Evolution professionnelle

De l'Abbaye de Comté du Nord au Camp des bûcherons, de la Lisière à la Tour d'Azora, la Forêt d'Elwynn est propice aux balades et aux rencontres.
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Falstaf
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Evolution professionnelle

Message par Falstaf »

- Les barricades de l'escalier Nord ont cédé ! Ils arrivent !

Une panique sans nom se généralisa parmi les étudiants, dont la plupart erraient ça et là sans trop savoir quoi faire. Leur domaine, c'était l'étude, la recherche, la réflexion et l'expérimentation. La guerre, en revanche, c'était une réalité bien lointaine, et jamais aucun d'entre eux n'avait imaginé la voir débarquer dans leur école avec son cortège de drames. Les quelques gardes que l'endroit comptait étaient débordés, tant par l'avancée de l'adversaire que par la gestion des jeunes gens affolés, terrorisés à l'idée d'une fin que personne n'aurait imaginée il y a quelques mois encore.

Des cris retentirent dans les couloirs alors que les soldats ennemis pénétraient avec fracas dans les dortoirs où s'étaient entassés ceux qui n'avaient pas eu le temps de se réfugier dans les niveaux inférieurs. Les appels à la miséricorde se multiplièrent, mais aucun de ceux qui se terraient derrière les dernières barricades ne purent savoir si leurs amis en bénéficièrent bel et bien : dans tous les cas, ils étaient perdus pour l'école, et leur destin ne leur appartenait déjà plus. Sans doute, une mort rapide était ce qu'ils pouvaient attendre de plus généreux.

Bousculant une frêle jeune femme qui, sous le choc après avoir vu son compagnon disparaitre dans les rangs ennemis, restait plantée en pleurant au milieu des couloirs sans savoir quoi faire ni où aller, Alexei Barov pénétra dans un laboratoire qui avait en vérité tout d'un petit appartement coquet.

- Vous pourriez frapper avant d'entrer.

Alexei avisa l'occupant des lieux de son regard de glace. Il n'avait jamais aimé l'alchimiste.

- Murmegivre est assiégé dans son laboratoire. Les forces de la Croisade ne vont pas tarder à y entrer. La liche est perdue.

L'annonce ne sembla pas troubler Falstaf qui, indolent, poursuivit sa tâche sans affecter de répondre à son interlocuteur.

- La Scholomance est perdue, baron. Tirion Fordring en personne mène l'assaut. Nous devons fuir.
- Généreuse idée ! Que proposez-vous ?
- Stratholme pourrait nous accueillir.
- En voilà une ambition ! Et ce n’est pas comme si la ville n’était pas elle-même assiégée, pas vrai ?


Alexei allait répondre quand de nouveaux hurlements s'élevèrent dans les couloirs. Une secousse ébranla les murs de l'école, et l'ancien chef de la famille Barov sentit un poids supplémentaire sur ses épaules.

- Murmegivre aura préféré se faire sauter plutôt que de tomber entre les mains des croisés...
- Il n'a pas tort, remarquez. Vu les horreurs que nos vainqueurs vont trouver dans nos placards, c'est sans doute ce qu'il y a de mieux à faire.


Alexei sentit une boule se former dans sa gorge. Voilà de bien longues années, il avait voué sa vie et sa lignée à un nouveau maitre, à une nouvelle idéologie, à un nouveau monde. Tous trois s'étaient effondrés, et il allait bientôt les suivre.

- Remarquez, poursuivit Falstaf en passant outre les atermoiements intérieurs de l'aristocrate déchu, ce bon vieux Ras nous a peut-être offert une échappatoire intéressante. Beaucoup de croisés ont dû mourir dans cette explosion.
- Il en faudra beaucoup plus pour les arrêter, Fordring est venu en force.


Falstaf haussa les épaules. Ses geists finissaient de remplir ses valises de costumes du dernier chic, de produits mystérieux et de liasses de documents dont le contenu ne devait pas tomber entre les mains de l'ennemi. Après un dernier regard nostalgique pour l'appartement qu'il avait meublé avec tant de goût au cours des dernières années, Falstaf s'empara de la pipe que Kel'thuzad lui avait offert au début de leur collaboration, puis passa son manteau et, suivi de ses créatures, quitta son bureau pour plonger dans la panique des derniers habitants de la Scholomance, Alexei Barov sur ses pas.

- Où allez-vous ? lança l'ancien maitre de Caer Darrow, un peu las.
- Bien que l'idée de découvrir quel sort le vertueux Fordring nous réserve me passionne - vous nous imaginez au milieu d'un procès ? Ce serait cocasse - j'avoue être très attaché aux petits plaisirs de la vie. Je serais très déçu de ne plus en profiter.

Alexei suivit Falstaf sans trop savoir pourquoi. Sa femme et sa fille aînée étaient mortes, ou aux mains des croisés. Le rêve né à Caer Darrow était fini. Autant le suivre jusqu'au bout.
L'étrange équipage croisa un certain nombre d'anciennes gloires de la Scholomance qui, sous la houlette du Sombre Maitre Gandling, tentaient de réunir les survivants pour un ultime baroud face aux envahisseurs. Falstaf attendit patiemment que les derniers défenseurs de l'école remontent les escaliers pour un combat perdu d'avance, puis jeta un coup d'œil sur les quelques étudiants qui, transis de peur, restaient prostrés en attendant la venue du courroux vengeur des si nobles croisés d'argent. De son bras unique, il désigna la lourde porte doublée de fer qui séparait les niveaux les plus bas de la Scholomance des étages déjà conquis par les envahisseurs.

- Barricadez-moi ça, les enfants.

La sereine autorité de leur professeur parvint à secouer quelque peu les élèves, qui fermèrent la porte et la renforcèrent au moyen de cales et de tonneaux. C'était là le seul moyen d'accès aux ultimes salles de la Scholomance et bientôt, serrés les uns contre les autres, les occupants des lieux firent silence, attendant fébrilement la suite des évènements.

Moins d'une heure plus tard, une voix de stentor s'éleva de l'autre côté de la barricade.

- Valets du Fléau ! Vos maitres sont morts ou captifs. Rendez-vous, et votre jugement sera digne et juste.

Un nouveau vent de panique s'éleva parmi les étudiants, qui se dispersa quand Falstaf s'approcha de la porte.

- Votre offre mérite réflexion, Fordring ! Revenez d'ici quelques jours, nous aurons l'occasion d'en reparler.

Un grondement sourd se fit entendre, avant que la voix du maître de la Croisade d'Argent ne s'élève à nouveau.

- Vous n'êtes plus qu'une poignée. La Scholomance est tombée, admettez-le, votre fin sera plus digne que ce que vos actes passés auraient mérité. Ne nous forcez pas à enfoncer la porte.
- Ce serait une très mauvaise idée, Généralissime. J'ai avec moi tout un tas de jeunes gens qui se sont découvert une soudaine admiration pour le tempérament explosif de mon défunt collègue Murmegivre.


Un silence inquiet plana de part et d'autre de la barricade, tandis que Falstaf attendait la réponse de son interlocuteur.

- Nos hommes sont prêts au sacrifice suprême.
- Eux, sans doute. Mais qu'en est-il des habitants de la région ?
- Que voulez-vous dire ?
- Entre autres travers, les gens d’ici ont pris la mauvaise habitude de rassembler tout un tas de produits relativement dangereux, et accessoirement toxiques, qui servent de matière première à nos expérimentations. Je me demande ce qu'il adviendrait si ces produits venaient à être collégialement soumis à une vive explosion. Il est probable qu'aucune forme de vie ne survivrait à des dizaines de lieues à la ronde, peut-être même jusqu'à Atreval.


Cette fois-ci, le coup semblait avoir porté.

- Vous ne resterez pas ici éternellement. Il faudra bien que vous mangiez.
- Merci pour votre sollicitude, nous vous ferons parvenir notre commande dans les plus brefs délais.


Falstaf entendit presque le paladin sourire de l'autre côté de la porte.

- Vous semblez un homme raisonnable. Vous savez que votre cause est perdue. N'ajoutez pas le sang au sang.
- J'aurais grand plaisir à discuter avec vous autour d'une bonne bouteille. D'ici à ce que vous trouviez un cépage suffisamment plaisant pour nous deux, je pense que je vais attendre ici.


Un bruit de pas se fit entendre, et Falstaf devina que Fordring s'en était allé. Il se tourna vers les étudiants, qui le regardaient avec espoir.

- Mes enfants, nous devons admettre que le paladin a raison sur un point. Notre rêve d'un monde meilleur a vécu. Le monde a changé, et nous allons devoir changer avec lui, sous peine d'être relégués aux oubliettes de l'Histoire.
- Que proposez-vous ?
, lança Alexei Barov, soudain plus inquiet des initiatives du baron que de la menace des croisés.
- Nous devons sortir d'ici et retrouver le monde. Nous mêler à lui, et épouser notre temps. Vous avez été bien formés, durant toutes ces années. Je ne doute pas que vous trouviez tous un emploi auprès de nouveaux maîtres.

Les élèves se regardèrent les uns les autres, partagés entre l'espoir de survie et l'angoisse d'être séparés de leurs condisciples, livrés à eux-mêmes dans ce vaste monde contre lequel ils s'étaient ligués.

- Vous comptez dissoudre la Scholomance ? Alexei Barov n'en croyait pas ses oreilles.
- Non. C'est le Culte des Damnés que je dissous.

Le choc était tel que Alexei vit rouge. En l'absence des dizaines d'étudiants qui le regardaient présentement, il aurait sans doute abattu l'alchimiste sur place.

- De toute manière, nous parlons en vain. Nous sommes enfermés ici. Et votre menace n'arrêtera pas les croisés très longtemps.

Falstaf s'intéressa aux étudiants. Les deux tiers d'entre eux, les plus jeunes, étaient sans doute prêts à le suivre. Les plus anciens, et les plus fanatiques, seraient incapables de survivre dans le nouveau monde.

- Il existe un chemin, seulement connu de quelques uns, qui a été creusé en secret au cours des dernières années, en prévision d'une telle situation. Je me propose de l'emprunter, avec ceux qui souhaitent m'accompagner.

Alexei Barov serra les poings. Caer Darrow appartenait à sa famille depuis des générations. Il l'avait offerte au Culte aux débuts du Fléau, et on lui avait caché des travaux qui y avaient été menés. Cette dernière humiliation fit basculer son choix.

- Je ne partirai pas avec des traitres. Nous sommes le Fléau, à présent, et je ne romprai pas les voeux que j'ai prononcés.

Une petite dizaine de cultistes à peine se réunit autour de l'ancien seigneur de Caer Darrow, le reste des étudiants se pressant dans le camp de Falstaf. Ce dernier approcha d'Alexei et lui tendit la main.

- Bonne chance à vous, alors. C'était un plaisir de travailler avec vous tout au long de ces années. J'espère que Stratholme pourra vous venir en aide.

Alexei Barov répondit sèchement à la poignée de main, puis s'écarta en vrillant du regard tous ceux qui s'étaient rangés derrière le baron. La plupart d'entre eux baissaient la tête, honteux du nouvel espoir qui étreignait leur coeur. Falstaf et sa petite délégation quittèrent les lieux, prenant un couloir rarement utilisé qui débouchait sur un fatras d'ossements et de déchets qui s'effacèrent aussitôt l'abaissement d'un levier caché, révélant un escalier d'où provenait un délicieux air frais. Les jeunes gens suivirent Falstaf et ses geists dans l'étroit passage pendant une vingtaine de minutes, avant de déboucher à l'air libre, de l'autre côté du lac au sein duquel trônait l'île de Caer Darrow. Un peu mélancoliques, les élèves jetèrent un dernier regard à leur école, et sursautèrent quand une ultime explosion la secoua.

- Et voilà, nous sommes tous morts. Falstaf réunissait ses affaires, que les geists avaient mélangées. Ayons une pensée pour le sacrifice involontaire de nos camarades restés sur place. La Croisade aurait eu des soupçons de ne trouver aucun corps. A présent, nous sommes libres.
- Qu'allons-nous faire à présent ?
- Vous êtes jeunes.
Falstaf finit de répartir la charge entre ses petits serviteurs. Vous êtes talentueux. Je suis sûr que vous trouverez facilement un nouvel emploi. Restez donc dans la région, on aura sans doute besoin de vos compétences dans la guerre qui s'annonce contre les réprouvés, vous ne serez pas dépaysés. Ou vous pouvez rejoindre le Marteau du Crépuscule, si vous avez envie de troquer une illusion pour une autre, à n'en pas douter vous serez comme des poissons dans l'eau. Sinon, il parait que la vie est douce à Hurlevent.
L'angoisse étreignait le coeur des anciens élèves de la Scholomance. Ils étaients seuls, à présent.
- Alors c'est vraiment fini ? demanda une jeune femme à l'air juvénile.
Falstaf s'arrêta, un soupir mourant sur ses lèvres. Au loin, les derniers cris d'agonie de la Scholomance s'estompaient, tandis que l'étendard de la Croisade d'Argent était hissé au sommet du donjon.
- Oui. C'est fini.


***



Trois semaines plus tard
Garnison du Ruisseau de l'Ouest
Forêt d'Elwynn
Milieu de journée



Le carrosse s'ébranla sitôt le voyageur et ses valises descendus à terre. Tiré à quatre épingles et rasé de frais, Falstaf de Winhler laissa son regard courir sur le haut bâtiment, qu'il avait déjà visité une fois, quelques années auparavant. Laissant ses effets personnels à la garde silencieuse du chêne près duquel ils avaient été entreposés, le baron remonta le sentier vers l'entrée de la Garnison, cherchant du regard une personne auprès de laquelle il pourrait s'annoncer.

- Ce que la vie est surprenante, chuchota-t-il, amusé, en s'arrêtant devant les hautes portes du bâtiment. Je me demande si l'on mange bien, ici.

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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

C' est un relevé de compte épineux : un de ces tableaux complètement inepte laissé par feu Tellxeios, truffé de nombres, de blancs et agrémenté de grilles de morpions ainsi que de gribouillis grivois plus ou moins salaces. Paullariand avait un temps cru qu'il s'agissait d'un code secret pour protéger les transactions financières de notre requin de trésorier. Mon opinion à moi est que ce bon vieux chacal aimait à trousser -dans les deux sens du terme- sans prendre de notes.
Je m'étonne encore qu'il n'ait pas eu le temps de vider les poches de tout Azeroth pour les remplacer par ses petits bâtards.
Tragique disparition, vraiment...

C'est au moment où je mordillais la hampe de ma plume, tout en poussant un sauvage soupir d'ennui que le "sentiment" m'étreint.

Une boule au ventre.
Une pointe au cœur.
Une sensation d'urgence.

Ni une, ni deux, je me rue dans l'escalier. Mes talons claques sur les marches. Ma robe de soie sauvage noire chante à chaque foulée. Je bouscule Hans, le petit commis de cuisine qui montait ma collation de midi, puis Bertrand et Tobias, les gardes en ronde dans le couloir.
Je traverse la salle commune bondée par les soldats en train de prendre leur déjeuner. Je ne m'attarde pas sur les réactions que produisent mon apparition endiablée entre le fromage et le dessert. Je ne vais pas assez vite et soulève les pans de mes jupons pour libérer mes enjambées. J' atterris sous la herse, essoufflée, le rose au joue, la poitrine sur le point de s' échapper de mon corsage coupé à la mode gilnéenne.
Rainer et ses deux aides de camps encadrent une silhouette haute et distinguée devant un carrosse. La moustache parfaitement taillée et le regard azur pétillant d'intelligence compensent en stature ce que la manche repliée sur elle même laisse suggérer de vacant. Il me sourit avec son éternel flegme savoureux.
Il est là.
Il est vivant.
Il m'a manqué !

- PAPA !

Sans la moindre pudeur, je me jette à son cou, oubliant recommandations et prudence. Peu importe à présent que nous sommes réunis...
"The show must go on, I'll face it with a grin, I'm never giving in
On with the show
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Falstaf
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Message par Falstaf »

Vos papiers, Monsieur.


A défaut de faire honneur à l'organe dont la nature avait doté son crâne épais, l'adjoint qui montait la garde à l'entrée de la Garnison avait le mérite de disposer de cet instinct, commun chez bien des gens qui avaient intégré leur condition de vassal, qui permettait de repérer du premier coup d'œil une personne dont le statut leur était éminemment supérieur. Conciliant, Falstaf présenta donc les splendides documents que ses contacts dans l'administration hurleventine n'avaient pas manqué de lui produire sitôt connue son arrivée dans la région.

Docteur Jeannot Sansouci, mon bon. Je viens me présenter pour le poste de médecin de votre garnison. J'ai entendu dire que vous étiez en manque de praticien.

L'adjoint allait répondre quand une tornade rousse déboula de l'entrée du bâtiment et, sans que le baron puisse faire le moindre geste, lui atterrit dans le bras, le faisant lourdement chuter sur le sol.

Bonjour ma petite, fit-il tendrement en posant sa main sur le crâne de Lomah, qui ronronnait presque en se collant à lui. Tu m'aides à me relever ?

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Doreane
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Message par Doreane »

Doreane venait de passer deux des heures les plus ennuyeuses de sa vie, à inspecter chaque pierre de la tour de garde derrière une bande de pages excités qui tentaient de lui prouver que les murs risquaient de leur tomber sur la tête à tout moment. Ce dont elle était tout à fait convaincue par ailleurs, voilà ce qui arrive quand on laisse la supervision de travaux à l’elfe le plus pingre d’Azeroth. Et suite à des plaintes répétées émanant du tout nouveau P.G.M, la hiérarchie avait décidé de faire un geste en l’envoyant, elle, faire un point sur la situation. Comme si elle s’y connaissait en maçonnerie…
La dernière chambre inspectée, elle sortit de la tour en réprimant un soupir de soulagement, et en assurant à son auditoire que leurs revendications avaient bien été prises en compte, et qu’elles seraient remontées à qui de droit. Et elle rabattit vivement le carnet dans lequel elle prenait des notes tandis qu’un importun essayait de regarder par dessus son épaule. Il faut dire qu’il était surtout recouvert de gribouillis représentant différents modèles de dagues et des petites têtes de mort avec des cœurs à la place des yeux… L’arrivée d’un carrosse dans l’allée tomba donc à point pour la tirer de cette corvée.

Elle détailla de loin le visiteur qui lui tournait le dos, en tâchant de se remémorer où elle l’avait déjà vu. Oui, sa dégaine lui semblait familière. Quoique, un manchot, elle devrait s’en souvenir, non ? A moins qu’il n’ait eu ses deux bras quand elle l’avait croisé la première fois ? Elle en était là de sa réflexion quand Lomah surgit comme une furie, oubliant toute dignité (ce qui était assez rare pour être noté) et hurlant « PAPA! »

Papa ??? Doreane croyait pourtant savoir que les parents de Lomah étaient morts. Encore un mensonge ? De toute façon, tout ce qui touchait à la baronne de Sangre était toujours mystérieux et sulfureux. N’importe quel individu de bon sens aurait tourné les talons et serait parti se réfugier dans un endroit sûr en prétendant n’avoir rien vu, mais si la jeune femme ne manquait pas de bon sens, elle était aussi pourvue d’une insatiable curiosité. Au lieu de faire discrètement demi-tour elle s’avança le sourire aux lèvres, et se planta devant le couple improbable comme s’il était parfaitement normal de trouver le chambellan écroulé sur un inconnu devant la porte du bastion. Sur un ton aussi mielleux et déférent que le méritait sa supérieure hiérarchique, elle s’enquit poliment tout en tendant une main secourable :

- Oh chambellan, vous avez un invité ? Avez-vous besoin d’aide ? Peut-être puis-je vous faire préparer du thé ? »

Puis, tournant les yeux vers Falstaf :

- Je suis Doreane, chevalier de l’Ost Pourpre ; enchantée de vous rencontrer. Et vous êtes ?
"Hey you,
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Lomah de Sangre
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Message par Lomah de Sangre »

Mon instant d'égarement ne dure guère.
Les bonne vieilles habitudes ont la peau dure. Avec un certain pincement au cœur, je m'arrache à l'étreinte de Père. Le savoir en vie m'emplit d'une joie nouvelle, d'une volonté neuve. Je m'époussète avec soin. Mon visage se recompose une expression qui sied mieux à ce qu'on attend du Chambellan de l'Ost Pourpre. Puis je tends deux mains secourables à Falstaf.


- Du thé, ma chérie, ce sera parfait. Utilisez celui à la pomme et à la canelle," Jeannot " l'aime avec un sucre et sans nuage de lait. Mais je ne vous ai pas présentée Doréane : Voici ... Jeannot Sansouci.

Je bute un poil sur le nom d'emprunt, mais cela ne se voit presque pas. Seul Rainer tique. Je soustrais rapidement Falstaf à son regard avant que la mémoire ne lui revienne. Nous avançons tous trois de concert vers l'intérieur du bastion.

-...Il est peu de dire que je le considère comme un père pour moi. J'étais si inquiète de ne pas avoir de nouvelles de votre dernière affectation " Jeannot ". (à l'intention de Doréane, avec une habile pointe de fierté filiale à peine feinte) Il était médecin réquisitionné d'office par l'armée du front nord, dans les Malterres . J'ai perdu votre trace après la bataille d'Andhoral ! Plus de lettres ! Ça n'est pas gentil de fertiliser mes angoisses de la sorte !

Notre entrée dans la salle commune est assez remarquée...
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Falstaf
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Message par Falstaf »

Falstaf s'était relevé, guilleret, puis s'était retourné en entendant la voix délicatement moqueuse d'une jeune femme qui approchait de l'entrée. Retrouvant ses réflexes de salon, l'alchimiste s'inclina profondément, avec une grâce à peine affectée par l'absence de son bras gauche.

Mademoiselle ! Si j'avais su que ce lieu abritait, outre mon futur emploi et le pain quotidien que mon labeur permettra de gagner, de si remarquables âmes, le ciel m'est témoin que je m'y serais précipité avec davantage d'entrain ! Ravi de vous rencontrer, très chère. Jeannot Sansouci, médecin de campagne et, si le destin le veut, futur docteur de votre garnison.

Falstaf prit délicatement la main de Doreane dans la sienne avant de se pencher vers elle, en un baisemain de la vieille école, qui évitait la grossièreté d'un contact physique. Puis, soucieux de ne pas imposer sa présence trop longtemps, il s'écarta de la jeune femme, reculant d'un pas.

Nous aurons sans doute l'occasion de nous revoir, même si j'espère que vous n'aurez pas trop rapidement besoin de mes services, fit-il avant d'être happé par Lomah, qui l'entraina à l'intérieur de la Garnison.

Délicieuse journée, assurément, fit-il pour lui-même tandis qu'il franchissait les portes du bâtiment. Il avait passé la première grille. Bien d'autres l'attendaient sur le chemin.

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Doreane
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Message par Doreane »

Si Doreane avait espéré que l’émotion fissurerait un instant la carapace de la chambellan, et qu’elle laisserait échapper une bribe d’information, elle en fut pour ses frais. Celle-ci se reprit aussitôt et lui présenta « Jeannot Sansouci », médecin de son état. La jeune femme aurait bien enchéri avec encore une ou deux questions, voire essayer de se souvenir pourquoi son visage lui paraissait familier, mais il la noya sous un flot d’amabilités, ce qui la condamna à ouvrir et fermer la bouche comme un poisson hors de son bocal sans pouvoir en placer une. Provisoirement vaincue par le duo bien rôdé, elle se retrouva à les suivre vers l’intérieur du bastion, en se demandant à qui elle allait bien pouvoir confier la mission de dénicher du thé pomme-cannelle…
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