[Comté de l'Or] Un temps pour chaque chose

De l'Abbaye de Comté du Nord au Camp des bûcherons, de la Lisière à la Tour d'Azora, la Forêt d'Elwynn est propice aux balades et aux rencontres.
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Complainte
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[Comté de l'Or] Un temps pour chaque chose

Message par Complainte »

~Arcana - In search of the Divine ~


***


Tap-tap-tap.


Vraiment, ce n'était pas correct.

Bien sûr, servir à la Fierté du Lion - dernière escale avant les rues larges et pavées de la capitale - ne présentait pas que des avantages. Il fallait s'y faire à cette agitation bruyante, aux rires gras des soldats en permission, aux grincements et la fumée - fichue fumée - de la forge tout en face de l'autre côté de la place et, surtout, surtout, à cette faune bigarrée qui n'avait de cesse de prendre l'établissement pour ultime défouloir avant Hurlevent. Ou après. Peu importait.

Depuis ces espèces de grands démons à l'accent roulant qui se faisaient appeler "les Exilés" - quelle idée ! - aux Elfes généralement hautaines et pédantes, en passant par les diableries sans cesse renouvelées de certains gnomes en mal de sensations mécaniques, ah ! Il en avait vues, des bizarreries ! Des aventuriers gonflés de leur propre importance, toujours prêts à déclencher quelque querelle stupide et à gâcher son bon alcool ! Des Dames en goguette, ne connaissant du monde que deux ou trois bêtises apprises dans un quelconque boudoir pendant une séance de broderie en compagnie d'amies aussi sottes qu'elles ! Des paysans, des paladins, des mages qui vous dévisagent en biais, des prêtres à peine formés tout juste crachés par l'Abbaye du Nord, et même des druides, tiens donc, des foutus druides débarqués de l'autre continent tout exprès pour dégueulasser ses tables de feuilles et d'il ne savait quels résidus de fourrure - la Lumière leur pardonne !

Du sang-froid, qu'on lui avait dit. Pour travailler ici, il faut du sang-froid. Ah. Bien. Ce n'était pas un mauvais conseil en soi. Grâce au sang-froid, il avait fini par relativiser certains menus détails, et teinter sa susceptibilité d'une once de fatalisme. Rares étaient les clients à réellement s'attarder. Comté de l'Or n'était généralement qu'une étape. Et tant mieux ! Les gens, aussi insupportables puissent-ils être, emmenaient leurs soucis avec eux. Il lui fallait se retenir pour ne pas lancer, parfois, un "bon débarras !" bien senti à la place du sourire crispé offert en guise d'adieu.

Et puis, le temps et l'expérience aidant, il avait fini par discerner certaines logiques, certains schémas comportementaux et certains archétypes, qui lui permettaient - avec une petite marge d'erreur, certes - de prévoir à l'avance les réactions de tel ou tel client. Tenez, par exemple, ce mage en robe rebrodée d'or et d'argent, le menton haut, ne boira sûrement pas d'alcool - ou alors un "vin de Dalaran" commandé de ce petit ton sec et péremptoire qu'il ne supportait qu'en pensant à la promesse d'espèces sonnantes et trébuchantes. En revanche, ce grand gaillard, là-bas, avec sa hache à double tranchant sanglée dans le dos, ce sont probablement les tonneaux qu'il faudra sortir. Et l'installer près de la porte, accessoirement. Pour le faire jeter dehors plus rapidement en cas de rixe, et pour éviter qu'il ne brise une fenêtre dans ce même cas. C'est que c'est cher, les carreaux de fenêtre.

Seulement voilà. Cette fois, l'objet de ses soucis n'entrait pas sagement dans l'une des catégories rassurantes et répertoriées. Cette fois, ce n'était vraiment pas correct.

De toute façon, dès que ce type avait passé son seuil, il ne l'avait pas senti. Bon, le fait qu'il s'agisse d'un de ces monstres du Nord, là, comme en attestait son teint laiteux et l'espèce d'immonde lueur bleu pâle qui nageait dans ses orbites, y était sûrement pour quelque chose. Mais pas que. Il y avait la mise. Celui-là s'habillait de pâle, de sorte que - de loin - il l'avait presque pris pour un prêtre. Il y avait les cheveux. Longs, ternes, plus proches de la couleur de l'os que de celle de la neige. Il y avait la stature. Grande et maigre, parée d'un certain sens de l'élégance.

Et il y avait le sourire. Ce fichu sourire.

Bon sang ! Ces créatures étaient censées se promener en armure noire, non ? A masquer leur visage sous des casques hérissés ou des capuches de mauvais augure. A inonder les environs sous la pression de quelque aura glacée, de sorte à bien faire en sorte que chacun sache qu'eux ont franchi la porte de la Mort - et en sont revenus. De cette sorte de clients qu'on ne brutalise pas, mais qu'on ne met pas dehors non plus - le décret Wrynn, il paraît - et qu'on traite avec une certaine méfiance. Des gens brutaux, durs, aux expressions fermées, le plus souvent bêtes comme leurs pieds et munis d'un orgueil aussi démesuré que leurs armes.

Mais celui-là souriait.

Le serveur, nerveux, s'agita. Reposa assez brutalement l'énième chope soigneusement essuyée et se remit à pianoter sur le bois usé du comptoir. Tap-tap-tap. Ce fichu non-mort souriait. Ca n'allait pas. Il n'allait pas lui fiche la paix, en plus, malgré son refus brusque et catégorique lorsque le "client" avait tenté de le questionner la première fois. Planté près du comptoir, il attendait. Et il avait ce sourire - ce sourire qui le glaçait finalement, et qui semblait signifier "j'ai tout mon temps".

Tap-tap-tap. Un soupir. Contenu, sec, agacé.


- Bon. Qu'est-ce qu'vous voulez, à la fin ? "


Après un petit instant d'immobilité, le non-mort pivota pour lui faire tout à fait face, posant à plat les mains sur le comptoir et penchant même légèrement l'échine. Sans se laisser démonter, le serveur fronça les sourcils.


- J'vous écoute, eh - voyez qu'j'ai du travail, alors feriez bien d'en v'nir aux faits.
- Merci de m'accorder quelques secondes de votre précieux temps, Monsieur. L'expression comme la voix étaient calmes, posées, paisibles - même si l'écho modulé de sa gorge recelait, tout au fond, un petit quelque chose d'aussi dérangeant que le sourire. Je ne vous importunerai pas longtemps. J'ai entendu dire qu'un ordre nommé l'Ost Pourpre avait installé ses quartiers dans les environs. J'aimerais être instruit de la route pour s'y rendre, ainsi que de ce qui s'en dit. Hmm ? "


C'était peut-être la douceur de la demande, ou ce nouveau sourire tout aussi délicat que les précédents - laissant voir la frange claire et régulière des dents, étonnamment préservées - ou bien, encore, la lenteur exagérée avec laquelle les doigts osseux poussaient en sa direction, sur le comptoir, deux jolies pièces d'or ; c'était peut-être tout simplement un courant d'air importun, toujours fut-il que le serveur se sentit frémir, l'espace d'un instant. Les deux pièces offertes disparurent après un rapide revers de chiffon.


- Bast, qu'voulez qu'j'dise ? Haussement d'épaules. N'importe qui sait par où s'rendre vers l'Ost dans le coin, z'êtes pas l'premier à demander et sûr'ment pas l'dernier. Allez-y voir vers la Garnison, au Ruisseau d'l'Ouest, vers la frontière 'vec la Marche. Si vous voyez pas où que c'est, suffit d'suivre la route. Pour le reste.... Bah... "


Il renifla, saisit une autre chope - pourtant propre - afin d'occuper ses mains et d'offrir un pendant un peu plus dynamique à l'immobilité attentive de son interlocuteur.


- ... C'est des gens, y s'battent pour la Lordaeron, tout ça, 'savez bien. Contre le Fléau, les Réprouvés et tout l'bazar dans l'Nord. Pour ça que, euh... Enfin, si vous permettez... 'Suis pas certain que ce soit une bonne idée d'vous rendre là-bas, vu ce que vous êtes - sauf vot' respect, eh. Mais ça me regarde pas, m'direz. "


Le non-mort ferma les yeux à demi, hocha la tête. Ses mains glissèrent sur le comptoir, finirent par le quitter tout à fait.


- Je suis touché par ce conseil, murmura-t-il avant d'enfin se détourner. Mais vous auriez pu vous contenter de simplement me répondre. Merci. "


Ah, il s'en allait ! Le petit sarcasme lancé sur la fin n'avait pas d'importance, il s'en allait. Pas trop tôt. Les épaules du serveur s'affaissèrent légèrement. Lumière, que ces gens étaient crispants. Cette dernière pensée le quitta bien vite, au profit d'autres invectives mentales à destination de nouveaux clients passant son seuil.

Le non-mort ne partit pas, toutefois. Pas tout de suite. Il se contenta de se faire momentanément oublier, glissé dans la foule bruyante qui occupait l'auberge. Il s'assit quelque part, posa sur ses genoux le large étui jusque là sanglé entre ses épaules, et attendit.

Il y avait un temps pour tout. Celui de quitter Comté de l'Or n'était tout simplement pas encore arrivé.


***

Térébantine VanHowzen
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Message par Térébantine VanHowzen »

Salle enfumée, odeur de clope froide, parfum de tabac grillé.
Si Térébantine Van Howzen se mêlait à la populace crasse de ce bouge ce n'était point tant par amour des vivants que pour le plaisir fugace d' humer cette fragrance corrosive qui lui était désormais parfaitement interdite. Sans la moindre classe la fille du "Doc" de Théramore cracha dans le fond de sa chope, le glaviot se mêlant avec un plaisir suintant à la mousse de fin de consommation.


- Hey Dobbins ! File moi de la gnôle.

Le tavernier se détourna du client pâlichon avec qui il entretenait une solide conversation pour se regarder en direction de la " Sorcière Verte", comme on l'appelait dans le coin.

- C'est que c'est plus cher, m'dame.

De prime abord, la donzelle avait de quoi faire flipper son homme avec sa dégaine improbable : une robe rouge et un corsage de même couleur qui avait vu de la route et connu peu de rencontre avec la lessive, une tête de poupée avec des yeux sanglants comme deux morceaux de viande crue, et une incroyable tignasse verdâtre. Il avait fallu qu'elle soigne une vilaine grippe de son fils et qu'elle déleste une de ses rabatteuses d'un enfant de l'amour pour qu'il lui reconnaisse un certain talent pour la médecine.

Et un certain goût pour l'or également.
C'est que ses services n'étaient pas spécialement du genre "donnés".

M'enfin, Dobbins se refusait à trop poser de questions : il savait la donzelle sous la protection d'une certaine rouquine de Baronne, une de ses nobliotes au bras long qui créchait à la Garnison du ruisseau de l'Ouest. Et puis en ces temps troublés, on croisait un peu de tout et de n'importe quoi à Comté de l'Or. Alors une pouliche à cheveux verts, c'était rien à coté des cadavres ambulants et des bonshommes venus de l'espace.....


- Mets ça sur la note de l'autre Catin. Après tout je bois en l'honneur de cette sale pute !
- Euh.. bien.

Ne pas contrarier une femme qui à ses lunes, c'est un peu une des 10 règles d'or de survie pour un honnête commerçant comme Dobbins.
Térébantine sortit un étuis à cigarette de son corsage -une boite usée jusqu'à la charnière- et l'ouvrit. A l'intérieur trônaient trois mégots et une clope à moitié entamée. Fébrilement elle s'en saisit et la glissa entre ses lèvres.
Elle ferma les yeux quelques instants.
Sa fossette au menton tressaillit sous l'effet d'un instant fugace de plénitude trop vite enfui. Un trémolo presque.
Puis elle s'arracha brusquement à cet instant d'abandon pour écraser nerveusement la cigarette sur le comptoir. A la place elle extirpa une blague à tabac des replis de sa jupe et après en avoir longuement avisé le contenu, étala une ligne de poudre noire sur le plat de sa main qu'elle sniffa tout de go. Ses pupilles se dilatèrent brusquement tandis qu'elle s'essuyait le nez.


- Ça vient cette gnôle, bordel !

Au moment précis où Dobbins lui servit un godet de liquide douteux, le sol se mit à trembler. Alors que les clients -plus on moins habitués aux secousses répétitives de ces derniers mois- se ruaient à plat ventre sous leurs tables, Térébantine s'accrocha au bar et assista impuissante à la mise à mort de sa blague à tabac mal refermée qui se rependit sur le sol. Un bref moment de panique voila les yeux de la jeune femme qui se rua pour récupérer les reliquats de son remède à travers les rainures du parquet, sous les bottes d'un grand échalas tout de noir vêtu...

- Merde ! Merde ! Merde ! Merde ...
Suivez l'odeur de sang frais et de tabac fumé...

Magdalenna
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Message par Magdalenna »

(Téré l'incruste ! Dans mes bras !)

Tu suis le chemin de la capitale jusqu'au croisement de Comté de l'or. De là, tu continues tout droit et quand tu vois des gugusses dans une forteresse, t'es arrivée.

Magdalena avait mal aux pieds dans ses petites chaussures de lin qui lui tenaient l'orteil dans l'alignement. Elle les sentait tout ramollis et écrabouillés au fond de la semelle dont le cuir commençait à s'user. Le sac, aussi. Il était si lourd. Il lui cisaillait l'épaule et la faisait méchamment tanguer du coté gauche. Elle avait déjà changé trois fois de coté, mais décidément, aucun n'était moins douloureux que l'autre.

Enfin. Quand même, le droit ne pouvait pas être *pire* que le gauche. La jeune fille s'arrêta en plein milieu du large chemin, le front humide barré d'un pli. Elle était très concentrée. Cette histoire de coté l'agaçait. Elle changea donc, et la bandoulière passa de l'épaule droite à l'épaule gauche. Comme elle portait son sac croisé, c'est donc du coté droit qu'elle tanguait maintenant. C'était très compliqué tout ça. Elle se remit en route. Les premières secondes tout se passa bien.

Puis ça revint.

- Ah mais non !

Elle s'arrêta de nouveau, alors qu'elle n'avait pas fait dix mètres, et laissa tomber le sac à terre. Elle se pencha en avant, s'appuya de ses deux mains sur chaque genou et le considéra un instant, sa longue chevelure rousse tombant devant ses yeux comme un rideau opaque. Ca ne pouvait pas continuer comme ça.

Aux grands maux, les grands remèdes.

Ca vola. Ce n'était même pas de la rage, mais elle ne voulait pas que les gens marchent dessus et se fassent mal en s'y tordant la cheville. Elle balança tout ce qui lui vint à portée de main, sans réelle distinction d'utile ou pas. Enfin, si, quand même, puisque la vieille casserole que sa chère maman avait insisté pour lui mettre sur le dos voltigea aussi. Et même plus loin que le reste. Qui avait besoin d'une casserole, franchement ?

Voilà. D'une secousse elle était de nouveau debout, et d'une autre elle était en marche. Une démarche légère et guillerette, un sac quasiment vide. C'était beaucoup mieux ainsi.

Tu suis le chemin de la capitale jusqu'au croisement de Comté de l'Or.

Elle y était. C'était plutôt petit, en fait. Dans ses souvenirs, le village était plus grand. Remarquez, c'était peut être parce qu'entre temps, elle avait grandi d'un bon mètre. Elle ouvrit grand ses yeux, ses oreilles et ses narines, et sentit ses bras se hérisser. C'était qu'il commençait à faire froid, avec le soleil qui disparaissait lentement, là bas en face. A l'ouest. Elle étendit son regard vers l'horizon, une main en casquette tendue au dessus des sourcils. C'était plus loin que prévu. Sac ou pas sac, elle était fatiguée, elle avait besoin d'une pause. Et en plus elle n'avait plus de casserole. Fâcheux.

Elle fit volte face. La place était animée. Il y avait des gens, un peu partout, des gens étranges. Là bas deux elfes assis en tailleur au pied d'un arbre conversant à demi mot, là un couple d'érudits se disputant allègrement en agitant les bras, ou encore un gnome moustachu en pleine lecture assis en retrait sur les marches de la forge.

- Hi hi, cancrelat !

Personne ne l'entendit, son léger gloussement se perdant dans la foule auditive de cette fin de journée. Le forgeron devait en vouloir fortement à quelqu'un, parce qu'il tabassait littéralement son enclume à puissant coups de marteau, ça s'entendait de là, et c'était une véritable agression. Magdalena plissa le nez. La porte de l'auberge de la Fierté du Lion s'ouvrit alors, déversant la chaude lumière qu'elle abritait vers l'au-dehors. Les effluves de tabac et de bonne chère parvinrent au nez moucheté - et toujours plissé - de la jeune fille, qui s'illumina à son tour. Oh ça oui ! En plus elle avait de l'argent. Enfin, un peu.

L'intérieur de l'auberge tenait ses promesses. Elle se sentit enveloppée de tendresse dès son entrée dans la grande salle. Ses yeux s'écarquillèrent encore, se gavant de chaque détail. Quand elle était venue à Comté de l'Or, des années auparavant, elle n'avait pas eu le droit d'entrer dans cet endroit. Parce que c'était "seulement pour les adultes" et qu'elle n'avait "rien à y faire". Aujourd'hui elle voyageait seule, sans personne pour lui tenir la main, et elle comptait bien en profiter. Les gens avaient l'air étranges, comme si il venait de se passer quelque chose. Elle en vit même un à quatre pattes sous une table. Plusieurs choppes étaient renversées sur les tables, et quelques personnes s'occupaient à ramasser des éclats de verre au sol. Intriguant... Peut être à cause de la secousse qui avait ébranlé la terre quelques secondes auparavant ? Oui, peut être... Magda n'y faisait même plus attention. Elle s'était dit qu'en niant les faits, ça s'arrêterait peut être. Pour le moment ça marchait plutôt bien, puisqu'elle ne s'en rendait même plus compte.

Elle n'eut pas le temps de bien regarder, parce qu'on la bouscula par derrière en grognant. Oui "ça" voulait rentrer et "ça" était tellement pressé que "ça" ne pouvait pas attendre un peu. Elle avança donc, tourmentée. Elle n'aimait pas qu'on la presse. Elle aurait voulu tout regarder de l'entrée, et se faire un tableau. C'était joli, cette lumière, avec tous ces chandeliers. Et cette odeur, hmmm... Servait-on du civet de lapin ce soir ? Il y avait tant de gens. Elle regarda, alors, en marchant. Et son regard en capta un autre qui la déboussola. Il était grand, et tout blanc. Non pas blanc, beige, mais ça n'était pas important. C'était ses yeux. Ils étaient bleus, mais pas bleus comme les siens. Bleus comme l'eau qui se gèle, ou comme le reflet du ciel dans le lac. C'était quelque chose d'aquatique, et de tellement froid...

Elle se prit les pieds dans quelque chose de rouge et vert qui traînait par terre. Elle trébucha. Elle trébuchait vraiment trop souvent.... Mais là c'était gênant, parce que dans un réflexe rodé par l'expérience, elle s'était accrochée au bras de Regard-de-glace.

Au lieu de l'attendue chaleur corporelle, elle ne trouva que chair froide. Elle eu l'impression d'avoir attrapé quelque chose d'inconnu, de nouveau. De vraiment pas naturel. Et dans le quart de seconde qui ralentit toujours dans ce genre de situation elle lâcha sa prise, qui pourtant lui aurait évité la lourde chute sur le parquet qui s'ensuivit, et le macabre "TOC" que fit sa tête lorsqu'elle heurta l'angle de l'escalier.

On la réveilla quelques secondes plus tard, d'une gifle magistrale ou bien de quelques petits tapotements sur les joues, elle n'aurait su faire la différence. L'auberge tanguait, mais elle capta quand même les regards qui s'étaient tournés vers elle, inquiets ou moqueurs. Le tavernier lui enfonça quelque chose de chaud entre les mains. Elle mit quelques secondes à reconnaître l'odeur du vin chaud, par dessus le "buvez ça" blasé.

Le truc vert et rouge, c'était une nana, en fait. Elle avait l'air vraiment furax. Et Regard-de-glace la surplombait, la tête un peu penchée, les yeux toujours aussi étranges. Ce n'était donc pas un effet de son imagination... Et il souriait. Elle regarda sa main et l'ouvrit, puis la ferma, examinant sa paume avec attention. Que s'était-il passé déjà ? Pourquoi avait-elle des frissons partout ?

- Buvez !

Elle s'exécuta cette fois, dans une grimace. C'était vraiment pour lui faire plaisir, parce qu'elle n'aimait pas du tout pas le vin chaud. C'était... chaud. Et ça piquait. Elle déglutit. L'auberge tangua davantage. Elle sourit.

- Wahou.
Modifié en dernier par Magdalenna le mer. 24 nov., 2010 7:41 pm, modifié 1 fois.
" Tu suis le chemin de la capitale jusqu'au croisement de Comté de l'or. De là, tu continues tout droit et quand tu vois des gugusses dans une forteresse, t'es arrivée. "

Leonyes
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Message par Leonyes »

Leonyes trainait ses souliers du coté de la forêt d’Elwynn, partageant son temps entre la forge de comté de l’or et l’harcèlement de l’adjoint Rainer (pour prendre des nouvelles sur sa possible intégration a l’ost).

C’est sur un de ces chemins que son œil fut attiré par des objets brillants, dans les fougères.
Il fit rapidement l’inventaire de ses trouvailles :

-Une louche, un bout d’étoffe et une casserole ? Haha, je suis en veine ce matin !

Il huma le fond de la casserole quelques secondes.

-Relent de carottes et d’un peu de choux. Ahhh ! quel régal !

Le gnome affectionnait tout ce qui était gratuit, il se mit donc en quête de quelques badauds pour faire partager sa bonne humeur.

C’est dans ces conditions qu’il entra dans la salle principale de l’auberge de la fierté du lion.

- YOUHOUUUU !!! Regardez ce que j’ai trou…

La scène le saisis d’horreur ! Des hommes sous les tables, Une Femme aux atours très colorés qui pestait vertement en direction d’un homme au teint blafard, lui-même penché au dessus d’une jeune femme innocente prise en otage !!! Des bouteilles brisées sur le sol indiqué que la bataille était encore chaude.


Les sens aiguisés du gnome lui permit d’appréhendé parfaitement la situation en quelques secondes :
Une attaque du fléau !

Qu’aurait fait le Grand Bricoleur Mekkanivelle à sa place ? Leonyes n’était pas reconnus pour son courage… mais qu’importe.

Le temps de poser la casserole sur la tête, dresser la louche sur son bras d’arme et le gnome chargea l’engeance du fléau en criant (pour la touche théâtrale) un familier :

- POURR MEKKANIVELLLEEEE !!!!

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Complainte
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Message par Complainte »

~ Corvus Corax - Ingordin et Ingordan ~


***


L'oeil gelé passa sur quelques têtes. Sur cette jeune femme qui masquait ses traits dans l'ampleur d'une capuche et décochait des oeillades mauvaises autour d'elle, triturant une petite bourse de cuir entre ses doigts. Sur cet homme à l'air affable, riant fort aux propos de ses compagnons de beuverie, mais qui tâtait fréquemment - avec une discrétion relative - vers les manches des dagues sanglées contre ses reins. Petites scènes, menus détails. De quoi se faire une idée globale de la faune fréquentant l'endroit.

Puis il la vit, elle. Oh, elle lui plut instantanément. C'était la couleur acide, brutale, de ses cheveux. C'était le vêtement, à la propreté toute relative. C'était les yeux, oui, ces yeux teinte plaie-ouverte, si attirants qu'il eut brièvement envie de plonger les mains dedans. Et l'allure torve. Et cette vulgarité particulièrement agressive, différente de celle que l'on affiche pour masquer le malheur : peut-être plus folle, peut-être plus malsaine, peut-être plus monstrueuse ?

Il en était là de ses réflexions quand la terre décida brutalement de secouer l'échine. Aussitôt, dans un bel ensemble, la plupart des clients rejetèrent chaises et boissons pour chercher abri sous le toit précaire d'une ou de l'autre table. D'autres se précipitèrent vers la sortie. Quelqu'un hurla. Lui, simplement, se leva - il n'avait pas envie qu'on le bouscule dans l'empressement à s'abriter, ni que l'on abîme ses quelques possessions. Le large étui retrouva sa place, fermement attaché entre les épaules. La main osseuse alla s'assurer de la présence du fourreau contre son flanc et, debout, avec ce stoïcisme si particulier des gens qui ne craignent plus grand chose - ou qui se sont résignés au pire - il attendit.

C'était amusant, pourtant, ce genre de petit phénomène. Non ? On avait l'impression que tout claquait des dents dans l'établissement, depuis les tintements répétés de quelques verres mal rangés sur une étagère branlante, jusqu'au raclement des pieds de chaise malmenés par les secousses. D'ailleurs, dans l'arrière-boutique, quelque chose se renversa - s'ensuivit un joli chapelet de jurons. Des chopes roulèrent en vomissant leurs fluides, des bouteilles s'écrasèrent. Une pluie fine de salpêtre s'abattit du plafond.

Hélas, c'était déjà fini. Comme à l'ordinaire, la secousse n'avait pas duré. Il pivota. Quelque chose craqua sous ses talons. Il eut à peine le temps de se demander de quoi il s'agissait lorsque la furie couleur sang-et-acide se jeta devant lui, tombant à genoux, se mettant aussitôt à gratter obstinément le sol.

- Merde ! Merde ! Merde ! Merde..." qu'elle grondait, entre désespoir et frustration, tant à sa tâche qu'elle n'avait pas même encore levé le nez vers lui.

C'était bien qu'elle soit aussi proche, il pouvait ainsi l'observer à loisir - trouvant tout de même la délicatesse de s'écarter, un peu, pour la laisser fouiller les lattes irrégulières. A s'activer ainsi, on aurait dit une goule qui vient de perdre son dernier morceau de tripaille. L'image lui sembla si belle et si appropriée qu'il en soupira.


- Quel gâchis ", laissa échapper le non-mort à mi-voix - commentaire laconique que l'étrange femme put peut-être assimiler à la perte de sa précieuse drogue, si tant fut qu'elle l'ait entendu.


Les gens tout autour commençaient à se relever et à sortir timidement de leurs cachettes. En gémissant pour certains, en pestant et râlant pour beaucoup d'autres. Le tavernier se précipita pour constater des dégâts. Et, apparemment indifférente à ce petit chaos tout autant qu'à l'odeur d'alcool renversé, pourtant omniprésente, la femme sang-et-acide continuait à rassembler les quelques vestiges échappés de sa blague à tabac...

C'était vraiment tout à fait fascinant. Au point de le faire se pencher à son tour, de toute sa hauteur maigre et anguleuse, pour tendre la main vers elle. Cela ressemblait à un geste désintéressé, une aide proposée pour relever quelqu'un qui se trouve à terre. Il n'en était rien. Il voulait toucher.

Pourtant, au jeu de qui attrape en premier, le non-mort ne fut pas vainqueur.

Il détestait ça. Il détestait qu'on le touche sans qu'il ne s'y soit préparé, sans qu'il ne l'ait accepté. Pourtant, on venait bel et bien de refermer la main sur son bras, pleinement, franchement. Abandonnant l'objet de son attention, le non-mort se redressa d'un sursaut vif, et se tourna vers l'être qui venait d'oser le saisir de la sorte. Lequel se révéla n'être qu'une jeune femme - ce fut, du moins, ce qu'il devina avant l'envol de jupons qui suivit la chute magistrale de celle-ci.

On se précipita. Deux jeunes gens à l'air benêt - qui se sentaient peut-être, à cet instant, l'âme de paladins - et le serveur. Pour vérifier que le coup contre l'escalier ne l'ait pas tuée, bien sûr, cela aurait fait mauvais genre dans son auberge, et pour lui faire boire un vin chaud une fois remise - qu'elle paierait, évidemment. Le non-mort eut un sourire très caractéristique de sa personne, mais également très bref à cette pensée, avant de se recomposer une expression lisse et neutre. Le coeur n'y était plus. L'auberge devenait trop agitée pour l'intéresser vraiment.

Alas, une perturbation ne vient jamais seule, dit-on. Et tandis qu'il pivotait vers la sortie, s'apprêtant à tourner définitivement le dos au tumulte et aux clients énervés, l'ultime intervenant fit irruption. Sous la forme d'un gnome. Armé de... de...


- Youhouuu ! Regardez ce que j'ai trouv..."


... D'une louche et d'une casserole.

Cette espèce était vraiment désespérante.

Brandissant fièrement ses attributs cuisiniers, le gnome s'était figé toutefois. L'oeil rond, braqué sur lui. Et lorsque, d'un air déterminé, il se coiffa de la casserole et se mit à lever la louche comme s'il s'agissait d'un épieu menaçant, son supposé adversaire se permit un autre soupir. Le second de la journée.


- POURR MEKKANIVELLLEEEE !!!!"


Il chargeait. Aussi ridicule que cela puisse paraître, il chargeait. Avec une casserole en guise de casque, laquelle devait lui faire une méchante visière et entraver son regard ; avec une louche en guise de lance ou d'épée - peu importait ; avec un enthousiasme et une impulsivité que n'aurait pas reniés le murloc fondant sur sa proie, fût-elle trois fois plus grande qu'elle.

Patiemment, le non-mort attendit que la petite créature parvienne à portée. Une fois qu'il estima la distance suffisante pour agir, il pivota de côté, simplement, et envoya, d'un bon coup de talon, l'une des chaises renversées glisser sur le parquet. Pieds de bois en avant. Et droit sur la trajectoire du gnome, bien entendu. De quoi faucher ce dernier en pleine course, à moins qu'il n'ait le réflexe de stopper sa charge ou de contourner l'obstacle - ce qui semblait hautement improbable, vu la fougue de son attaque et le casque gênant dont il s'était lui-même coiffé.


- Allons. Modérez-vous. Ce n'est pas moi que vous risquez de blesser."



S'il avait adopté un ton calme, apaisant et diplomate - modérant l'écho impossible lové au fond de sa gorge - le non-mort pressentait vaguement qu'il risquait de ne pas pouvoir quitter l'auberge aussi tôt que prévu.



***

Térébantine VanHowzen
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Message par Térébantine VanHowzen »

(Salut poulette ! ça fait bien plaisir de te lire :3)

Térébantine ne vit rien.
Haletante, désemparée, elle regardait les dernière bribe de sa vie disparaitre à travers les lattes du plancher.
J'vais crever...fut la seule pensée cohérente qu'elle eut pendant que fébrilement et sans retenu elle lorgnait les écharde de bois, cul en l'air. Oh, elle croisa bien les bottes du grand escogriffe qui la surplombait une main stoïquement tendue, mais elle n'en eut cure sur l'instant.

Ta gueule ma fille. Soit logique. Pense Logique....

Förlan ne lui referait pas une nouvelle dose tout de suite sans afficher une fois de plus son mépris pour son ignorance. Elle ne pourrait supportait d'avantage de sa part. Elle avait besoin de l'estime d'un de ses confrères et elle avait décidé que ce serait celui là.
Lomah pourrait toujours faire pression sur lui. Mais la dépendance de plus en plus désagréable qu'elle entretenait avec la baronne chatouillait son bon sens et son libre-arbitre. La De Sangre qu'elle côtoyait actuellement n'était pas la même que celle à qui elle purifiait des litrons de sang alors qu'elle jouait les funambules pour la Mort. Coeur de Magma avait changé un truc. Un truc pas net.
Restait la p'tiote. Ouais. La gamine, là. Doréane. Sa compagne de calvaire. Elle pourrait bien taper dans la réserve de la petite voleuse. ça se faisait... Ouais, ça se faisait.

Au moment où elle se redressait tout en marmonnant que c'était la merde, mais pas aussi puante et visqueuse qu'elle ne l'aurait cru, elle fut percutée de plein fouet. Ou plutôt non, elle croisa d'abord le regard glacé du non-mort qui lui faisait face, la main toujours cramponnée vers l'avant.
Et puis elle fut télescopée par un fatras de jupons parfumés.



- Hein ?!

Vachement intelligent !


- Putain de bordel de foutre-cul ! Sale empotée !

Là, elle se trouvait plus percutante.

Elle réagit le plus vite, analysant la situation avec netteté : la fluidité de l'habitude. Délicatement, elle se pencha sur la donzelle et sans trop la bouger de place, tâta sa tête. Léger écoulement de sang et chair tuméfiée : Une vilaine grosse commotion, le tout étant de ranimer la petite avant qu'elle ne commate de trop.
Deux gifles sonores et précises cinglèrent les joues de l'inconnue.



- DOBBINS ! La gnôle, tout de suite.

Térébantine ouvrit une des nombreuses sacoches pendues à sa ceinture et en sortit un carré d'étoffe de lin immaculé, visiblement tiré d'une petite pile soigneusement pliée. Elle trempa le tissu dans le verre d'alcool et tamponna l'arrière de la tête de la péronnelle, puis elle laissa Dobbins lui filer le reste de boisson alors qu'elle papillonnait des paupières.
Lorsqu'elle tenta de se relever en vacillant, Térébantine lui cala le fessier sur un des marches de l'escalier tout en lui glissant le pansement sous le nez :



- Hey cruchasse ! Au lieu de savourer ta première cuite, colle toi ça à l'arrière du crâne. T'as une vilaine bosse.

Trop simple, trop facile.
Förlan avait raison, elle n'avait pas la carrure d'une véritable scientifique, tout juste bonne à soigner les bobos des chiards du village, à retirer des flèches vicieuses sans arracher tout le muscle sur des champs de batailles perdues, à éjecter des bébés compromettant des utérus de leur mères indélicates ou à scier des membres que la gangrène avait choisi comme casse-dalle.
L'ennui total.
La limite cruelle de ses capacités.

Elle poussa un soupir en fourrageant dans son corsage à la recherche de son étui à cigarette en se rappelant soudain qu'elle n'y avait plus droit...



- Quelle journée de chiottes...
Suivez l'odeur de sang frais et de tabac fumé...

Magdalenna
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Enregistré le : dim. 21 nov., 2010 7:30 pm

Message par Magdalenna »

Cruchasse ? Magdalena tourna la tête, curieuse de savoir à qui s'adressait la femme en rouge, et qui devait supporter ce patronyme ridicule. L'autre insista. Ah, c'était pour elle. Encore un peu dans les vapes, la jeune fille attrapa l'étoffe d'un geste lent.

- Mais je ne m'appelle pas...

On la coupa dans son élan. Un gnome venait de faire irruption dans la taverne, en gesticulant. Il criait quelque chose de sa petite voix minuscule. Magda plissa les yeux.

- Hé mais ça ne serait pas ma...

On la coupa encore. Toujours lui. Mais cette fois, il ne criait plus, il hurlait. Un véritable hululement. Il se servit de ladite casserole pour se faire un casque de guerrier, ce qui fit frissonner Magda de tout son long. Elle récurerait la chose de bout en bout, et le plus énergiquement possible, plusieurs fois. Quelle indélicatesse ! Rien qu'à l'idée de manger dedans ensuite...

- Enlevez tout de...

Au tour de Regard-de-glace, qui envoya une chaise valdinguer dans les jambes du gnome d'un simple coup de pied. La Grande Classe. Heureuse fut l'initiative, car sans quoi l'hurluberlu aurait sans doute donné un coup de louche mortel à quelqu'un. Magda se redressa, pas encore tout à fait claire. Tout ça allait un peu trop vite, et en plus elle n'arrivait pas à en placer une ! En désespoir de cause, elle s'appliqua le linge alcoolisé à l'arrière du crâne et grimaça. Diable, c'était douloureux. De petites larmes perlèrent à ses yeux.

- Ca fait mal...

D'une toute petite voix. De toute façon personne ne l'écoutait.
" Tu suis le chemin de la capitale jusqu'au croisement de Comté de l'or. De là, tu continues tout droit et quand tu vois des gugusses dans une forteresse, t'es arrivée. "

Leonyes
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Message par Leonyes »

Le temps de sa course, la casserole glissa sur les yeux de Leonyes, qui ne put empêcher son esprit de fonctionner a toute vitesse.

Il faudrait rajouter une sangle pour la fixer sur le sommet du crane, peut être prévoir un trou pour les yeux. Oh ! et rajouter une plaque sur le coté pour protéger la nuque !

Le choc fut rude, net, interrompant le gnome sur le coup, le renvoyant valdinguer sous une table.

-Ouch ! ca y est, Je l’ai eu ?

En retirant la casserole de son champ de vision, il vit la chaise en lieu et place ou se trouvait auparavant l’individu. Pour entendre par-dessus tout un cuisant :

- Allons. Modérez-vous. Ce n'est pas moi que vous risquez de blesser."

-Mais ?! le fléau ne parle pas comme ca !

Peut être pas encore particulièrement rassuré. Le gnome alla donc trouver refuge derrière les jupons de la furie aux cheveux colorés. Elle semblait bien être la seule de la pièce a ne pas avoir l'air inquiétés par l’homme de glace.

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Complainte
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Message par Complainte »

~This Morn' Omina - ~Oddua~ ~


***


Sa manoeuvre avait eu l'effet escompté. Percutant en pleine course l'obstacle mis sur son chemin, le gnome s'en alla rouler sous une table, près des pieds de clients suffisamment indifférents aux secousses pour s'être déjà remis à boire. Le non-mort tendit légèrement le cou, et plissa les yeux d'un air satisfait. Au moins n'aurait-il pas à se montrer plus persuasif encore.

Être à l'origine d'une rixe sitôt le pied posé en Elwynn, cela eût fait désordre, tout de même...

Une activité normale reprenait peu à peu au sein de l'auberge. Le brouhaha montait en volume. Certes, il y avait bien quelques regards peu amènes à s'attarder sur lui - un non-mort, même sans armure noire et glacée, reste un non-mort, avec les hostilités coutumières que cela entraîne - mais à tout prendre, la blessée au bas des marches attirait d'avantage l'attention. Même si la présence hargneuse de l'autre femme - et sa gouaille étonnante, bien entendu - semblait tenir à distance certaines bonnes volontés.

Placide, il s'épousseta l'épaule. Suivit du coin de l'oeil le gnome à casserole qui pointait finalement le nez hors de son abri.


- Mais ?! le fléau ne parle pas comme ca !
- Et pour cause, cher ami, susurra le non-mort en se penchant pour ramasser la chaise par le dossier, posément, et la remettre sur pieds. Puisque tel n'est pas mon nom. Je me fais appeler Complainte. Tellement plus chantant, n'est-ce pas ?"


Et un sourire en prime. Non, en réalité, il ne souriait pas vraiment. Disons qu'il étirait légèrement les lèvres, et découvrait à peine les dents avec une certaine délicatesse. Ce n'était pas chaleureux. C'était plutôt... Un brin carnassier.

Assez nonchalant, le nommé "Complainte" s'appuya des mains sur le rebord de la chaise tout juste redressée et avisa, à nouveau, de la scène. La tension brutale due à la secousse semblait bel et bien retombée parmi les buveurs et autres clients de passage. Chacun y allait de sa petite conversation, les voix enflaient. Rêveur, le non-mort en revint à la femme sang-et-acide qui avait tant captivé son attention quelques instants plus tôt, ainsi qu'à la jolie demoiselle responsable de toute cette agitation. Celle-ci avait tenté de protester - contre qui ? quoi ? - et tamponnait désormais l'arrière de son crâne, l'air piteux.

Dire que sans ces deux perturbations, il aurait pu paisiblement continuer à analyser l'objet de son intérêt, à disséquer de loin ses attitudes et ses expressions, peut-être élaborer quelques théories sur l'origine de ces curieuses couleurs, oui, et découvrir que sa peau avait goût de tabac froid et...

Ah ! C'était frustrant.

Ravalant un soupçon de contrariété, Complainte pencha légèrement sa silhouette longue et anguleuse en avant, fixant le gnome qui - pour le narguer, c'était certain - avait décidé de trouver refuge auprès de son sujet d'observation. Sa voix s'éleva à nouveau. Douce, toujours, naissant des rumeurs alentours et s'en détachant pourtant sans peine pour demeurer audible sans toutefois les dominer. Une voix à l'image de sa personne, non pas rigide et sévère : plus suave, plus... fielleuse, aussi.


- Et vous, hmm ? A quel formidable demeuré ai-je l'heur de m'adresser ?", glissa-t-il avec un sourire un peu plus large, affectueux, tempérant la moquerie pourtant explicite de ses propos.


***

Térébantine VanHowzen
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Enregistré le : dim. 30 mai, 2010 9:50 pm

Message par Térébantine VanHowzen »

+musique+

Térébantine se racla la gorge et lâcha un vilain glaviot sur le parquet. Puis avec la grâce fascinante des sous-mariniers de Théramore , elle se passa la main derrière la nuque qu'elle fit craquer d'un mouvement de tête à la virilité déconcertante.
Ce n'est qu'ensuite qu'elle posa un regard rouge sur la gamine recroquevillée sur les marches en train de chouinasser comme si c'était soudain la seule chose digne d'intérêt dans ce rade de péquenot.

- Ah chiale pas... C'est qu'un p'tit bobo.

Elle étala son fessier à coté de la donzelle dans un concert de craquement de bois usé et de soierie défraichies. Sans la moindre once de tendresse elle lui arracha le pansement des mains et écarta les touffes de sa tignasse pour inspecter le cuir chevelu.


- Ça saigne déjà plus. Tu coagules vite.

Compliment ? Peut-être, peut-être pas . Impossible à déterminer avec ce ton monocorde et cette voix rocailleuse. Mais la jouvancelle pleurnichait toujours.

- Laisse-moi deviner... Tu viens de sortir de ton couvent , ou pt'êt des jupon d' ta mère ? T'es encore un d'ces tendrons qui veulent découvrir le monde alors qu'ils tètent encore à la mamelle ? Héhé...

Ricanement mi-grinçant, mi-nostalgique.


- Si j'avais eu le choix chais pas si j'aurais baladé mon cul de port en port comme j' l'ai fait. Mais je l'ai pas eu. Si tu chiales à la première bosse, gamine, ça sera quoi quand tu te feras violer dans une ruelle sale ou que tu défendras ta bourse au hachoir contre trois connards plus baraque que toi ?

P'tain tu te fais vieille, voilà que tu donnes dans le social maintenant ? T'as juste peur de crever comme une merde. Et qu'est-ce que t'as fait de la vie que tu d'vais pas avoir ? Hein ? hé....

Térébantine fronça les sourcils et secoua la tête. La sensiblerie c'était pas son truc. Si le tabac n'était plus un exutoire convenable, il lui faudrait trouver autre chose... Et qu'est-ce qui l'excitait plus que la médecine ? Chirurgie exploratrice, détection des germes, désinfection du mal, expérimentations....

La taverne de la Fierté du Lion n'était plus qu'un petit point lointain dans son esprit, un vague brouhaha étouffé. Lentement ses pupilles écarlates en vinrent à ne plus lâcher Magdalenna au fil de ses réflexions....



Suivez l'odeur de sang frais et de tabac fumé...

Leonyes
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Enregistré le : sam. 23 oct., 2010 8:51 am

Message par Leonyes »

Un 'demeuré' ! Alors la il y allait un peu fort !
Leonyes était un gnome, les garants du savoir, de la connaissance, et de toutes ces choses la en général.

Il tenta la voie subtile de la médiation :

Je m’appelle Leonyes, Leonyes Leonyes. Je suis un aspirant-presque soldat de l’Ost Pourpre.
Natif de Kharanos. Et euh…..

Qu’est ce qui a bien pu se passer ici ? Quel chantier !


Leonyes tentait de manière générale de rester à distance raisonnable du bonhomme de glace carnivore. Ce n’était pas vraiment de la peur, non. Mais des fois que quand même.

Euh, aussi, quoi vous êtes ?

Le mot juste aurait était ‘Qui ‘ mais voila, le gnome se sentait un peu comme toutes les machines de son peuple : ‘en fonctionnement dégradé’.

Magdalenna
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Enregistré le : dim. 21 nov., 2010 7:30 pm

Message par Magdalenna »

Cette nana avait vraiment un problème comportemental, pensait Magdalenna en observant cette curieuse créature faite de rouge et de vert. Rien que par sa présence, elle éclipsait le reste. Et lorsqu'elle vint s'asseoir juste à coté, sur les marches, la jeune fille ouvrit grand les yeux et papillonna, entre l'inquiétude et la fascination. Elle renifla discrètement et fit de son mieux pour retenir ses larmes.

- Je ne... pleure pas !


Elle s'essuya nerveusement les yeux. Non, elle ne pouvait pas se résoudre à utiliser le même langage. Même si ça lui allait particulièrement bien, à elle.

Docile, elle pencha la tête lorsqu'elle alla jeter un coup d'oeil à gestes brusques. Elle aurait aimé protester. Elle l'aurait sans doute fait si elle avait été moins impressionnée.

Néanmoins l'opération fut encore douloureuse, ce qui lui arracha de nouvelles larmes. Elle ne pouvait tout simplement pas concevoir de souffrir. Sa peau était trop douce pour subir des coups !

Elle écouta en revanche les répliques de sa mystérieuses infirmière sans réagir, encore pas trop décidée sur la façon qu'il convenait de prendre les choses. Un ton si péremptoire ! C'était que... ça devait être vrai. Magda n'avait jamais rencontré beaucoup d'étrangers.

- Heu... Oui madame.


Cependant lorsque la discussion porta sur le viol et la bagarre, elle écarquilla les yeux d'un air horrifié.

- Oh ! Mais... Les gens ne feraient jamais une choses pareille ! C'est horrible !

Elle s'entoura de ses bras, dans un geste de protection. A la simple idée d'être agressée, la voilà qui tremblait comme une feuille. Quelqu'un proposa de lui refiler un autre verre d'alcool, pour la "requinquer", mais elle avait déjà la tête qui tournait dans tous les sens.
" Tu suis le chemin de la capitale jusqu'au croisement de Comté de l'or. De là, tu continues tout droit et quand tu vois des gugusses dans une forteresse, t'es arrivée. "

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Complainte
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Message par Complainte »

~ Caprice - Winter ~


***



- Je m’appelle Leonyes, Leonyes Leonyes, déclara le gnome pour sa défense, avec probablement un peu de raideur ou de défiance dans le ton. Je suis un aspirant-presque soldat de l’Ost Pourpre. Natif de Kharanos. Et euh…"


Complainte haussa légèrement un sourcil. L'information principale qu'il retint dans cette petite déclinaison d'identité, outre le nom redoublé de son précédent adversaire, fut "Ost Pourpre". Ah. Ca, c'était intéressant.


- Qu’est ce qui a bien pu se passer ici ? Quel chantier ! reprit le petit être - peut-être pour faire oublier son attaque impulsive et injustifiée.
- Ma foi, ronronna le non-mort en levant la main et en la faisant voleter légèrement dans un geste qui pouvait signifier tout et n'importe quoi, je suis étonné. Je pensais vos semblables suffisamment proches de la terre pour la sentir remuer quand c'est le cas. Hmm ? Dans quelles pensées profondes étiez-vous plongé pour ne pas avoir remarqué cette secousse ? A moins que... Il leva l'index pour se tapoter légèrement le sommet du crâne, souriant - que votre couvre-chef, en plus de restreindre votre vision et votre sens logique, ne vous mène à confondre déséquilibre et stabilité."


Tout en parlant, il s'était rapproché, tranquillement. Et ce n'était pas du tout prétexte à pouvoir observer de plus près son obsession du moment, non non, ni la petite jeune femme sur laquelle elle se tenait penchée - et qu'il surveillait aussi à petits coups d'oeil en tendant légèrement le cou.


- Euh, aussi, quoi vous êtes ?"



Retour au gnome, nouveau sourire. Nouvelle réplique détachant chaque mot avec lenteur et délectation, de cette même voix feutrée un peu dérangeante - sans qu'il soit tout à fait possible de saisir ce qui gênait.


- Si l'Ost ne vous a apparemment pas inculqué les bases fondamentales en matière de tactique, je pensais que ses formateurs vous auraient au moins appris à observer ce qui vous entoure. De fait - il se redressa, un peu - à en juger du teint, de la voix, et de la lueur plutôt caractéristique de mes yeux, je dirais que je ressemble assez authentiquement à un non-mort."


Une main portée au poitrail, il s'inclina sensiblement.


- Que pensez-vous de cette analyse, messer Leonyes Leonyes, "aspirant-presque-soldat-de-l'Ost-Pourpre" ? Vous paraît-elle correcte et justifiée ?"


***

Térébantine VanHowzen
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Message par Térébantine VanHowzen »

- Oh ! Mais... Les gens ne feraient jamais une choses pareille ! C'est horrible !

Térébantine ricana une nouvelle fois de manière plus sourde, cette fois.

- Meuh non, évidement. Personne ne penserait à te faire du mal, ma jolie... grinça-t-elle avec un haussement de sourcil assorti d'un sourire carnassier -de dents blanches et soignées parfaitement alignées- qui démentait son affirmation.

Lestement elle attrapa le verre que Dobbins tendait à Magdalenna et qu'elle s'apprêtait à refuser pour lui coller malgré tout entre les mains.


- Bois, bois, c'est de la bonne médecine pour c'que t'as, crois moi, gamine. HEY DOBBINS ! enchaina-t-elle brusquement en gouaillant, Ma gnôle putain, elle est toujours pas là !? A quoi on te paie, trou-du-cul ?

"On ne me paie pas, en vérité." pensa le tavernier très fort mais sans avoir le courage, toutefois, de le dire tout haut. Si la Bouchère était un échantillon de ce qui se faisait de plus taré en ce monde, il savait également que la silhouette rousse qui planait dans son ombre l'était d'avantage, par bien des aspects.
Une des 10 règles de survie d'un tavernier incluait de ne pas s'attirer les foudres d'un ponte local sous peine de diarrhée d'emmerdes sur le dos. Et le Chambellan de l'Ost Pourpre comme son Trésorier étaient des modèles de petites saloperies vicieuses dans le genre.

Tandis que le pauvre Dobbins servait sa picole à la Verte, cette dernière s'intéressa vaguement à l'échange entre le cadavre et le gnome -qu'elle identifia comme une fraiche recrue des "Cloches". C'était un poil cocasse comme spectacle, faut dire.
Et puis elle avait un peu de temps devant-elle : celui, pour la jouvencelle de faire un coma éthylique tout à fait opportun.


-... à en juger du teint, de la voix, et de la lueur plutôt caractéristique de mes yeux, je dirais que je ressemble assez authentiquement à un non-mort. Que pensez-vous de cette analyse, messer Leonyes Leonyes, "aspirant-presque-soldat-de-l'Ost-Pourpre" ? Vous paraît-elle correcte et justifiée ?"

Elle frappa dans ses mains.
Clap. Clap. Clap.
un claquement sinistre.


- Sans déconner ? Moi j'aurais pas cru !

Elle toisa Leonyes pour le prendre à parti en plissant les yeux :

- Qui le croirait, en même temps, avec une tignasse aussi fournie ?! C'est vrai les morts ça a plus un poil sur le cailloux, ça pousse plus et ça tombe vite. Tu me suis, le page ?

Elle hocha la tête d'air d'un air qui signifiait " tu sais que je sais que tu sais..." -ou l'inverse- tout en faisant passer son verre de piquette à sa "patiente" qui dodelinait franchement de la tête mais le bu quand même.
Suivez l'odeur de sang frais et de tabac fumé...

Leonyes
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Message par Leonyes »

-Dans quelles pensées profondes étiez-vous plongé pour ne pas avoir remarqué cette secousse ?


A ses mots, la raison de sa venue à l’auberge lui revint effectivement à l’esprit, il répondit simplement :

-C’est la casserole.


N’avoir jamais quittés la vallée des Frigères auparavant n’avait pas beaucoup aidé le gnome pour sa connaissance du monde extérieur.


Lorsque la furie verte annonça :

-Qui le croirait, en même temps, avec une tignasse aussi fournie ?! C'est vrai les morts ça a plus un poil sur le cailloux, ça pousse plus et ça tombe vite. Tu me suis, le page ?

Leonyes réalisa qu’il était probablement la personne la plus saine d’esprit de la pièce, et ca, ce n'était pas courant !


La curiosité aidant, le gnome finit par demander :

-Et qu’est ce qui vous emmène VOUS dans la forêt d’Elwynn ?

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