l'spectacle vous incommode, vous f'riez mieux d'aller vous mettre au chaud.

Le second partit d'un rire gras, et Falstaf se demanda un instant si le fait que son congénère soit parvenu à aligner deux phrases de suite sans faire de pause pour réclamer une injonction de son cervelet était la cause de cette soudaine hilarité. Dans tous les cas, cette intervention n'avait offert qu'un court répit à son état de santé. Beau joueur, il s'inclina tout de même devant l'inconnue, quoiqu'avec un brin de raideur.

Navré de vous infliger ce triste spectacle, ma dame. Je crains de ne pas être le bienvenu ici. S'il vous plait de faire prévenir un garde - ou, mieux encore, un médecin - je resterai à jamais votre obligé.

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Tarasil
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Message par Tarasil »

Navré de vous infliger ce triste spectacle, ma dame. Je crains de ne pas être le bienvenu ici. S'il vous plait de faire prévenir un garde - ou, mieux encore, un médecin - je resterai à jamais votre obligé.

Une pointe d'ironie dans la voix, l'homme semblait presque résigné à son sort. Encore une injustice qui se préparait. Lumière ! L'Alliance n'avait pas besoin de ça... Qu'avais-donc bien fait cet homme pour mériter ce sort ? Quoi qu'il ait fait, il ne méritait sans doute pas ce qui l'attendait. La vive émotion ressentie plus tôt au cimetière lui disait de laisser tomber, qu'elle n'avait rien à gagner ni à prouver dans ce combat. Mais son entraînement, l'enseignement de la Lumière, lui imposait de réagir en paladin !

Tarasil passa pour ainsi dire en mode combat, ignorant les sillons humides des larmes qui courraient encore sur ses joues. D'un oeil professionnel, elle jaugea les forces en présence. Les deux hommes étaient de forte carrure, leurs voix attestaient une intelligence limitée. La démarche assurée montrait des brutes sures d'elles, habituées aux rixes de tavernes. Cela étant ils étaient désarmés, et de toute évidence ne se méfiaient guère d'elle, malgré l'armure rutilante et la masse d'arme. L'homme quant à lui avait le regard fuyant, glissant sans cesse d'elle aux deux gorilles. De ce regard rapide, la paladine estima que la situation était largement en sa faveur. En cette heure, en dehors de la taverne, la garde donnerait surement raison à la victime.

Elle rendit son salut au manchot. L'éclair d'un instant, elle surprit une étincelle malicieuse dans l'oeil de l'attaqué, elle se demanda si l'homme était réellement en danger...

- La réputation de votre établissement souffrirait-elle que l'on maltraita les infirmes ? Au coeur du Royaume d'Hurlevent ? Par la Lumière, je vous demande de cesser d'importuner cet homme qui ne m'a pas l'air très dangereux.

Elle espérait avoir pris un ton suffisamment ferme pour dissuader les deux costauds de leur projet barbare, mais d'expérience, elle savait que sa voix aigue et juvénile n'était guère impressionnante. Elle comptait plus sur son équipement. Son destrier d'argent, attaché non loin de là, piaffait.

Dans un moulinet de son marteau de guerre, elle allait équiper son bouclier pour parer une d'attaque. Elle se ravisa toutefois. Devant deux hommes à mains nues, elle avait des scrupules. Non, ce n'était pas correct. Elle laissa tomber armes et bouclier, et se prépara au choc....

- Messieurs, il vous faudra au moins vous passer d'un client de plus ce soir, et affronter deux adversaires si vous ne cessez immédiatement.

Lumière, qu'elle se sentait inefficace... Quelle idée saugrenue de laisser tomber ses armes !

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Falstaf
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Message par Falstaf »

Falstaf manqua applaudir quand il entendit la jeune femme s'adresser vertement aux deux ruffians, l'arme en main - puis se rappela que, faute d'avoir su garder son bras gauche, les applaudissements n'étaient plus guère de mise. Les villageois semblaient également prendre la mesure de leur adversaire : ils avaient déjà vu passer dans la région des chevaliers redoutables, couverts d'acier et armés jusqu'aux dents, et avaient même entendu dire que des femmes pouvaient se cacher sous les heaumes éclatants que portaient ces guerriers professionnels. Des racontars qui n'en étaient peut-être pas, finalement...


Puis l'inconnue lâcha ses armes et, avec elles, Falstaf vit s'envoler sa chance de ne pas finir la nuit dans la boue de Comté-de-l'Or, à compter les os qu'on aurait bien voulu lui laisser intacts.
De leur côté, les rustauds partirent d'un rire soulagé et, tandis que le moins éveillé des deux gardait le gentilhomme manchot à l'oeil, celui qui s'était déjà exprimé approcha de Tarasil, suffisamment proche pour qu'elle puisse sentir le fumet d'aïoli et de rhum qu'exhalait son souffle.

Ma jolie, si c'est une invitation à boire un godet qu'tu veux, faut pas la jouer farouche. Le temps de s'occuper du minet que v'la et on ira boire un verre à la santé d'son bras absent tous les trois si ça t'chante.

L'homme continua de s'approcher, poussant du pied la masse d'armes afin de la faire rouler sur le côté, au cas où. Ses grosses mains velues n'étaient pas loin de se poser sur la jeune femme...
... quand un caillou de la taille d'une paume de chérubin le frappa au dos.

Messieurs ! Je croyais que c'était mon cas qui vous intéressait, lança Falstaf en se dandinant, persuadé qu'il venait de s'offrir un aller direct pour l'hôpital le plus proche. Si vous vous mettez à agresser tout ce qui vous trouvez sur votre chemin, on ne va pas en finir, et je suis assez pressé, comprenez.

Délaissant Tarasil, l'homme se retourna, l'air définitivement furieux.

D'accord. On t'défonce l'éclopé.

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Tarasil
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Message par Tarasil »

Tarasil ne réfélchit pas, son pied fait un croc-en-jambe au balèze qui s'écroule, surpris. L'autre jure :

Tudiou

Et se précipite sur la jeune femme en rageant, tandis que son camarade se relève péniblement. Un pas de côté et un coup de poing dans le plexus, et le souffle coupé, l'autre maladnrin se retrouve également face contre terre.

- Messieurs, je vous en prie, soyons civilisés et arrêtons ce massacre,

Lance la paldine d'un air malicieux. Mal lui en prit. Le premier des deux lui assène un violent uppercut qui lui fait vois trente-six chandelles.

- Peste, dit elle en reculant hativement.

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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

Un coup de feu retentit soudain, faisant coucher à plat ventre tous les protagonistes de la bagarre. Puis un second, visiblement tiré en l'air, attira l'attention sur une petite silhouette dressée fermement sur le chemin boueux à quelques mètre à peine du lieu de la rixe.

- ÇA SUFFIT MAINTENANT !

La sommation avait été balancée d'une voix ferme par un petit brin de femme, haute comme trois pommes, aux cheveux blonds coupés à la garçonne et aux grands yeux noisettes courroucés. Elle portait une livrée de domestique -brodée avec des armoiries difficiles à lire de loin- et une capeline à larges bords, repoussée sur ses épaules qui laissait sa tête nue. Comme ça, elle semblait être de race naine, ce que ses bras tatoués de bleu révélés par des manches retroussées jusqu'au coude appuyaient.

En tous les cas, elle semblait savoir se servir de son fusil de chasse.


- J'viens chercher Messire Sans-Souci pour le ramener au bercail. Mademoiselle sa fille est en proie à une grande inquiétude ! M'obligez-pas à nous coltiner la garde ! Chuis pas d'humeur !
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Falstaf
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Message par Falstaf »

L'intervention physique de la jeune femme était inattendu pour les deux balourds, qui s'étaient persuadés ne rien craindre de ce côté là. Aussi, après avoir pris quelques coups faute d'avoir pris au sérieux leur étrange adversaire, les gredins se remobilisèrent autour d'une valeur qu'ils portaient au pinacle : leur virilité. Vexés d'avoir ainsi été moqués par la donzelle, leur fureur se transféra de Falstaf à cette dernière, et ils entreprirent de l'encercler afin de lui couper toute retraite vers sa monture, bien décidés à ne pas laisser une femme s'en tirer à si bon compte après les avoir ridiculisés de la sorte.

De son côté, Falstaf se demandait quelle posture il devait prendre. Fuir n'était décidément pas très correct, et son éducation aristocratique l'empêchait de laisser tomber de la sorte la personne qui l'avait tiré du pétrin. Cependant, sans arme et éclopé qu'il était, il se demandait ce qu'il pourrait bien apporter au combat qui s'annonçait.

L'alchimiste en était là de ses interrogations quand deux coups de fusil retentirent soudain. Une petite silhouette dodue portant fusil et mauvaise humeur sur la figure apparut sur le sentier, et le désigna nommément. Soulagé, Falstaf se porta dans sa direction, tandis que les deux brutes réfléchissaient encore à l'implication de cette nouvelle venue dans la rixe.

On vous laisse vot'docteur, lança le moins idiot des deux, on a trouvé un autre terrain de jeu. Son comparse ricana, et entreprit d'attraper Tarasil de ses gros bras de paysan.

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Joakhim
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Message par Joakhim »

Il retournait vers Hurlevent par la voie des airs. À l'approche de Comté de l'Or, il observa un étrange attroupement devant l'auberge. Mais ce qui le surprit le plus, ce fut cette femme qui se désarma et jeta ses armes sur le côté. Interpelé, Joakhim arrêta sa monture et se laissa planer silencieusement vers le toit de l'auberge pour mieux observer la scène. Il descendit de sa monture et s'approcha du bord. La femme s'était bien battue. Les visages des deux hommes à terre attestèrent de l'effet de surprise. Un tel spectacle le fit sourire, mais cela ne dura pas.

Les deux hommes encerclèrent la jeune femme, et malgré l'intervention musclée de la nouvelle protagoniste, ils semblaient résolus à passer leurs nerfs dessus. Cela en faisait trop pour lui.

Joakhim se laissa tomber sur l'homme de derrière au moment où il s'apprêtait à assener un coup dans le dos de la courageuse jeune femme. Son comparse fut surpris de voir son compagnon s'effondrer et laisser place à un homme de stature moyenne. Il avait les cheveux noirs tressés en une natte et une barbe soignée de la même couleur. Son front dégarnit attestait d'un certain âge, ou peut-être cela était-il dû à un caractère d'hérédité. Il était vêtu d'une ample chemise blanche qui semblait trop grande pour lui et d'un pantalon marron taillé dans du cuir brut.

Joakhim s'approcha aux côtés de la jeune femme, délaissant l'homme inconscient au sol, et fit face au second agresseur.

Quand on reçoit une leçon, dit-il d'une voix assurée, on ravale son orgueil et on médite dessus.

Entre temps, le coup de feu avait attiré au dehors de l'auberge une foule de badauds venus voir ce qui se passait. La brute, privée de son compère, fut déstabilisée un instant et jaugeait la situation. Le nouvel arrivé n'était certes pas impressionnant, mais à présent, ils étaient deux. Il jeta rapidement un regard circulaire vers la foule. Il s'apprêtait à laisser tomber son désire de vengeance non sans une forte dose d'amertume lorsqu'il reconnut d'autres de ses compagnons sortir de l'auberge un bock à la main.

Il refit face à l'homme et la femme qui se tenaient toujours debout devant lui et sourit.

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Tarasil
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Message par Tarasil »

En quelques secondes, la situation avait pris un tor pour le moins inattendu. Le rapide échange de coups avec les "videurs" avait rassuré Tarasil sur sa faculté à survivre à cette confrontation, et même à s'en tirer avec les honneurs. Un cocard attesterait de l'inéquité de la situation, mais elle ferait avec...

De nouveaux protagonistes s'étaient joint à la scène qu'ils donnaient sur la grand'place de Comté de l'Or. Misère, elle n'avait pas souhaité cela ! Bien au contraire. Elle était venue pour pleurer sur la tombe de ses parents, et la voilà maintenant au beau milieu d'une bagarre de taverne. Lumière...

Une petite troupe de villageois au visage tantot réjoui, tantot menaçant sortait de l'auberge. Une naine (sans doute, à en juger sa mise et son utilisation du fusil), avait dégainé, tiré en l'air, et semblait vouloir tirer d'affaire le manchot d'une façon bien plus efficace que celle qu'elle avait entrepris. Un bel homme s'était posé en griffon non loi, et semblait plaider pour un apaisement des combats. Néanmoins, habillé comme il l'était , elle doutait de son efficacité au combat...

Bref, c'est comme si la situation était figé en un interminable instant d'évaluation des forces en présence. Tarasil jaugea le contenu de sa bourse, avant de tenter une manoeuvre qui lui semblait désespérée, et bien peu noble à vrai dire. Avisant un homme potelé au solide tablier de cuir, elle cria :

- Tournée générale !

Le temps suspendit son vol. Sa voix était bien faible, mais dans le silence, elle se fit clairement entendre. Tant d'hommes entre eux ne pourraient que répondre favorablement à une telle proposition, non ? Et puis, elle avait grandi avec nombre de ses hommes, qui maintenant ne la reconnaissait plus, sa longue chevelure, blanche malgré son jeune age, sa silhouette fine, alors que lorsqu'elle travaillait à la forge ses formes étaient bien plus généreuses. Oui, il faudra parler pour les convaincre...

Mais elle fut soudain prit d'un doute affreux, plus si sure que sa proposition remporte l'adhésion en ces temps troublés. Elle leva les poings, prête à recevoir les porjectiles et coups qui risquaient de suivre sa proposition pourtant généreux eu égard aux nombre de participants désormais autour de la place...

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Falstaf
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Message par Falstaf »

La situation tournait au pugilat général, ce qui était inespéré : dans le brouhaha et l'anarchie, Falstaf se faisait fort de se faire oublier et de disparaitre enfin, plus ou moins intact.

Si vous pouviez préserver l'intégrité physique de la dame que voici, chuchota-t-il à Deirdre en pointant Tarasil du doigt, je vous en serai reconnaissant. Elle m'a sauvé la mise, bien que ses méthodes soient peu orthodoxes.

Alors qu'il s'attendait à une reprise de la bagarre, surtout après la sortie d'un bon nombre de clients hors de l'établissement, l'ancien baron fut une nouvelle fois surpris par l'attitude de sa sauveuse.

Tournée générale !

Le temps sembla comme suspendu à cette annonce. Les villageois se regardaient les uns les autres, essayant de se souvenir de la dernière fois qu'ils avaient entendu pareille sentence. La crise économique était passée par là, et bien rares étaient les clients de la Fierté du Lion qui se lançaient de nos jours dans une si généreuse démarche. Les regards des habitués se firent pressants sur le tavernier Dobbins, dont le regard vitreux reflétait le calcul qui se tramait dans son crâne, et dont la mise de la jeune femme n'était que l'un des nombreux paramètres.

Tournée générale ! se mit-il finalement à crier au bout de quelques secondes, à la joie délirante de toute sa clique. Tout le monde à l'intérieur !

Les clients se pressèrent vers l'auberge, et les deux rustauds firent de même, sans épargner Tarasil de quelques coups d'oeil assassins. Dobbins resta sur le pas de la porte pour s'assurer que l'inconnue ne s'envole pas après une telle annonce.

Bientôt, la place principale de la bourgade se vida totalement.

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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

Deirdre se hissa sur la pointe des pieds et toisa Falstaf de toute sa petitesse dressée vers le ciel.

- Vous êtes sacrément culotté messire Falstaf... Mais si ça vous ramène plus vite à la maison ! C’est que j'ai une malade à surveiller moi ! murmura-t-elle d'un air furibard.

Elle allait faire quelque pas vers l'attroupement autours de la victime quand la jeune demoiselle lança un incongru : " Tournée Générale !" qui sembla faire mouche. Toute la place se précipita dans l'auberge pour profiter de la gratuité divine houblonnesque.
Il ne resta bientôt plus que Deirdre, Falstaf, l'inconnue, un bellâtre et Dobbins.

Deirdre s'avança vers le tavernier et détacha une boursette accroché à sa ceinture- au coté d'un impressionnant couteau de chasse. Elle lui jeta à la volée. Il l'attrapa sans peine.


- Voilà pour la tournée, Dobbins. Nous on s'en va.

Le filou plissa les yeux.

- On c'est pas déjà vu quelque part ?
- NAN !
fit Deidre en tournant casaque de manière beaucoup trop prompte pour être honnête.

Elle s'approcha de Tarasil qu’elle aida à se relever d'une poigne ferme. La paladine réalisa de près que la servante au fusil n'était pas vraiment de la race naine : C'était plutôt une très petite humaine dont les rondeurs et le gabarit pouvait porter à confusion. Ça n'expliquait pourtant pas les tatouages.


- Vous pouvez marcher ? Venez et prenez mon cheval. On a un très bon médecin à la Garnison.

Elle confia la nouvelle copine de "Jeannot Sans-souci" à sa bonne garde pendant que Dobbins comptait les pièces d'or en mordant dans chacune d'elle.

- C’est bon,
lâcha-il, vous pouvez décamper.

Deirdre Lorgna sur Tarasil en l'aidant à grimper sur Griffon, son cheval de trait.

- Z'êtes débitrice de la Baronne de Sangre , à présent.
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Tarasil
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Message par Tarasil »

Tarasil était encore un peu hébétée, quand elle vit l'étrange petite femme lancer une bourse sonnante au tavernier. Elle annonçait une tournée, et se la faisait payer.

L'excitation du combat passée, Tarasil se sentait comme barbouillée. Elle avait somme toute bien passer cette épreuve, mais le souvenir de son long recueillement devant la fosse commune en mémoire de ses parents, ainsi que la baisse d'adrénaline lui faisait tourner la tête, et des larmes revinrent à ses yeux.

- Redevable de la baronne de Sangre

Tarasil ne savait pas si c'était réellement positif. En règle générale, elle s'efforcait de n'être redevable de personne, surtout quand elle accomplissait son devoir et sortait un infirme d'un mauvais pas... Mais d'un autre côté, c'était quelques pièces d'or qu'elle pourrait offrir au prêtre local, pour le soin de son cimetière, notamment. Elle se promit de le faire le lendemain.

Alors qu'elle s'apprêtait à se rassoir tranquillement sur son banc pour se remettre de ses émotions, la "baronne de Sangre", puisque tel semblait être son titre l'avait invité à grimper sur un impressionnant cheval de labour, qui aurait fait bonne figure sur un champ de bataille.

Toute hébétée, Tarasil était montée. Elle était épuisée, nerveusement, et sa machoire lui faisait mal. Du moins aucune dent ne l'avait quittée. C'était toujours ça de gagné. Les dentistes en ville demandaient toujours un prix d'or pour faire repoousser les dents, surtout les canines, d'ailleurs. En larmes, elle se laissa conduire le long de la grand'route en compagnie de l'étrange équipage.

Entre deux sanglots, elle trouva l'énergie de se présenter. Elle était paladin de la Lumière, et certaines choses ne s'oublient pas...

- Bien le bonsoir, Sieur Falstaf, et à vos compagnons également. Je me nomme Taraelle Silbemund, mais l'on me connait sous le nom de Tarasil.

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Joakhim
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Message par Joakhim »

La foule tantôt intéressée par la rixe avait oublié la raison de sa sortie et tous, d'un seul mouvement étaient rentré dans la taverne pour profiter de l'alléchante proposition. Dobbins, rassuré par l'authenticité du contenu de la bourse avait fait de même. Tout rentrait dans l'ordre.

Les personnes restantes s'étaient rapprochées. Joakhim siffla et son griffon se posa majestueusement à ses côtés. Il inspecta la sangle de sa selle lourdement chargée avant de le chevaucher. Sa présence n'étant plus requise, il pouvait reprendre sa route.

Il prit congé des trois cavaliers et son regard se fit plus insistant vers Tarasil. Malgré sa robustesse et ses compétences affichées de lutteuse, une émotion ou un sentiment avait percé ses défenses. Joakhim en était touché. Ces larmes n'étaient surement pas dues à la courte rixe qui venait d'avoir lieu. Mais cela ne le regardait pas.

"Je souhaite que votre soirée se poursuive mieux qu'elle n'a commencé." Dit-il d'un regard aimable, cherchant à être le plus emphatique possible.

Puis, d'une tension sur la bride, il fit pivoter sa monture et lui donna de l'élan avant de commencer à s'élever.

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